Le Burundi a envoyé des militaires en Somalie il y a bientôt cinq ans. Le colonel Gaspard Baratuza explique leur rôle.
<doc5135|left>{Comment l’opération de retour de la paix en Somalie est-elle effectuée?}
Les forces de l’AMISOM opèrent en quatre secteurs. Le 1er est Mogadiscio où le commandement revient aux Ougandais, secondés par les Burundais. Le 2ème est celui de Kismayo, au sud de la Somalie. Ce sont les Kenyans et les Sierra léonais qui sont basés dans cette localité. Le troisième secteur est celui de Baidowa, vers le sud-ouest de la Somalie. Le commandement revient aux Burundais, secondés par les Ougandais. Le quatrième est celui de Beydowen, un peu vers le nord-ouest de Mogadiscio. Ce sont les troupes djiboutiennes qui occupent cette partie.
{Comment évolue la situation sécuritaire ?}
Au départ, la mission était sur Mogadiscio. Mais à partir de février 2011, les forces de l’Amisom, appuyant les forces somaliennes, ont élargi le secteur. Au mois d’août 2011, le 1er bastion, qui était le retranchement redoutable des Al shabaab, a été conquis. C’était un endroit où ils s’entraînaient et cachaient tout. En 2012, il y a eu élargissement du mandat. L’Amisom opérait sous le chapitre 6 qui n’autorise pas l’usage de la force. Pour le moment, elle opère sous le chapitre 7, qui permet de se défendre même à une longue distance. D’autres villes, comme le district de Danile, ont été reprises par les forces de l’Amisom. La semaine passée, nos troupes ont saisi une ville très importante et stratégique appelée Marka, se trouvant à plus de 100 km de Mogadiscio vers le sud où il y a le port.
Au sud, les troupes kenyanes sont en train de mener les mêmes opérations grâce à l’appui aérien. Elles approchent vers Kismayo pour sécuriser tout le sud. Les troupes burundaises et ougandaises ont ouvert l’itinéraire allant jusqu’à Baidowa, située à 300km de Mogadiscio. Donc, la mission évolue positivement. Avec ces longues distances, on est sûr que ce qui a été conquis est bien contrôlé et la population somalienne retourne dans les zones libérées.
<doc5134|left>{Aucune action humanitaire ?}
Les soins de santé sont donnés gratuitement. En Somalie, il n’y a pas d’hôpitaux ou d’infrastructures médicales. Il y a des docteurs, des infirmiers et des brancardiers de combat qui soignent la population civile. Nous fournissons de l’eau, car celle de l’océan est très salée. Nous avons des machines qui la traitent pour qu’elle soit potable. Nous la donnons alors gratuitement aux démunis.
{Ces réalisations ne sont pas médiatisées par la presse burundaise. Que comptez-vous faire au ministère de la Défense ?}
C’est dommage que les réalisations de nos militaires en Somalie ne soient pas largement diffusées. Les moyens nous font défaut, mais nous voulons les porter à la connaissance du public le plus vite possible. Nous envisageons aussi de passer par le ministère de la communication pour faire des contacts avec l’Union africaine. Cela permettra de trouver les voies et moyens pour que nos journalistes puissent s’y rendre avec certaines facilités.
{Pas de difficultés de commander des troupes venues de différents pays ?}
Rien de difficile. Les militaires travaillent sur les normes internationales. Il y a les principes de la mission, les règles d’engagement, les termes de la mission, les techniques de la mission, le mandat et le règlement d’ordre intérieur ainsi qu’un règlement militaire unique. Ce sont des textes qui harmonisent le commandement. Tout militaire doit intérioriser cela, d’où la formation d’à peu près six mois ou une année avant le déploiement. Dans la mission, on applique les règles internationales et le commandement devient aisé.
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D’après Gasapard Baratuza, le Burundi a 6 bataillons fixes et chacun compte 850 militaires, mais il y en a deux qui comptent 1000 militaires. Les militaires sont aux environs de 5800, en plus des états-majors de la force qui comprennent une vingtaine d’officiers. La mission a commencé le 23 décembre 2007 avec un seul bataillon. En octobre 2008, le 2ème bataillon a regagné la mission et on a continué a majoré, selon les besoins. Pour lui, le retrait sera conditionné par le retour de la paix en Somalie.
Les médias sont incontournables en Somalie
Le rôle des médias dans les opérations de maintien de la paix en Somalie est très important. Tel est le constat des journalistes venus du Burundi, du Kenya, de l’Ouganda, de Kigali, du Mali, de la Somalie lors de cette conférence organisée à Kigali du 29 au 30 août par l’Union africaine à travers son unité d’information.
Les journalistes ont demandé à l’AMISOM de livrer l’information le plus rapidement possible aux médias et se sont réjouis du retour progressif de la paix en Somalie. D’après eux, les députés ont déjà été élus, ensuite, ce sera le tour du président. Selon Eloi Yao, un des organisateurs, la conférence s’est tenue à Kigali pour encourager d’autres pays à envoyer leurs troupes.