La Mairie impose de nouvelles conditions drastiques aux sociétés de collecte des déchets. La municipalité prévoit aussi une réorganisation.
<doc8002|left>« Il y a environ 26 sociétés privées, et encore ce sont celles que nous connaissons, qui prétendent collecter les déchets dans la capitale… Mais voyez-vous un quelconque impact au niveau de la salubrité de la ville ? », demande Cylus Ndayishimiye, conseiller économique et socioculturel, au cabinet du Maire. Et il ne s’arrête pas là : « Ce sont ces mêmes sociétés, qui après avoir ramassés les déchets, vont ensuite les jeter n’importe où : dans les rivières, à Ruziba, au quartier industriel, à Mugere !»
« Mais c’est archi-faux ! Nous n’avons jamais jeté nos déchets dans les rivières…Du moins, en ce qui concerne, notre société », réfute catégoriquement le représentant d’ATS (Association Tumenye Sida).
Une réorganisation et de nouveaux documents
Pour gérer cette problématique, la Mairie a décidé de réorganiser ce secteur. En commençant par sélectionner les différentes sociétés et associations de collecte de déchets sur base de nouveaux documents administratifs (agrément, statuts, registre de commerce, NIF, attestation de non faillite, attestation de non redevabilité à la Mairie et SETEMU). Mais également sur base de capacité technique et de certaines conditions, notamment avoir un siège social, avoir au moins un camion couvert, avoir un matériel suffisant de chargement et de déchargement, etc. Plus encore, les sociétés devaient présenter une caution de garantie de 2 millions de FBU, et avoir un compte dans une banque de la place. Sur les 26 sociétés qui ont déposé les documents requis, 18 ont été retenues, selon le conseiller économique et socioculturel, au cabinet du Maire.
Parmi les 8 sociétés qui n’ont pas été retenues figure l’Association Tumenye Sida (ATS), une ASBL qui œuvre, depuis 6 ans, pour la lutte contre la pauvreté et emploie 9O personnes. C’est une élimination injuste. Nous avions tous les documents demandés. La discorde réside juste dans une facture de la SETEMU qui n’est pas justifiée », raconte son représentant.
Des pratiques anticoncurrentielles
Et cette réorganisation ne s’arrête pas là… Dorénavant, les sociétés doivent résilier leurs contrats avec leurs anciens clients. Et pour cause, elles ont été dispatchées dans les différentes communes de la capitale.Cylus Ndayishimiye explique ce changement : « C’est pour leur facilité la tâche, car avant elles étaient éparpillées par ci par là, ce qui leur coûtait cher en termes de déplacement… Aujourd’hui, il ya des listes précises de l’endroit où elles doivent travailler. »
Mais les sociétés concernées ne l’entendent pas de cette oreille. « Le commerce doit être libéral. S’il ya de nouvelles sociétés, qu’elles aillent chercher elles-mêmes leurs clients. Ce n’est pas à nous de céder les nôtres ! », s’indigne Joselyne Ndayirore, directrice de la société Bujumbura Gabage Collection (BGC). Et d’ajouter aussitôt : « Nous avons été affecté au quartier industriel et dans le centre ville, mais notre société est adaptée pour les déchets ménagers, les ambassades et consulats. Nous ne sommes pas une entreprise publique… Qui nous payera ?Même son de cloche chez le représentant de l’association AJS (Action de la Jeunesse Chrétienne) : « Ils veulent placer leurs propre sociétés. Dans ce cas, il ne faut pas que l’on nous demande de résilier nos contrats, mais qu’ils cherchent les leurs. »Et de renchérir :« Que l’on nous laisse faire notre métier. Ils ne peuvent pas imposer à un client ou à un commerçant de contracter avec tel ou tel autre. »
Des sanctions sévères
Des sanctions sont prévues pour les sociétés qui n’honoreront pas leurs responsabilités. D’abord les 2 millions de caution, d’après le conseiller économique et socioculturel au cabinet du Maire, seront saisis en cas de non payement à la SETEMU. Et de surcroît, si une société ne travaille pas là où elle a été affectée, elle se verra dans l’obligation de fermer ses portes. « Il y a des gens qui veulent travailler. Si ces sociétés ne le voient pas comme cela, les nouvelles sociétés feront le travail ! », explique-t-il.
Les sociétés interrogées espèrent que cette décision ne sera pas appliquée, d’autant plus, selon elles, que le ministre de l’intérieur ne souscrit pas à cette loi.
Qu’en est-il dans les autres pays de la région ?
À Kigali, nous renseigne Rémy de l’agence REMA (Rwanda Environment Management Authority), c’est la mairie qui s’occupe de la salubrité des lieux publics. Quant aux sociétés privées de collecte de déchets, elles travaillent chez les particuliers dans les quartiers convenus avec la municipalité. « Il existe une concurrence saine entre elles, puisque chacune a son propre lieu d’affectation et ses propres clients », indique-t-il.
Tandis qu’à Kampala, selon le site web de la RFI, des mesures drastiques ont été prises, depuis 2012 pour sensibiliser les citadins au respect et à la propreté des lieux publics. Notamment des peines allant jusqu’à l’emprisonnement, 2Oh de travaux communautaires et 16 dollars d’amende pour ceux qui jettent les ordures dans la rue, selon le site web de la RFI.