Le président américain Joe Biden vient de mettre fin, ce jeudi 18 novembre 2021, au programme de sanctions contre le Burundi et aux restrictions de visa imposées à 11 personnalités burundaises. Gitega jubile. Pour certains activistes des droits humains, les droits de l’Homme viennent d’être sacrifiés à l’autel des intérêts des Etats.
Selon le président Joe Biden, la situation au Burundi a été considérablement modifiée par les événements de l’année dernière, notamment le transfert de pouvoir à la suite des élections de 2020, une diminution significative de la violence et la poursuite des réformes par le président Evariste Ndayishimiye dans plusieurs secteurs comme la traite des personnes, les réformes économiques et la lutte contre la corruption.
Rappelons que le 22 novembre 2015, l’administration Obama avait pris des sanctions, restriction de leurs déplacements et gels de leurs avoirs, en l’encontre d’Alain-Guillaume Bunyoni, actuel Premier ministre et ministre de la Sécurité publique de l’époque ainsi qu’à Godefroid Bizimana, ancien directeur général adjoint de la police. Ces mêmes sanctions avaient été prises contre les deux patrons du putsch manqué de 2015 contre l’ancien président Pierre Nkurunziza, le Général Godefroid Niyombare et feu Cyrille Ndayirukiye.
Le président Barack Obama, statuait que « la situation au Burundi, marquée par les assassinats et la violence contre les civils, l’incitation à la violence et une répression politique, et qui menace la paix, la sécurité et la stabilité du Burundi, constitue une menace extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis »
Le 6 novembre 2017, le président américain, Donald Trump, avait prolongé le « National Emergency with Respect to Burundi » (traduction libre : État d’urgence concernant le Burundi), qui reconduisait les sanctions touchant huit personnalités burundaises. Les personnalités ciblées étaient :
1. Alain Guillaume Bunyoni, ministre de la Sécurité publique
2. Godefroid Bizimana, directeur adjoint de la police nationale burundaise
3. Godefroid Niyombare, ancien chef de service national de renseignement
4. Cyrille Ndayirukiye, ancien ministre de la Défense
5. Gervais Ndirakobuca, Chef de Cabinet du ministre de la Sécurité publique
6. Léonard Ngendakumana, officiel
7. Joseph Mathias Niyonzima, agent du service national de renseignement
8. 8. Alexis Sinduhije, président du MSD
Gitega jubile
Toutefois, Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain, souligne que les États-Unis restent fermement déterminés à soutenir les défenseurs des droits humains, les médias indépendants et d’autres groupes de la société civile qui encouragent la transparence et la responsabilité des responsables de corruption, de violations des droits humains.
Pour M. Blinken, une société civile solide est essentielle à la construction d’un avenir pacifique et inclusif au profit du peuple burundais. Et d’ajouter que les Etats-Unis et leurs alliés continueront de faire pression sur le gouvernement du Burundi pour qu’il améliore la situation des droits de l’Homme dans le pays.
Sur son compte Twitter, le chef de l’Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, a salué cette décision au nom du gouvernement et du peuple burundais et en son nom propre.
Le ministre burundais des Affaires Etrangères, Albert Shingiro, parle d’une décision qui « contribuera sans aucun doute de manière significative à réchauffer les liens d’amitié historiques entre le Burundi et les Etats-Unis ».
Lors de sa visite à Ntare House, le 21 juin dernier, l’Ambassadeur des Etats-Unis au Burundi, Mélanie Higgins, avait annoncé au président Ndayishimiye que Washington compte lever les sanctions pour certains Burundais dont les visas avaient été refusés.
Déception et satisfaction chez les défenseurs des droits humains
Eric Nsengimana, président et représentant Afrique de l’Association pour une Jeunesse Africaine Progressiste (AJAP), se réjouit de cette décision. « Les Etats-Unis avaient tardé à prendre cette décision. Les droits de l’Homme sont respectés au Burundi. D’ailleurs, ils n’ont jamais été bafoués. C’était une décision injuste et arbitraire. » Il invite l’Union européenne à emboiter le pas aux Etats-Unis.
