Les créances s’accumulent, les médicaments disparaissent et les caisses se vident. L’hôpital de Cibitoke n’emporte plus que le nom. Faute de moyens, il ne peut plus assurer les services adéquats.
<doc7666|left>Dans la cour intérieure, la saleté est visible. Les murs de l’hôpital sont noyés dans des herbes foisonnantes. Dans les chambres des malades, il y a surtout un problème d’espace. Dans la grande salle de maternité, les femmes venant d’accoucher partagent un petit lit de 0,90 mètres sur deux. Sur de très vieux matelas, elles s’allongent tête-bêche. Fatiguées, certaines s’assoient par terre pour pouvoir trouver la position leur permettant d’allaiter leur nouveau-né. On y trouve aussi des femmes ayant subi une césarienne. Derrière la grande salle, c’est la salle d’attente. Les mamans sous la douleur des contractions partagent le même lit de 90 centimètres sur trois mètres. Dans les deux salles, aucun espace n’est destiné aux objets des patients et des gardes-malades : seaux, casseroles, thermos et autres nattes jonchent le sol.
Même situation dans la salle de pédiatrie. Les enfants dorment à deux, voire à trois par lit. Ils sont placés ensemble sans que la nature de leur maladie soit prise en compte: ceux qui ont la diarrhée se retrouvent, avec ceux souffrant de la malaria, sur un même lit. Tout comme dans la salle de maternité, il n’y a pas de lits ni de chaises pour les gardes-malades.
<doc7667|left>Pas d’argent, pas de médicaments
Les créances de l’Etat sont estimées à plus de 400 millions de Fbu, selon les services financiers de l’hôpital de Cibitoke. Selon Evode Nimbona, directeur de l’hôpital, ces créances sont dues aux soins accordés aux personnes prises en charge par différents ministères dont ceux de la solidarité nationale et de la santé et de lutte contre le Sida. « Nous continuons à soigner ce groupe de personnes sans que l’Etat nous paie régulièrement. Ce qui affecte le fonctionnement de l’hôpital », déplore-t-il. Et d’ajouter aussitôt : « Tout ce que nous pouvons faire, c’est d’essayer de trouver les frais de fonctionnement. Parfois nous contractons des crédits. Et la question des investissements est carrément oubliée.» Il indique que même le matériel en panne ne peut pas être réparé : « Nous avons des machines, des ampoules ou des néons, des véhicules … en panne depuis un bout de temps. Nous ne sommes pas en mesure de les réparer ou de les remplacer. Et chaque mois, les factures des arriérés de l’Etat sont présentées auprès des ministères endettés, en vain. »
Même constat chez Dieudonné Manirambona, président du Syndicat National du Personnel Paramédical et Aides Soignants (SYNAPA) à l’hôpital. Il signale que l’hôpital a déjà du arrêter de se procurer des médicaments pourtant très sollicités par les patients : « Parfois nous avons des problèmes avec les malades quand nous leur disons que nous ne possédons pas tel ou tel autre médicament. Quand la personne doit bénéficier des soins gratuits, elle ne nous croit pas. » Le syndicaliste affirme, en outre, que le personnel de l’hôpital ne reçoit plus de primes d’encouragement : « A un certain moment, nous sommes démotivés.»
Les rentrées paient à peine les salaires
Les salaires de l’hôpital s’élèvent autour de 2,6 millions de Fbu par mois et la moyenne des rentrées mensuelles s’élève à quelques 3 millions de Fbu, selon toujours les services financiers.
Iwacu a voulu en savoir plus sur l’état des lieux du travail de la commission chargée d’étudier les modalités de liquidation des créances de l’Etat envers les hôpitaux autonomes. Jean Sindayigaya, président de la commission, nous a indiqués que le rapport était déjà au cabinet de la deuxième vice-présidence. Contacté à propos du contenu, Melchior Simbaruhiye, porte-parole, promet de s’exprimer prochainement.