Lundi 23 décembre 2024

Politique

L’esprit de Madiba n’inspire plus ?

24/07/2017 12

Le monde célèbre le 18 juillet de chaque année la journée internationale Mandela en l’honneur de son travail en faveur de la paix et la liberté. Les politiciens burundais saluent son héritage mais peinent à être de bons disciples.

Nelson Mandela : «Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé. »

«Il est très facile de casser et de détruire. Les héros, ce sont ceux qui font la paix et qui bâtissent », Nelson Mandela, architecte international de la paix et premier président d’Afrique du Sud démocratiquement élu.

Chaque année le 18 juillet, jour de la naissance de Nelson Mandela, l’ONU appelle le monde entier à commémorer la journée qui lui est consacrée. En novembre 2009, l’Assemblée générale des NU déclarait « Journée Internationale Nelson Mandela », en l’honneur de la contribution apportée par cette illustre personnalité à la culture de la paix et de la liberté.

Cette icône est connue pour son leadership et son dévouement au service de l’humanité dans le domaine du règlement des conflits. Et le peuple burundais a savouré le fruit de ses œuvres au moment où il était médiateur dans le conflit inter-burundais. Il est l’artisan, le maître d’oeuvre de l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha, qui a mis un terme à plus d’une décennie de guerre civile au Burundi.

Nelson Rolihlahla Mandela ou « Madiba » est né le 18 juillet 1918 à Mvezo (province du cap), il est mort le 5 décembre 2013 à Johannesburg à l’âge de 95 ans.


Réactions

Léonce Ngendakumana : « Détruire l’Accord d’Arusha, c’est détruire l’héritage de Mandela.»

«Mandela était un artisan de la paix. Il a passé toute sa vie à combattre l’injustice et la discrimination», indique Léonce Ngendakumana, vice- président du Frodebu. Il a quitté le pouvoir avant même la fin de son mandat. Cela devrait servir de modèle à certains dirigeants africains qui veulent s’éterniser au pouvoir.

M. Ngendakumana fait savoir que l’illustre disparu a été un architecte de l’Accord d’Arusha. « Ainsi, vouloir détruire l’Accord d’Arusha, c’est détruire l’héritage de Mandela.»

Le vice-président du Frodebu doute que l’apport de Mandela puisse inspirer ceux qui sont impliqués dans le dialogue inter-burundais. «Les politiciens actuels sont de mauvaise foi.» Le médiateur devrait s’inspirer du charisme et du franc-parler de Mandela et imposer un accord aux burundais.

Abel Gashatsi : « L’héritage de Mandela reste d’une importance capitale »

Pour Abel Gashatsi, président de l’Uprona, Mandela reste une figure emblématique. «Grâce à lui, les parties au conflit ont pu s’asseoir ensemble et discuter de leur problème sans faux-fuyant. » Il reconnaît que l’héritage de Mandela reste d’une importance capitale dans la relance du dialogue inter-burundais.

Cyprien Mbonimpa: «Les Burundais devraient honorer la mémoire de Mandela ;»

«Mandela a toujours fait preuve de courage devant les situations difficiles. Nous saluons la grandeur d’âme avec laquelle il a traité ses adversaires», l’ambassadeur Cyprien Mbonimpa et ancien cadre d’appui au ministère du processus de paix.

Mandela a d’abord compris le problème burundais en faisant preuve de patience. Mais quand il s’est rendu compte que les Burundais tournaient en rond, il les a obligés à signer l’Accord d’Arusha.

Aujourd’hui, il déplore que le dialogue soit au point mort. «Les Burundais devraient honorer la mémoire de Mandela en reprenant le dialogue.» Le médiateur n’a pas de baguette magique, mais il a le devoir de faire avancer le processus, nonobstant les tergiversations des uns et des autres.

Tatien Sibomana : « Le médiateur devrait emboîter le pas à Mandela.»

Pour Tatien Sibomana, Mandela a forgé un compromis de fond malgré les divergences des Burundais. Le gouvernement burundais devrait ainsi se ressourcer auprès des négociations d’alors. «Ceux qui ont négocié à Arusha avaient beaucoup de problèmes à surmonter. Maintenant les choses devraient aller plus vite, car il faut respecter l’esprit et la lettre de l’Accord d’Arusha.» Le médiateur a beaucoup appris de Mandela. «Il faut donc lui emboîter le pas et oser prendre le taureau par les cornes.»

Zénon Nimubona : « Au médiateur d’imposer sa vision.»

Zénon Nimubona

Zénon Nimubona, président du Parena, affirme que sans Mandela l’Accord d’Arusha n’aurait pas vu le jour. Il a su imposer aux adversaires une vision commune. Les parties au conflit traînent les pieds comme ceux d’hier. «Il appartient au médiateur d’imposer sa vision pour parvenir à un accord.»

