« Serions nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d’un troupeau s’il fallait plus que des mots « – Jean Jacques Goldman
Le retrait de l’UPD Zedi Feruzi, illustre pour qui douterait encore, ce que certains pourraient appeler la « versatilité » de nos hommes politiques. Retourner sa veste est une attitude très prisée chez nous. Finalement, avons-nous, dans les partis, des hommes et des femmes engagés, prêts à assumer la marginalisation, le chômage, l’humiliation, bref, la traversée du désert, qui menacent tous les hommes politiques à un moment ou l’autre de leur carrière.
Selon des sources fiables, Zedi Feruzi, cadre au Service National de Législation (SNL) où il a été nommé par décret présidentiel en 2005, allait terminer son mandat. Plus de boulot donc. Et ceci expliquerait cela. Ce retournement est donc loin de répondre à un quelconque questionnement ou positionnement idéologique, mais une simple question de survie. A l’UPD on minimise. »Zédi Feruzi est seul à se retirer de l’UPD, l’engagement des militants est toujours intact », dit-on.
Mardi à la permanence du parti, Zedi Feruzi a juste lu sa déclaration -qui ne porte ni signature ni sceau du parti- puis, il s’est enfermé dans son bureau ; tandis que des femmes de Buyenzi voulaient en découdre avec lui, n’eût été la présence des policiers. Les dégâts semblent limités et, jusqu’ici, le parti échappe donc à la « Nyakurisation » (la naissance des ailes dissidentes), mais jusque quand?
Loin de moi l’idée de juger la décision de Zedi Feruzi de quitter son parti. Comme le chante bien Jean Jacques Goldman : » Si j’étais né en dix sept à Leidenstadt, sur les ruines d’un champ de bataille, aurais-je été meilleur ou pire que ces gens, si j’avais été allemand ? »
Respect donc. Mais cette défection confirme bien qu’au Burundi comme ailleurs, être dans l’opposition est un exercice difficile qui exige des sacrifices. Les pouvoirs ont toujours les moyens « d’intéresser » les opposants, surtout quand ils sont fragiles, comme chez nous. Et il faut une sacrée force pour résister à l’appel des sirènes du pouvoir.
Au-delà du cas emblématique de Zedi Feruzi, c’est toute la question du financement de l’opposition que l’on devrait se poser.
Presque toutes les grandes démocraties de ce monde ont adopté un système de financement des partis politiques. Mais pratiquement, dans toutes « les démocraties » africaines, le pouvoir ne veut pas de ce système, préférant des partis et des militants fragiles.
Demain, Zédi Feruzi sera peut-être nommé par décret à un grand poste. Et le surlendemain, il n’est pas exclu que dans l’opposition certains l’envient. Avant de faire le pas. Dans ces conditions, ceux qui restent dans l’opposition, qui résistent aux sirènes du pouvoir, méritent encore plus le respect.