Certains jeunes jugent que l’exclusion, surtout en période électorale, peut être un facteur de déstabilisation de la société, et partant conduire à des violences de masse. Ils interpellent les politiciens à manifester un comportement responsable.
Violences de masse, révoltes, affrontements, déplacements et séparation des familles, déstabilisation de la société, sont, entre autres, les retombées de toute forme d’exclusion visant les membres d’un groupe quelconque, selon des témoignages de jeunes.
Ils reviennent sur quelques formes que peut prendre l’exclusion. Sociale, elle consiste à priver un individu ou un groupe d’une reconnaissance, à nier son identité et ses droits. Sur le plan politique, elle se traduit par le rétrécissement ou la fermeture de l’espace politique pour certains tandis que les autres ont le champ libre. « C’est la majorité contre la minorité ».
Pour Roger Nsavyimana, jeune bachelier de l’Université du Burundi, l’exclusion est en soi une forme de violence. Les membres du groupe qui sont indexéscherchent par tous les moyens à se défendre. Et de préciser que la violence ne résout jamais les conflits. « Les crises de 1972, 1988 et 1993 ont favorisé la naissance des rébellions par des mécontents,victimes des actes d’exclusion. Le conflit est resté perpétuel».
Léonard Nyandwi, étudiant à l’Université du Burundi, déplore que la marginalisation d’une catégorie de personnes sape les efforts de réconciliation. « Il est regrettable que l’espace politique soit verrouillé pour certains. Leurs droits politiques sont bafoués. Cela peut les amener à la défensive».Et de conclure : «C’est le chaos qui s’ensuit.»
Les leaders politiques appelés à la responsabilité
Adelin Havugiyaremye, étudiant en master de socio-anthropologie, constate que les auteurs sont ceux qui sont investis de la puissance publique : « Les auteurs sont les détenteurs du pouvoir politique. Ils s’appuientsur les appareils répressifs de l’Etat, notamment les corps de défense et de sécurité.La répression va jusqu’à créer la frustration, ce qui débouche sur une crise ouverte entre les protagonistes.»
Dieudonné Bigirimana, quant à lui, se dit scandalisépar le fait que les réseaux sociaux soient devenus le champ de vulgarisation des messages visant l’exclusion. Pour lui, il est déconcertant de constater que les politiques changent de discours, selon les provinces et les lieux visités. « Un politicien qui tient un meeting dans un site de déplacés ne va pas tenir le même discoursailleurs. Il joue sur les émotions des victimes, ce qui perpétue la psychose».
Pour ces jeunes, la période électorale n’est pas le temps de proférer des injures contre les adversaires, mais plutôt celui de présenter leur projet de société. « Il faut un comportement pacifiste, non-violent. Que les leaders politiques s’abstiennent de tout acte de violence. L’espace politique devrait ouvert à tout le monde. Le meilleur juge est l’électeur à condition que les élections soient inclusives et transparentes. Après les scrutins, nous restons fils et filles de la nation».
Ils interpellent leurs pairs à revenir à la raison et à refuser la manipulation. Quand la violence gagne du terrain, ils sont les premiers perdants.