Forum des lecteurs d'Iwacu

12 réactions
  1. Ayahu Jean Pierre

    A Roger Crettol et Senyamwiza qui ont l’amabilité de commenter mes commentaires,

    L’histoire nous apprends qu’à chaque qu’au lendemain de chaque élection, l’événement a été suivi par la décapitations des élus. Les années 1961 avec l’assassinat de Rwagasore et Ngendandumwe, 1965 avec la décapitation de tous les élus hutu, 1993 avec la décapitation des institution. 1965 a vu l’avénement en force de l’élite Hima, 1993 a vu le retour du perdant….et l’avénement de l’ère des négociation avec Arusha comme corolaire!
    Seul Nkurunziza a resisté à cette vague de violence post électorale mais voilà les pressions qu’il subit!
    Je laisse à Roger Crettel, qui semble découvrir très récemment l’histoire de notre pays, apprécier les faits: le refus systématque du verdict des urnes. Hier, la décapitation physique des institutions, aujourd’hui, une autre forme de décapitation mais qui ne produit pas les effets escomptés par les instigateurs.Pour dire qu’il faut comprendre et interpréter Arusha, non pas en sauveur de la démocratie mais comme un déni de celle-ci
    Portez-vous!

    • roger crettol

      @ Jean-Pierre

      Alors P. Nkurunziza, apôtre de la non-violence ?

      Je n’en suis pas convaincu. Votre président ne s’en est pas pris aux élus de son propre parti, et c’est très méritoire. Il s’est contenté de rendre la vie difficile, ou pire, aux membres de l’opposition. Cela en fait-il un président exemplaire ?

      Pour moi, le président reste un homme d’armes, maintenu au pouvoir par une camarilla de militaires haut-placés. Ce président n’a pas les qualités d’intégration qui permettraient au Burundi de sortir de ses crises. Ce jugement de valeur ne dépend pas du résultat des élections passées ou futures. Jugement de valeur révisable, sans doute, si des faits nouveaux et des actions inhabituelles le justifient.

      Actuellement, l’enjeu essentiel semble être la captation du pouvoir, plutôt qu’un effort de conciliation et d’apaisement. Qui en fait les frais ? Le Burundi d’aujourd’hui et celui de demain, empêtrés dans ce troubillon de crises qu’on s’emploie à résoudre par des méthodes inadaptées.

      Le pouvoir complètement aux mains du CNDD-FDD ? C’est peut-être le couronnement de l’oeuvre de Pierre Nkurunziza, mais c’est un objectif vide de sens. Comment créer une « unité nationale » alors qu’on a maltraité et tourné contre soi une partie importante de la population ?

      • Ayahu Jean Pierre

        Monsieur Crettol,
        Si j’ai bien compris, vous critiquez une situation présente, en l’isolant de son contexte historique ! Et ben, vous allez offrir à Felipe VI un nouveau château ( construit sur du sable mouvant, vous aurez compris!).
        Comme les faits sont têtus mais que vous refusez de les entendre, je vous les répète. A chaque élection démocratique, s’en est suivi une décapitation des institutions et des élites ( 1961, 1965, 1993). Dans un pays où – selon les historiens et ethnologues européens- une ethnie est majoritaire à 85 %, il en va de soi que dans une élection, forcément que si l’on s’amuse à faire le décomptage ethnique, la majorité des élus sortira de cette ethnie majoritaire. Ce n’est pas une exclusivité à la burundaise( la suisse avec ses suisses alémaniques ne me mentira pas).
        Vous aurez compris que la décapitation de l’élite, a toujours concerné cette ethnie majoritaire. Je pense que 1993 vous parle plus que les autres années.. Donc, Cher Monsieur, « Arusha », sujet qui nous concerne, n’est ni plus ni moins qu’une autre décapitation des institution, une arnaque du siècle contre le peuple, un déni de la démocratie puisque »Arusha » a validé le déni de la démocratie.
        Je vous le dis, les seules institutions et élites qui ont résisté à cette « jurisprudence macabre » sont celles issues de 2005 mais voilà, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, c’est l’appel à la vendetta internationale pour les abattre. Et sur ce, je vous laisse apprécier les acteurs et animateurs de cette cause…
        Désolé aux animateurs de nos débats car j’ai trop monopolisé les espaces. J’en arrête là sur ce sujet.
        Longue vie à Iwacu!

  2. juju

    Madiba ne peut et n’a jamais inspirer DD. Meme nos 2 heros nationaux Ndadaye et Rwagasore ne l’ont jamais inspire. Ce qui compte chez eux, c’est la richesse, le pouvoir sans partage et la culture de la haine, croyant qu’elle va les aider a s’eterniser au pouvoir.
    Vous me direz peut-etre que mes propos sont « les amayarwa ya juju »

  3. Jean Habonimana

    Les DD n’ont rien compris de la démocratie. La démocratie c’est l’épanouissement de tous et de chacun. En démocratie, il n’existe pas de tribus antagonistes sauvages et cruelles mais des citoyens. Croire que parce c’est que l’on est une majorité démographie on a le droit d’exterminer la minorité, c’est une stupidité sans nom. Hitler a été démocratiquement élu et a exterminé les juifs mais son règne n’a duré que 12 ans.

