Il s’appelait Joël Nindorera. Il était « descendu » de son Cankuzo natal vers Bujumbura. Joël était le seul des six enfants d’une modeste famille de cultivateurs à mettre les pieds à l’université. Il est inscrit dans la faculté des Lettres, Département d’histoire et science politique. Joël ne connaissait presque personne à Bujumbura. Il comptait sur le prêt-bourse pour vivre et étudier. Joël et cinq étudiants vont louer une mansarde à 35.000 FBU, derrière les contreforts de Kiriri. Il partage un matelas de 0,90 cm avec un autre étudiant. Seulement, depuis le début de l’année académique en novembre 2020, les étudiants ne reçoivent pas le petit pécule promis par l’université. Ils mangent une fois par jour. De la pâte de manioc et des haricots, souvent. « Il nous arrive de rester deux jours sans manger », témoignent des étudiants au campus Mutanga. La santé de Joël s’est détériorée. Au fil des jours, l’étudiant est devenu très faible. Le mardi 20 avril, la nuit, ses colocataires inquiets par « sa faiblesse et sa pâleur » l’ont transporté au dispensaire. Joël n’a pas passé la nuit. L’université s’est fendue d’un tweet pour démentir « les rumeurs d’un étudiant mort de faim. » L’université a présenté « ses condoléances ». Elle a même fait un geste : une journée après le décès de Joël Nindorera, le rectorat a annoncé aux étudiants que « leur prêt-bourse était disponible. » Le paiement a même commencé par la faculté dont faisait partie Joël Nindorera, « pour faciliter le voyage, des étudiants qui voudraient se rendre aux obsèques de leur camarade à l’intérieur du pays ». Les autorités rectorales ont du cœur. Le petit cercueil a été inhumé dans sa commune natale à Cendajuru.
Joël avait 22 ans. Fils de cultivateur, originaire de Cankuzo, sans parenté à Bujumbura, survivre plus de six mois sans aucun revenu est difficile. Peut-être qu’il n’est pas mort directement de faim, mais des causes qui y sont associées ? Non. « Sans preuve médicale, personne ne peut dire que l’étudiant Joël Nindorera est mort de faim », précise le rectorat dans son tweet. L’université, c’est connu, ce sont des scientifiques. Il leur faut une » preuve ». Honni soit qui mal y pense.
PS : Iwacu consacre une enquête sur la mort de l’étudiant dans notre édition de vendredi 30 avril
Retards de paiement de la bourse d’études: espérons vivement que cela ne soit pas un signe avant-coureur de certaines difficultés financières de l’Etat.
C’est proprement révoltant. L’indifférence des gestionnaires de ces fonds qui sont « miraculeusement » réapparus après le décès de Joël…
Il n’y a pas de preuve médicale – et comme d’habitude, il ne se passera rien, ou on va accuser un sous-fifre sans compétences autres que d’appliquer les décisions de ses supérieurs. Quelle engeance méprisable !
Condoléances à sa famille et à ses amis.
Dans ma stupécfaction, j’attends un démenti du recteur qui dirs que ce sont des memsonges.
Qu’il n’y a jamais eu d’arriérés de 6 mois d’une bourse si famélique.
Sous d’autres cieux, les responsables devraient rendre des comptes
Ce serait idéal mais qui les traduira en justice ? dans un pays incertain comme le nôtre
C’est ça la pauvreté d’un pays!!
Thank you dear Kaburhe,
Ecris avec coeur, dans un bon style.
Mais pauvre pays.
Une statistique récente du PAM ou de l’OCHA prétend qie 75% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté.
Le chiffre était de 55% , il y a 15 ans