Mardi 16 juillet 2024

Économie

Les stocks alimentaires stratégiques en question

14/06/2024 Commentaires fermés sur Les stocks alimentaires stratégiques en question
Les stocks alimentaires stratégiques en question

Demain, le 15 juin, comme chaque année, le Burundi se joint au monde entier pour célébrer la Journée Mondiale de lutte contre la faim. Une occasion de rappeler qu’une agence est chargée de constituer des stocks alimentaires stratégiques pour pallier aux situations de crise.

Le Burundi figure malheureusement parmi les pays les plus gravement touchés par la faim selon le Global Hunger Index (GHI). Historiquement, le pays se classe souvent dans la catégorie « extrêmement alarmante » ou « alarmante ». Environ 65 % de la population vit en état d’insécurité alimentaire chronique, selon le World Food Programme (WFP).

Pour répondre à cette situation préoccupante, le gouvernement du Burundi a mis en place plusieurs instances chargées de garantir la sécurité alimentaire.

En avril 1998, un Centre national de technologie alimentaire a été créé avec pour objectif ultime de réduire la faim et la pauvreté. Plus récemment, en mai 2018, l’Agence Nationale de Gestion et de Régulation des Stocks d’Aliments (ANAGESSA) a été établie. Sa mission principale : trouver des solutions aux problèmes de gestion des récoltes afin de garantir une réserve alimentaire en cas de famine ou de carence.

Parmi les rôles de l’ANAGESSA figure la constitution et la gestion de réserves stratégiques de denrées alimentaires. Ces stocks doivent servir en cas de crise alimentaire pour stabiliser les prix en période de faible production, assurer la bonne gestion des récoltes et assister les victimes des catastrophes liées aux changements climatiques. Cependant, malgré ces objectifs nobles, de nombreux agriculteurs se plaignent des retards de paiement pour les récoltes vendues à l’agence.

Un cultivateur de Mwaro partage son expérience : « Moi, j’ai peur d’amener ma récolte à l’ANAGESSA encore une fois parce que, la première fois, j’ai conservé le jeton de paiement pendant plusieurs mois alors que j’avais besoin de l’argent. Il faut que l’ANAGESSA sache qu’avec un jeton, on ne peut pas payer les frais de santé ou s’acheter quelque chose dans une boutique. »

Ces retards de paiement plongent les agriculteurs dans des difficultés financières, les empêchant de subvenir à leurs besoins quotidiens même après avoir vendu leurs récoltes à l’ANAGESSA. Un autre cultivateur de Mwaro témoigne : « Le mois dernier, ma fille est tombée malade. J’ai dû vendre ma chèvre pour payer l’hospitalisation car je n’avais que le jeton de l’ANAGESSA en poche. »

Tant que l’agence ne parviendra pas à payer les cultivateurs en temps opportun, elle aura du mal à constituer de manière efficace les réserves stratégiques nécessaires. Par le passé, l’ANAGESSA a déjà été confrontée à d’autres problèmes qui ont terni sa réputation.

Contacté par Iwacu, le directeur de l’Agence Nationale de Gestion et de Régulation des Stocks d’Aliments n’a pas souhaité réagir à ce propos.

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