    • John

      @Jean, la democratie telle que comprise dans nos contrees et ce depuis 1960( Democratie modele Parmehutu au Rwanda) est synonyme da majorite du nombre et non des idees. On se souvient de la marche sur Patrice Lumumba après la victoire(l’isegenya) du Frodebu en 1993, laquelle marche denoncait les resultats comme un recensement ethnique. Tant que nous n’aurons pas compris que democratie rime avec combat d’idees en vue d’une meilleure gestion de la cite et pour le bien etre de tous ses CITOYENS, bye bye ce concept et karibu tous les derives y compris les tueries de masse.

  4. Oscar Ninteretse

    Nelson Mandela fut un Grand Homme dont la contribution au retour de la paix au Burundi est indiscutable.

    Cependant, nous ne devons pas perdre de vue que sa contribution était subséquente à la décapitation des institutions démocratiques élues en 1993. L’armée de l’époque et une très bonne frange de l’opposition d’aujourd’hui étaient responsable de ces massacres ignominieux. Ils ne veulent pas entendre d’élections, préférant des gouvernements négociés couteau à la gorge du peuple, y compris des manifesations rappellant les tueries organisées par les sans échecs, sans défaite et autres. Forts de leur alliés internationaux, ils ont repris les armes et la manipulation pour renégocier les différentes réserves qu’ils ont annexés à l’Accord d’Arusha.

    La question posée par Ayuhu Jean Pierre est donc très pertinente: Est-ce qu’à chaque fois que l’on perdra des éléctions, l’on provoquera systématiquement des violences pour ensuite imposer les négociations?

  5. SENYAMWIZA Jean Claude

    @Ayuhu Jean-Pierre: « A lire les uns et les autres, l’on croirait que la gouvernance au Burundi doit systématiquement passer par les négociations, avec une référence systématique aux Accords d’Arusha comme si ceux-ci sont figés »

    Si les Accords d’Arusha ne sont pas figés il faut les changer mais avec la contribution de tout le monde. Pour le moment ce n’est pas ce qui se passe. D’abord, pour arriver au 3è mandat sanglant et de plus en plus intenable, on a utilisé le mensonge, la ruse mais surtout la manipulation des institutions depuis l’échec retentissant de changer la constitution en mars 2014. Maintenant que le vin est tiré il faut le boire. Personnellement, je pense que le Burundi a plus à gagner qu’à perdre en respectant scrupuleusement les Accords d’Arusha. Ceci a été très largement démontré par la période qui suivi leur signature y compris de 2005 à avril 2015 quand le CNDD a décidé unilatéralement de les violer. Quel intérêt, quelle fierté ce parti a à gérer un pays paralysé laissé à la merci d’une milice qui multiplie des gestes et discours de plus en plus agressifs et provocateurs, rappelant ceux des Interahalmwe de sinistres mémoires ? Je pense qu’on joue avec le feu sans s’en rendre compte… !

  6. Ayahu Jean Pierre

    A lire les uns et les autres, l’on croirait que la gouvernance au Burundi doit systématiquement passer par les négociations, avec une référence systématique aux accords d’Arusha comme si ceux-ci sont figés. Les temps changent, les accords aussi! L’on a tendance à oublier que les accords d’Arusha ont été l’arnaque du siècle contre le peuple et la démocratie, que l’accord a permis de créer des politiciens « artificiels », c’est-à-dire sans assise populaire mais qui avaient le soutien des tenants de la violence (l’AMT de l’époque pour reprendre l’expression chère à Ndiho Jerôme). Pour reprendre mon propos, je rappelle que des institutions ont été décapités. Au lieu de traduire en justice les coupables, ces derniers se sont plutôt érigés en puissant par violence interposée et ont imposé des négociations…Nous ne sommes plus là! Des rescapés de l’hécatombe élctorale de 2005, 2010, et 2015 n’ont pas abdiqué, semble-t-il. Est-ce qu’à chaque fois que l’on perdra des éléctions, l’on provoquera systématiquement des violences pour ensuite imposer les négociations? Bonjour les dégats

    • JOSHUA 2015

      Ayahu Jean Pierre : bonne réaction.

    • roger crettol

      @ Jean-Pierre

      « ’à chaque fois que l’on perdra des éléctions, l’on provoquera systématiquement des violences » … jolie manière de vouloir récrire l’histoire.

      De fait, les manifestations de 2015, et les violences qu’on leur a opposées, sont intervenues avant que commencent les élections.

      • roger crettol

        @ Jean-Pierre

        J’imagine que ce n’est pas vraiment votre intention, mais dans les faits, le régime que vous défendez est plus proche d’une junte militaire (issu d’un contre-putsch, si l’on veut) que d’un d’un processus raisonnablement démocratique.

        Du moins est-ce ainsi que je vois les choses. Et la manifestation des Imbonerakure du WE dernier avait un caractère para-militaire, ce qui sied bien à une organisation de jeunesse patronnée par un parti.

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