Dans la zone Gihosha, commune Ntahangwa, les citadins demandent que la Nyabagere soit canalisée comme à Kamenge. Ils craignent des inondations en cas de fortes précipitations.
« Quand il pleut, nous restons en alerte craignant que les eaux débordent et emportent nos maisons », confie un habitant du quartier Nyabagere. Sa maisonnette est érigée à moins de dix mètres de la Nyabagere. Pour lui, il est urgent de canaliser cette rivière à partir des montagnes. Bukuru, un autre habitant de cette localité, donne l’exemple de Kigobe-Sud : « Comme les autorités ne sont pas intervenues à temps pour stabiliser les rives de la Ntahangwa, des maisons se sont effondrées et une route est devenue impraticable. »
Il invite le gouvernement à agir tant qu’il est encore temps : « Si rien n’est fait dans les meilleurs délais, le risque est grand de vivre les scènes apocalyptiques de Gatunguru en février 2014, suite aux crues de la rivière Gasenyi.»
Pour lui, il est illogique de prétendre éviter les dégâts en canalisant une rivière en aval uniquement. « Le mieux serait de débuter en amont. »
Albert Mbonerane, un militant pour la protection de l’environnement abonde dans le même sens : « Sinon, avec la forte turbidité des eaux, tout ce qui a été construit en aval va être anéanti dans un court laps de temps.»
Sur le terrain, la situation est inquiétante. A l’endroit communément appelé Kumatafari, un ravin d’environs dix mètres s’approche inexorablement des maisons et d’autres en chantier. C’est par exemple une mosquée en cours de construction à moins de deux mètres de cette rivière. Des rives commencent à s’écrouler.
Situation similaire de l’autre côté de Nyabagere, dans le quartier Muyaga, zone Gihosha. Des chantiers sont en cours à moins de cinq mètres de la rivière.
L’office des routes en est conscient
« C’est vrai. S’il faut traiter efficacement cette question, il faut d’abord aménager en amont », reconnaît Vincent Nibayubahe, directeur général de l’Office des routes. Néanmoins, il explique que le gouvernement a priorisé la partie en aval : « C’est là qu’on a enregistré beaucoup de dégâts tant humains que matériels lors des inondations de février ou celles de Carama cette année.» Il assure que c’est la première phase du Projet d’urgence pour la résilience d’infrastructures (PURI) financé par la Banque Mondiale à hauteur de 25 millions de dollars américains. Et de promettre que le gouvernement fera de son mieux pour trouver des fonds afin de résoudre le problème jusqu’en amont.
Entretemps, il appelle au respect du code de l’environnement. Ce dernier institue des zones de protection avant de construire : 150 m pour le Lac Tanganyika, 50 m pour les autres lacs et 25 m pour les rivières traversant la ville de Bujumbura. Le même texte stipule dans son article 52 : « Les travaux, ouvrages et aménagements susceptibles de modifier les équilibres des réseaux hydrauliques, les cours d’eau ou la configuration des berges des cours d’eau ou des lacs, de nuire à la préservation des espèces aquatiques sont soumis à la procédure de l’étude d’impact et ne pourront être réalisés qu’après l’avis favorable du ministre de l’Environnement. »
M. Nibayubahe fait savoir qu’en cas d’inondations, de crues, les constructions en dehors de ces normes sont les premières cibles. Ainsi, il appelle l’urbanisme à décourager ce genre de pratique.
Planter des arbres, creuser des fossés anti érosifs sur les contreforts demandent seulement une volonté politique et un peu de matières grises.
Allez au Rwanda and see their achievements