Bob Rugurika et Patrick Mitabaro s’expliquaient devant les magistrats. Leurs avocats fustigent l’action du Conseil Nationale de la Communication qui précise que le traitement de ces dossiers n’est plus de son ressort.
Bureau N°3, NJM – NJ. C’est là que le rédacteur en chef de la Radio Publique Africaine (RPA) était ce 1er août, à 9 heures : « Le magistrat voulait avoir des éclaircissements en rapport avec l’information sur la composition de la commission préparant celle pour la Vérité et la Réconciliation (CVR)», précise l’avocat de Bob Rugurika, maître Jean Bosco Ngendakubwayo.
En citant un rapport onusien, la RPA mettait en doute l’intégrité morale de trois membres de ladite commission. Ce qui a poussé la CVR à porter plainte au CNC qui, à sont tour, a transféré le dossier au parquet.
Selon Me Ngendakubwayo, il n’est pas normal que cette affaire se retrouve devant le magistrat alors qu’il existe un organe de régulation de la presse au Burundi : « Il y a quelque part une fuite de responsabilité », juge-t-il en insistant sur le rôle premier du Conseil National de la Communication (CNC) dans le traitement du dossier: « De plus, il [le CNC] a une cellule juridique.»
Ce que ne récuse pas le président de l’organe. Pierre Bambasi admet que le cas dépassait les compétences du CNC : « Nous traitons des questions qui se rapportent au traitement de l’information, au respect de la déontologie. Lorsque le dossier renferme des aspects juridiques, nous le transférons devant les instances habilitées. »
Il précise aussi que c’est la première fois que l’organe de régulation ait sur sa table un dossier comme celui de la RPA : « Normalement, nous émettons des mises en garde à l’endroit des organes qui ont violés les règles de l’art.»
Et c’est ce que le CNC avait fait, explique M. Bambasi, à l’égard de la Radio Isanganiro, ayant diffusé une « vive » réaction de Me Rufyikiri sur l’emprisonnement de son collègue, Me Suzanne Bukuru.
Pourtant, Patrick Mitabaro, le rédacteur en chef, était, au même moment que M. Rugurika, au Parquet général en mairie de Bujumbura. Dans le bureau N°18, N.R, il répondait aux questions du substitut du procureur sur les motifs de la diffusion de cette information.
Son avocat, Me Raphaël Gahungu, s’insurge contre cette justice qui malmène les journalistes et les avocats : « Nous sommes préoccupés par l’emprisonnement des défenseurs des droits humains. Qui finalement portera haut le message des sans-voix ? »
MM. Mitabaro et Rugurika sont encore convoqués pour mardi matin, 9 août, au même parquet.