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Les préparatifs d’accueil des réfugiés de Mtabila au beau fixe

05/05/2013 Commentaires fermés sur Les préparatifs d’accueil des réfugiés de Mtabila au beau fixe

Malgré les missions de sensibilisation au rapatriement volontaire, des réfugiés Burundais du camp de Mtabila en Tanzanie refusent de rentrer alors que le camp doit fermer le 31 décembre 2012. Le ministère de la solidarité et le HCR les invite à regagner leur pays, affirmant être prêts à les accueillir.

<doc5058|left>Ils sont 36.000 à vivre au camp de Mtabila. Ils sont venus de plusieurs camps déjà fermés depuis 2000, soit neuf au total. Depuis le 1er août dernier, le gouvernement Tanzanien ne reconnaît plus leur statut de réfugiés et le camp doit fermer le 31 décembre 2012 conformément à l’accord de la commission tripartite entre le Burundi, la Tanzanie et le HCR conclut au mois de février 2012 à Bujumbura. Mais ces réfugiés ne veulent pas rentrer au Burundi, arguant un problème de sécurité et un manque de terres.

Pourtant du côté burundais, les officiels réfutent tous ces arguments. Chantal Hatungimana, directrice du rapatriement au ministère de la Solidarité nationale, des droits de la personne humaine et du genre, indique que le gouvernement Burundais est prêt à accueillir ces réfugiés : « Nous avons aménagé les centres de transit et les centres d’hébergement temporaire existants et nous en avons construits d’autres. » Selon elle, son ministère est prêt depuis le mois d’avril. Elle souligne que ces centres ont déjà accueilli plusieurs rapatriés depuis cette date.

En tout, précise Mme Hatungimana, trois centres de transit dont Musenyi 1 et 2 en commune Mabanda et un autre au chef-lieu de la même commune ont été aménagés. Leur mission consiste, poursuit-elle, à accueillir, enregistrer et octroyer des documents administratifs à ces rapatriés. C’est aussi dans ces centres de transit, ajoute-t-elle, que les rapatriés bénéficient du paquet-retour constitué d’une ration alimentaire pour six mois et de 50 dollars pour chaque personne.

« Nous sommes prêts à les accueillir »

Après enregistrement, les rapatriés, ayant des repères, sont ensuite conduits chez eux. Les sans repères ou bien ceux qui ont d’autres raisons de ne pas se rendre sur leurs collines d’origine sont conduits dans des centres d’hébergement temporaire.
La directrice du rapatriement indique que plusieurs centres ont été aménagés dont cinq en province Makamba dont Gitara et Musenyi en commune Mabanda ; Mugerama en commune Nyanzalac ; Bukeye en commune Kibago et Vugizo en commune Vugizo. Un autre centre a été aménagé à Karagara en commune Rumonge de la province Bururi et un autre à Bukemba en commune Bukemba de la province Rutana. Chantal Hatungimana confirme que « Le dernier est en cours de construction dans la province Gitega ». D’après elle, les centres d’hébergement temporaire ont la capacité d’accueillir 80 ménages chacun tandis que les centres de transit peuvent accueillir de 1000 à 2000 personnes.

<doc5059|right>Même son de cloche du côté du HCR au Burundi. Bernard Ntwari, son porte-parole, fait savoir qu’elle est préparée à accueillir ces réfugiés avec l’aide de différents partenaires dont le gouvernement burundais et des organisations internationales. « La route Mugina-Manyovu a été réhabilitée pour faciliter leur transport. Les centres de transit et les centres d’hébergement temporaire ont été réaménagés. Les véhicules qui les transporteront et même le paquet-retour sont prêts, car nous les attendons depuis le mois d’avril », ajoute-t-il.

Malgré cet effort, ces réfugiés ne sont pas pressés de rentrer. Seule une centaine de rapatriés sont arrivés à Mabanda au courant de cette semaine. Selon des sources sur place, ils n’ont pas passé beaucoup de temps dans ce centre de transit et ont été acheminés directement dans les centres d’hébergement temporaire. A notre passage à Mabanda, les lieux étaient effectivement déserts. Nous n’y avons trouvé qu’une sentinelle.

« Ces réfugiés doivent signaler les cas de violence »

En attendant une éventuelle arrivée massive de ces rapatriés, la vie continue de l’autre côté de la frontière au camp de Mtabila. Mais les conditions de vie n’y sont pas faciles. Ces réfugiés disent subir des exactions de la part des forces de l’ordre tanzaniennes déployées autour du camp, depuis le mois de mai.
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[Dans l’enfer des camps de réfugiés burundais en Tanzanie->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article3462]
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Du côté du bureau du HCR au Burundi, Bernard Ntwari indique être au courant de ce déploiement : « Nous détenions des informations faisant part d’une volonté du gouvernement tanzanien d’installer un camp militaire à Mtabila depuis plusieurs années. Je pense que ce déploiement s’inscrit dans ce sens ». Le porte-parole du HCR déplore seulement que les autorités tanzaniennes n’aient pas attendu la fin de l’année comme convenu lors de la réunion de la commission tripartite pour installer des militaires sur ce site.

