Paiement de plusieurs documents pour pouvoir exercer, hausse des frais de stationnement, … les taximen exerçant dans la ville de Bujumbura affirment travailler à perte. Ils demandent aux autorités municipales de supprimer certains documents ou de revoir certains frais à la baisse.
« Nous travaillons à perte. Nous avons uniquement la honte de rester à la maison avec nos femmes et nos enfants. Je connais beaucoup de mes camarades taximen qui ont choisi tout simplement d’abandonner ce métier », confie Youssouf, un taximan rencontré sur un des parkings de Rohero.
Pour cause : plusieurs documents qu’ils doivent présenter à la police pour pouvoir exercer. Ici, il cite entre autres, les frais de stationnement et la carte municipale : « Chaque mois, on doit verser 15.000 BIF comme frais de stationnement et 4.500 BIF pour la carte ».
A cela, un autre taximan ajoute l’autorisation de transport qui coûte 19.000 BIF, le contrôle technique pour 56.000 BIF tous les six mois, l’impôt forfaitaire de 20.000BIF tous les trois mois ainsi que les frais de redevance routières fixés à 50. 000 BIF chaque année.
« A voir ce qu’on gagne par mois, ou par semaine, ces dépenses sont vraiment énormes alors que nous devons aussi subvenir aux besoins de nos familles, faire réparer nos véhicules, les faire laver, etc. On ne gagne rien », souligne-t-il.
Ce taximan signale qu’à côté de toutes ces exigences municipales ou policières, les primes d’assurance ont été revues à la hausse : « Elles sont passées de 291.200BIF à 439.000BIF par an selon la nouvelle réglementation de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances. Vous constatez que c’est presque le double. Où allons-nous trouver tout cet argent ? », se plaint Edmond, un autre
taximan, croisé au centre-ville de Bujumbura.
Pire encore, il indique qu’il n’est plus facile de payer trimestriellement ou semestriellement : « Certaines sociétés d’assurance obligent de payer pour toute une année. Or, l’ancienne réglementation nous autorisait de payer par fractionnement, soit mensuellement ou trimestriellement, semestriellement ou annuellement selon les capacités de l’assuré ».
A côté de ces tracasseries municipales, ces taximen ne comprennent pas pourquoi, à un certain moment de la journée, ils n’ont pas accès à tous les lieux de la ville. « Vers 16 heures, on nous oblige de quitter tous les parkings proches des arrêts de bus au centre-ville. Or, c’est là qu’on trouve des clients », se lamente Youssouf.
Pour lui, cette restriction n’est pas fondée du moment où il n’y a pas d’insécurité dans la ville. « C’est d’ailleurs à cette heure que beaucoup de gens quittent les bureaux. Et face à l’insuffisance des bus, c’était le moment pour nous d’avoir des clients ».
L’ARCA tranquillise
Face aux lamentations liées à l’assurance, Gilbert Ndayikengurukiye, le chargé de la communication au sein de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances indique que les sociétés d’assurances doivent respecter les demandes des clients.
Il rappelle la décision n°540/93/018/2023 du 30 octobre 2023 en son article 7, qui précise que les primes prévues dans le tarif sont fixées pour une couverture d’assurance annuelle, semestrielle, trimestrielle et mensuelle.
« Les sociétés d’assurances qui ne vont pas respecter la décision s’exposent aux sanctions. Nous demandons à la population en général et aux conducteurs des taxis en particulier de rester sereins. Nous suivons de près la situation », tranquillise-t-il.
Côté assureurs, certaines sociétés affirment qu’elles sont prêtes à négocier avec les assurés et voir comment faire le fractionnement des primes selon leur capacité financière. Interviewé, un cadre de la SOGEAR a confié que la société a déjà entamé la démarche. Idem pour la SOCAR.
« Nous avons ouvert les portes à tous les clients qui souhaitent payer mensuellement ou trimestriellement. Nous sommes prêts à traiter les clients selon leurs capacités financières. Nous savons déjà que l’ARCA a déjà pris cette décision, sauf qu’il y a certaines sociétés d’assurances qui ne sont pas informées peut-être », fait savoir un cadre de la SOCAR, sous couvert d’anonymat.
La plupart des taxis qui circulent dans nos villes sont vieux et bringuebalants. Ce qui me fait douter s’il y a des contrôles techniques sérieux – contrôle de carrosserie, mécaniques, feux, dispositifs sécurité et anti-pollution… S’il y en avait, un bon nombre de ces véhicules seraient tout bonnement retirés de la circulation.
Mais je ne soutiens pas non plus qu’on accable les taxis avec trop d’impôts, car comme on dit trop d’impôts tuent l’impôt. Mais qu’on impose de façon à ne pas tuer la poule aux œufs d’or, et surtout en donnant quelques avantages fiscaux aux taxis ayant une bonne présentation et dignes de circuler dans nos villes.
Que voulez-vous?C’est le prix même de la corruption qui gangrène ce pays ou tout le monde se sert du plus pauvre que lui pour s’enrichir.La corruption coûte cher aux plus pauvres.