C’est aussi l’avis de Hamza Venant Burikukiye, représentant légal de l’Association CAPES Plus. « Rien de surprenant car aux yeux de toute personne éprise d’honnêteté et de neutralité, le Burundi connaît une évolution positive et spectaculaire dans tous les domaines de la vie d’une nation tels que la paix et sécurité, la cohésion sociale, le renforcement des droits humains et de justice équitable, la croissance économique, la bonne gouvernance, … »
Selon lui, cette avancée est le résultat de la volonté manifeste et l’engagement au plus haut niveau du pays. « Mais cet engagement du Chef de l’Etat se heurte parfois à l’irresponsabilité et manquement de certains cadres de l’Etat. »
Certains défenseurs des droits humains s’insurgent contre cette décision. « La levée des sanctions est une mesure d’un gouvernement qui agit en vertu de ses intérêts. C’est ça la vilaine diplomatie pragmatique qui foule au pied, hélas, les valeurs universelles relatives aux droits fondamentaux de l’être humain dont le pays de l’oncle Sam se présente souvent comme étant le plus fervent défenseur », déplore un défenseur burundais des droits de l’Homme.
Pour lui, ceux qui commettent les crimes graves établis par des commissions d’enquêtes des Nations unies ne devraient pas être cajolés pour cause des intérêts politiques réciproques. « Une obligation erga omnes, qui oblige les Etats à lutter et à prévenir les crimes graves comme les crimes contre l’humanité commis au Burundi en 2015, pèse sur tous les Etats qui ont ratifié la Charte des Nations unies ainsi que certains pactes et protocoles internationaux ».
Il trouve difficile de comprendre les raisons objectives qui ont motivée la levée de ces sanctions. « Au moment où les exécutions extra-judiciaires, les disparitions forcées continuent et s’accentuent, ce n’était pas le bon moment de lever ces sanctions même si chaque pays a ses raisons qui le pousse à prendre une telle ou telle autre mesure. On ne peut qu’en prendre acte ».
Et d’ajouter : « La géopolitique doit être l’élément qui a joué en faveur de cette mesure qui rappelle aux burundais qu’ils doivent faire face, seuls, à leurs problèmes ».
Carina Tertsakian de l’Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB) abonde dans le même sens. « Nous sommes étonnés et déçus par cette décision du gouvernement américain, qui tombe au mauvais moment. Comment lever les sanctions alors que la situation des droits humains au Burundi est en train de se dégrader ? »
Selon lui, les disparitions forcées et les actes de torture se multiplient, et des cadavres sont découverts avec une fréquence alarmante sans que les autorités lancent des enquêtes. « Il y a un sérieux décalage entre cette décision, qui déclare que la violence a sensiblement diminué au Burundi, et la réalité sur terrain. Nous craignons que même au niveau symbolique, cette décision envoie un mauvais signal et renforce l’impunité ».
Dans les recommandations des USA sur son site travel.state.gov, on peut encore lire ceci: « Do not travel to Burundi due to COVID-19. Reconsider travel to Burundi due to crime, health, and political violence ». Ils n’ont peut-être pas encore mis à jour leur site, mais pour le moment ils conseillent à ses ressortissants de ne pas voyager au Burundi. Nous comprenons aussi que suite à la levée des sanctions sur le Burundi, les citoyens de ce dernier peuvent se rendre aux USA sans problème. Je présume, pour ne citer que ceux-là, que Bunyoni, Ndirakobuca, Niyombare et Sinduhije peuvent se croiser à Washington.
Finalement les USA adoptent la même politique que la Chine à l’égard des Etats qui ne respectent pas les droits de l’homme. Pour la Chine en effet, ils mettent en avant les intérêts avant tout, qu’elle tire de la coopération avec l’Etat oppresseur des droits de l’homme.
« Opprimer votre peuple comme vous voulez, je ne dirai aucun mot pour vous condamner », telle est la politique de la Chine surtout en Afrique. Donc les USA rejoignent la Chine.
Où va le monde?
Quelle honte pour les Burundais????Aho bamwe ngo bari muntambo n’umunezero kandi abanyagihugu bariko barahababarira!!! Kandi bakavuga ko baronderera ineza abanyagihugu, mbega akamaramaza!!!! ngo Déception et satisfaction chez les défenseurs des droits humains. Et moi je m’insurge sur les déçus. Quel paradoxe???? ariko ntagitangaza. Ariko umuco uzoteba ukwire ubwo burundi bwose. kazima abagendera mu mwiza aribo bakeya!!!
…. « La géopolitique doit être l’élément qui a joué en faveur de cette mesure qui rappelle aux burundais qu’ils doivent faire face, seuls, à leurs problèmes »…
Nous devons faire face, seuls, à nos problèmes. C’est dit.