Concernant les accusations de violence faites à ces réfugiés par ces hommes en armes, Bernard Ntwari n’exclut pas qu’il peut y avoir des problèmes de cohabitation entre les réfugiés et ces militaires. C’est pourquoi, explique-t-il, le HCR a plaidé auprès du gouvernement tanzanien, dès qu’il a été mis au courant, pour que ces cas ne se reproduisent plus.

En outre, rappelle Bernard Ntwari, ces réfugiés doivent aussi apprendre à respecter les lois du pays d’asile car les problèmes surviennent dès qu’ils dépassent les limites du périmètre fixé par les autorités tanzaniennes : « Nous avons pris acte de la décision de la Tanzanie du 1er août 2012 de ne plus les considérer comme des réfugiés. Nous leur demandons de respecter la distance à ne pas franchir en dehors du camp. »

« Nous ne pouvons que faire un plaidoyer »

En attendant la date butoir du 31 décembre 2012, il affirme que le HCR continuera à les assister conformément aux conventions internationales. Pour lui, l’étape suivante est que le gouvernement tanzanien donne à chacun de ces réfugiés un document attestant qu’il n’est plus considéré comme un réfugié sur le sol tanzanien. Il demande, en outre, à ces réfugiés d’informer les agents du HCR sur place chaque fois que des cas de violence se produisent à leur encontre : « Ils doivent signaler ces cas à nos collègues tanzaniens pour qu’ils informent l’autorité habilitée afin que des mesures soient prises. »

Chantal Hatungimana confie aussi avoir appris la nouvelle des violences faites aux réfugiés Burundais au mois de juillet lorsqu’une mission de son ministère s’est rendue dans ce camp pour une visite de sensibilisation au rapatriement volontaire : « Lors de cette visite, notre délégation a été mise au courant par des réfugiés de ces exactions et nous avons directement informé le HCR tanzanien. » Selon Mme Hatungimana, le HCR a ensuite organisé une formation auprès de ces militaires et policiers pour renforcer leur capacité de cohabitation avec ces réfugiés. Elle dit espérer que ces cas ne se reproduiront plus. « Nous ne pouvons que faire un plaidoyer », lance-t-elle.

<doc5060|left>Pour elle, on n’est jamais mieux servi que par soi même et c’est pourquoi elle appelle ces réfugiés à rentrer au bercail. Elle confirme que les dés sont jetés pour eux, car un comité d’experts du HCR a entendu les 36 mille réfugiés pour déterminer ceux qui avaient des raisons valables pour rester en Tanzanie et bénéficier d’une protection internationale : « Chaque réfugié ayant 18 ans et plus a été écouté individuellement. Après ces consultations, le comité a conclu que seuls 2500 individus ont encore besoin de cette protection. Ils seront transférés au camp de Nyarugusu et resteront en Tanzanie au-delà du 31 décembre 2012. »

Ce qui l’étonne, ajoute-t-elle, c’est qu’après ces consultations, ce comité a donné une période de recours aux réfugiés désireux de le faire, mais seule une cinquantaine sur les 36 mille l’a fait, les autres ayant jeté l’éponge. Cela prouve à suffisance que ces réfugiés n’ont plus de raisons valables de rester en Tanzanie.

« Tous les rapatriés auront des terres »

Aux réfugiés qui justifient leur refus de rentrer par l’absence de terres, Mme Hatungimana rétorque que le gouvernement du Burundi a déjà identifié des terres à distribuer aux rapatriés. Mais elle explique que deux problèmes persistent. Le premier est celui des rapatriés qui ne veulent pas se rendre là où le ministère leur montre : « L’exemple le plus récent est celui des rapatriés venus du Congo qu’on a installés en province Rutana. La plupart ont refusé de s’y rendre prétextant qu’ils veulent vivre au bord du lac Tanganyika car ils vivaient de la pêche en République Démocratique du Congo. » Or souligne-t-elle, un sans terre devrait accepter d’être réinstallé partout où on lui trouve une terre pourvu que l’endroit soit viable.
Le deuxième, selon elle, est celui des résidents qui s’attribuent des terres domaniales illégalement, alors que le gouvernement veut les aménager pour les rapatriés. « C’est le cas de Rumonge à Mutambara où des gens se sont octroyé des terres domaniales », précise-t-elle.

Ainsi, pour elle, ce problème de terres ne peut pas les empêcher de rentrer car d’autres rapatriés, à l’instar de ceux de Nyakazi, ont eu des terres et même des attestations d’attribution. « Cela peut prendre du temps mais tous auront les 0,5 hectares promis », assure-t-elle. Elle rappelle que son ministère donne des terres à ceux qui sont déjà installés et non pas à ceux qui sont encore à l’extérieur du pays.

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