Une équipe d’experts belges est en train d’effectuer des recherches pour retrouver les restes de Charles Ndizeye afin de l’enterrer dignement. Sa famille et le gouvernement burundais s’en réjouissent et remercient le gouvernement belge pour sa contribution.
Quarante ans après, le dernier monarque burundais pourra enfin être enterré dignement. Le gouvernement burundais, avec l’appui du Royaume de Belgique a déjà procédé à l’identification des sites probables. Les travaux de fouille ont commencé ce mardi matin sur la colline Tankoma, commune et province Gitega. Ce site est situé sur la route Gitega-Rutana-Ruyigi. Sous l’œil vigilant des experts, 15 ouvriers se sont activés toute la journée à creuser dans un espace clôturé de 12 mètres sur 12. Dans l’après-midi, l’effectif des ouvriers a été doublé parce que le travail est fatiguant. Des experts de la police fédérale belge et de la police nationale étaient présents sur les lieux. Une équipe de journalistes belges a accompagné les chercheurs pour monter un documentaire. Patricia Vanderlinden, inspectrice principale de la police fédérale explique que l’équipe technique a délimité l’espace de Tankoma grâce à plusieurs témoignages qui se recoupent : « Cela nous a alors permis de localiser où serait enterré le roi Ntare V. » Quant aux résultats, elle se veut rassurante même si le travail s’effectue 40 ans après: « Nous espérons que nous allons retrouver des ossements. Nous sommes optimistes sinon nous ne serions pas venus ici.»
Emmanuel Sinzobahorana, un des témoins, affirme que le roi a été enterré dans cette localité de Tankoma. Ce sexagénaire de la colline Nyakibingo indique être parmi ceux qui l’ont enterré : « J’étais incarcéré à la prison de Gitega. Les militaires du 3ème bataillon commando nous ont alors intimé l’ordre d’enterrer sa majesté à Tankoma en nous exigeant de ne rien révéler. »
Une étape pour reconnaître la vérité
Jean-Jacques Nyenimigabo, ministre de la Jeunesse et des Sports, mandaté par le gouvernement pour suivre ces activités, salue cette initiative : « C’est un honneur pour le gouvernement burundais et son peuple. » Pour lui, c’est mettre en avant la phase de vérité et réconciliation prônée par le Président de la République. Le ministre Nyenimigabo rappelle que six personnes ont été enterrées avec le roi: « Cela sera une occasion de les inhumer officiellement. » Et de demander à tous les Burundais d’aider dans l’identification des autres fosses où reposent les leurs afin qu’ils soient enterrés dans la dignité. Néanmoins, Jean Jaques Nyenimigabo précise que les restes de sa majesté ne seront pas mis à la disponibilité de la justice. Il remercie la famille royale pour sa patience.
Le Professeur Jean Jaques Cassiman, expert en domaine scientifique dans l’extraction de l’ADN fait, remarquer que les restes du roi seront analysés dans le laboratoire spécialisé de Belgique. « C’est une étape scientifique qui consistera à comparer l’ADN avec ceux de la famille royale notamment sur la princesse Rosa Paula Iribagiza », souligne-t-il. Se basant sur son expérience, cet expert a bon espoir : « On a déjà travaillé sur des restes archéologiques qui datent de plus de 2000 ans. Sur Louis XVII, un ancien roi français mort en prison en 1795. Sur des restes mérovingiens qui date de 400 ans après Jésus-Christ » Toutefois, il nuance : « Il y a un grand risque que les résultats ne soient pas positifs, que l’on ne trouve pas ces restes et que l’on n’arrive pas à l’identifier. » Professeur Jean Jaques Cassiman estime que les travaux de creuser les sites potentiels peuvent prendre entre 3 à 5 jours.
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Rencontre avec Alphonse Niyongere, président de l’Association Fraternité Ishaka apprécie cette activité
Les travaux de recherche des restes du roi Ntare V (Charles Ndizeye) ont commencé. Quel est votre sentiment ?
C’est la satisfaction pour l’Association Fraternité Ishaka.
D’après les propos du représentant du gouvernement, les restes du roi ne seront pas donnés à la justice pour identifier ceux qui l’ont tué. Avec qui allez-vous alors vous réconcilier ?
Ntare V était un roi de tous les Burundais. La famille royale va se réconcilier avec tous les Burundais. Nous réclamons seulement que le roi soit enterré dignement. Nous n’avons pas besoin de savoir celui qui l’a tué. Nous ne sommes pas en train de mener des enquêtes sur les commanditaires et les exécutants.
Dans la tradition burundaise, l’enterrement d’une personne revient aux membres de sa famille. Qui s’occupera des funérailles une fois déterré ?
Le roi n’est pas pour la famille, il est plutôt pour le pays. C’est pourquoi l’Etat a pris en mains cette question. Les cérémonies funéraires seront alors organisées par le gouvernement en collaboration avec la famille royale.
Qu’est- ce que vous demandez au gouvernement et aux Burundais pour que ces recherches aboutissent aux vrais résultats ?
Nous ne demandons rien au gouvernement puisqu’il s’est déjà engagé. Par contre, aux Burundais, nous leur demandons de donner toutes les indications pour faciliter la tâche. Qu’ils n’aient pas peur de dire la vérité puisque nous ne sommes pas en train de mener des enquêtes pour punir les gens. Nous voulons seulement que la vérité éclate au grand jour et que cela contribue à la réconciliation des Burundais.