Le ministre de la Sécurité publique et de la Prévention des catastrophes a affirmé que l’Etat se désengage de la gestion des conséquences d’une possible montée des eaux du lac Tanganyika pour «les constructions illégales» érigées aux abords immédiats.
Il est midi dans un quartier sud de Bujumbura. Après une pluie qui s’est abattue sur Bujumbura dans la nuit de jeudi à vendredi 11 octobre, les flaques qui jonchent les rues en terre battue commencent à s’assécher au soleil. Frédéric* habite à quelques 130 m du lac. C’est un homme plutôt agréable qui accepte de réagir aux propos du ministre. Il avance que l’Etat n’a jamais informé les gens ayant érigé des demeures ici sur le danger lié à la montée des eaux du lac. «Comment quelqu’un aurait-t-il pu dépenser autant d’argent pour s’offrir une telle bastide en ayant conscience du risque d’anéantissement qu’elle court» En diagonale de la maison de Frédéric*, une superbe résidence au teint rose s’impose à la vue des passants. Fréderic* dit ne pas craindre la montée des eaux du lac Tanganyika: «Si ça survient, on ne sera pas les seuls impactés. Tout Bujumbura sera noyé.» Selon ce jeune papa, plutôt que leur reprocher d’avoir construit en zone illégale, l’Etat devrait plutôt leur aménager des canaux de canalisation pour endiguer les courants d’eau qui ravagent les rues de ce quartier en période pluvieuse. «En 2012, nous avons déboursé 100.000 BIF à l’Office burundais de l’Urbanisme et de l’habitat pour bénéficier d’une voirie de qualité nous protégeant d’intempéries pluvieuses. Jusqu’à présent, rien n’a encore été fait».
Gaspard habite à 10m de chez Fréderic*. C’est un homme pressé qui attend une visite d’amis dehors mais qui accepte de nous recevoir sur la terrasse de sa villa jaune. Quand nous lui rapportons les dires du ministre, il s’esclaffe et nous montre la villa voisine appartenant à un haut cadre de la présidence de la République. «Il a été le premier à édifier sa maison sur cette rue. Nous avons tous suivi son exemple. Le jour où sa villa serait emportée par les eaux du lac, je n’irais pas pleurer pour la mienne qui subirait le même sort».
*: nom d’emprunt.