Dans une société, post-conflit, des gens peuvent souffrir de stress post-traumatique dû aux atrocités subies. Un sentiment de rejet de la communauté habite les gens jusqu’à mettre en cause la réconciliation. Alexis Nibigira chargé du programme de prise en charge psychosocial au sein de trauma healing and réconciliation services (THRS) appelle à des actions pour guérir les plaies du passé.
Que doit-on comprendre par stress post-traumatique ?
La plupart ont vécu des expériences effrayantes. Et souvent nous y pensons longtemps après les événements. Chez certaines personnes, des pensées sur des images pénibles persistent encore. Apparaissent alors des symptômes comme un fort sentiment de danger, l’impression d’être engourdi émotionnellement. Si ces derniers se manifestent fréquemment, ils perturbent le fonctionnement quotidien de la personne. Bref, quand on parle d’un état de stress post-traumatique, c’est l’ensemble des troubles résultant de la confrontation d’un événement traumatique qui continue à gêner le fonctionnement psychique longtemps après l’événement.
Comment se manifeste ce stress post-traumatique dans les relations intergroupes?
Dans les relations sociales, il y a des signes. Des gens continuent à sentir la peur des autres et de certains lieux. Ils sentent la colère, la frustration, la culpabilité, la perte de contrôle des émotions. Tout cela affecte les relations interhumaines. On peut même parler de certaines situations où des personnes ont des difficultés de cohabiter avec les autres, car un esprit de vengeance les habite. Quand on a peur des gens, on a tendance à les éviter avec un fort sentiment d’intolérance. Vous comprenez alors que l’on peut perdre la confiance en soi ou dans les autres. À certains moments, cet esprit de vengeance peut alimenter le sentiment de haine, la déshumanisation des autres.
Quelle relation entre cet esprit de vengeance lié au stress post-traumatique et la prolifération des messages de haine ?
Le sentiment de vengeance, la frustration, des émotions perturbées, sentir l’indifférence et le sentiment d’isolement sont dangereux. On véhicule alors un fort sentiment de haine et la déshumanisation des autres. Quand on revit les événements du passé, on pense toujours aux auteurs. Les membres d’autres groupes sont donc des bourreaux qu’il faut abattre. L’état de stress post-traumatique sape le processus d’acceptation de l’autre et de réconciliation, car il y a un éternel trouble dans le cœur.
Notre société a connu des dates sombres dans son histoire. Comment peut-elle guérir de ce stress post-traumatique ?
La compréhension de l’état de stress post-traumatique permet de traiter le passé. La prise en charge permet de remplacer la peur chronique des gens par la compréhension mutuelle et la coexistence pacifique.
La gestion du stress post-traumatique incombe aux autorités qui doivent mettre en place des programmes dans ce sens. Les gens ont besoin d’une thérapie individuelle ou collective. Cela signifie activer leurs ressources internes et externes pour les rendre résilients. On construit une confiance en soi et avec la société. Il y a également la thérapie de groupe ou guérison des mémoires qui ont des éléments pour examiner et expérimenter le passé et le parcours individuel. Elle passe par la réflexion et la décharge émotive.
Concrètement ?
Il faut une assistance psychosociale dans la société pour établir la confiance et asseoir une culture durable de la non-violence. Différencier la culpabilité des individus et de la communauté et mettre en place des institutions opérationnelles qui puissent aider les gens à se réconcilier. La stabilisation psychologique promeut l’empathie et permet donc de briser les chaînes de la haine. La non-violence et non répétition des cycles de vengeance du passé permettent de reconstruire ensemble une société juste et prospère.
Propos recueillis par Jérémie Misago
Allons y alors ? Qu’est-ce qui manque ? Amour pour les biens mal acquis jusqu’à en vouloir à celui qui veut le développement socio-économique sans corruption, qui prône l’évolution des meilleurs d’entre nous pour nous diriger ?