Ils indiquent fuir les combats entre l’armée et la milice Yakutumba, éclatés depuis mardi 23 janvier. Le HCR les a installés dans différents centres de transit. Une trentaine de miliciens seraient gardés au SNR.
« Nous sommes fatigués, affamés mais nous remercions Dieu d’être en vie », lâche extenué, John Shumari qui vient de débarquer avec ses cinq enfants et sa femme au port de Rumonge dans une pirogue pleine à craquer. Et d’ajouter larmes aux yeux : « La plupart n’ont pas eu cette chance. »
Port de Rumonge en cette matinée de fin janvier. Une fine pluie s’abat sur la ville, mais le vent est sec. Sur place, des centaines d’enfants, de femmes et d’hommes viennent de débarquer en provenance du territoire de Fizi au Sud-Kivu. Certains sont déjà à la plage en train d’être enregistrés par la police des frontières (PAFE). D’autres déchargent leurs biens des pirogues à bord desquelles ils ont voyagé toute la nuit.
Originaire de la localité de Kazimiya, il affirme que les combats ont éclaté dans la nuit mardi 23 janvier vers 23h entre l’armée congolaise (FARDC) et les rebelles Maï-Maï de Yakutumba. « Nous sommes passés par la presqu’île d’Ubwari avant de nous diriger vers le port de Rumonge. »
Le débarquement
Sur place, une dizaine de pirogues viennent d’accoster. Des cris de joie mélangés aux pleurs se font entendre. Zabibu Mashimango, la trentaine, n’arrive pas à retenir ses larmes. Elle a des trémolos dans la voix : « Nous venons d’arriver, mais les combats durent depuis une semaine. J’ai pu m’extirper de la cachette où nous étions avec mon bébé et ma belle-mère. Je ne sais pas où se trouvent mon mari et mes deux autres fils. »
Tous disent fuir les combats qui font rage, depuis 23 janvier, entre l’armée les FARDC et la milice des Yakutumba. « Il y a eu beaucoup de morts des deux côtés. Les civils ont également été tués », indique une maman visage fermée. Elle affirme que la population s’est retrouvée prise entre deux feux. « Certains se sont dirigés vers la Tanzanie, mais, nous, nous avons choisi de passer vers la presqu’île d’Ubwari. »
A quelques mètres de la plage, sur une route pavée menant au port, des centaines d’autres réfugiés sont sur le point d’embarquer vers les centres de transit à bord des camions du HCR et des bus Otraco. Ils avaient élu domicile dans les enceintes du parquet où ils dormaient à la belle étoile.
D’après Juvénal Bigirimana, gouverneur de Rumonge, qui a coordonné l’accueil de ces réfugiés jusqu’au 29 janvier 2018, la police, en collaboration avec le HCR, avait déjà enregistré 7033 personnes en provenance de la RDC, dont 5419 Congolais et 1614 Burundais : « Une partie de ces Burundais a regagné son domicile et une autre, surtout non originaire de cette province, attend d’être aidée. » Ceux-là disent ne pas avoir de ticket pour retourner dans leurs provinces d’origine, précise le gouverneur de Rumonge.
Des centres de transit au nord, à l’est et au sud du Burundi
Bien plus, fait-il savoir, ces réfugiés ont bénéficié d’une assistance rapide parce que le HCR ne distribue pas de vivres pour des cas de transit. « La Croix Rouge et l’IRC se sont chargés de leur préparer des repas sur place. »
Propos corroborés par les réfugiés rencontrés sur place. « La population de Rumonge nous a également apporté de l’aide. Les confessions religieuses, comme les musulmans, les catholiques ainsi que les protestant ont beaucoup aidé samedi, dimanche et lundi en nous apportant des repas chauds.»
Trois jours après leur arrivée, le HCR s’est organisé pour transférer ces réfugiés dans des centres de transit. Le 26 janvier, 358 ont été conduits au centre de transit de Nyabitare en province Ruyigi, à l’est du Burundi. Le 27 janvier, 653 ont été transférés au centre de Songore en province Ngozi, au nord du Burundi et 498 réfugiés à Nyabitare. Le 28 janvier, 250 ont été conduits à Nyabitare. Le 29 janvier, 800 réfugiés ont été transférés au centre de transit de Gitara, en commune Mabanda de la province Makamba, au sud du Burundi. Au total 2559 réfugiés congolais sur les 7033 avaient déjà été installés dans des sites de transit en date du 29 janvier. D’après le gouverneur, ils seront ensuite conduits par le HCR dans des camps de réfugiés, soit à Bwagiriza, en province Ruyigi, soit à Gasorwe, en province Muyinga (nord).
Des miliciens parmi les réfugiés
Toutefois, certains réfugiés refusent de se rendre dans des centres de transit, expliquant qu’ils ne veulent pas demander asile. Pour ces cas, Juvénal Bigirimana indique qu’on ne peut pas empêcher quelqu’un de retourner chez lui mais cela doit se faire dans la légalité en respectant les procédures en la matière. « Ces gens veulent à tout prix rentrer chez eux via le lac Tanganyika. Mais comme ils ont été enregistrés comme réfugiés, nous leur avons demandé d’accepter d’abord de suivre les directives du HCR. » Et de conclure qu’à partir de ces centres de transit, ils entameront les procédures pour rentrer au bercail.
A côté de ces réfugiés congolais, des sources à Rumonge rapportent que le numéro 2 des Maï-Maï, le commandant Ekanda alias Dracula ou Baleine, serait dans les mains du Service national de renseignement (SNR). «Il était avec plus de 30 autres combattants Maï-Maï.»
Selon ces mêmes sources, quatre miliciens parmi eux étaient grièvement blessés. «Ils ont accosté, mardi, sur le port de Rumonge dans deux embarcations.» Les habitants de Rumonge signalent un autre groupe de présumés combattants Maï-Maï qui aurait débarqué à Karonda, à 15 kilomètres au sud de la ville de Rumonge.
Contacté, Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de la Sécurité publique, parle de fausses informations. Il reconnaît quatre personnes blessées qui ont débarqué vendredi de la semaine passée. «Ils sont en train d’être soignés à Rumonge. Quand ils recouvreront leur santé, ils seront enregistrés comme refugiés.»
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