La population totale du Burundi se situe aujourd’hui au-delà de 8,1 millions d’habitants alors qu’elle oscillait autour d’un peu plus de 4 millions en 1971.
La superficie, elle, au lieu de stagner autour des 27.834 kilomètres carrés, s’amenuise chaque jour d’avantage suite à la combinaison de plusieurs facteurs.
Pour Mme Jeannine Nahigombeye, journaliste indépendante, on ne voit pas de vision de la part des dirigeants face à cette situation des plus préoccupantes. En plus, il s’agit d’un problème culturel dans un pays où un enfant est considéré comme une richesse. Les leaders politiques et religieux doivent prendre le taureau par les cornes pour inverser la tendance démographique à l’allure où vont les choses.
La question qu’il faut d’abord poser et se poser est celle de savoir si, au-delà de quatre enfants, c’est acceptable dans un petit pays comme le Burundi qui a, par ailleurs, des ressources naturelles très limitées ? C’est une catastrophe quand on voit déjà le nombre d’enfants de rue qu’il y a dans le pays. Allez encore dans les écoles et regardez le nombre d’enfants qu’il y a par classe et par pupitre. La gravité de la situation n’est pas encore considérée à sa juste proportion. On élève encore les gens dans le mythe de l’Etat-Providence. Il faut aussi que les journalistes sensibilisent sur la nécessité de limiter les naissances.
De l’avis d’Abbas Mbazumutima, il faut tout simplement imiter certains de nos voisins, comme le Rwanda qui limite le nombre de naissances à trois enfants. Au-delà, les parents perdent certains avantages, comme la gratuité des soins infantiles. La Chine est encore plus radicale puisqu’elle n’autorise qu’un enfant par couple pour mieux faire face aux conséquences de la démographie galopante. Au Burundi, on estimé déjà à 1.100 bébés qui naissent par jour. Et les conséquences se font sentir au quotidien, avec des conflits fonciers qui représentent plus de 80% des dossiers pendants devant les tribunaux.
Quant à Filbert Musobozi, il trouve que le drame est au niveau des mentalités qui n’évoluent pas. Les burundais n’ont pas la culture du contrôle des naissances. Lorsque le gouvernement a annoncé la gratuité des soins maternels, les couples se sont sentis encouragés à procréer. Il faut limiter la gratuité des soins maternels à trois enfants. Les hôpitaux sont débordés et n’arrivent pas à rentrer dans leurs frais. Nous sommes dans un pays où dans certaines provinces, comme Kayanza, les enfants sont obligés de se relayer, une fois l’année, dans l’exploitation du petit lopin familial. Ceux qui n’ont pas où cultiver viennent en ville avec toutes les conséquences imaginables, comme la délinquance ou le chômage.
Bertrand Bihizi, de son côté, a estimé que les Eglises devraient user de leur autorité morale pour aider dans la sensibilisation à la limitation des naissances. Mais, certaines d’entre elles décourageant l’usage du préservatif soi-disant que les mesures contraceptives sont contraires à la volonté divine. Les messages du ministère de la santé publique sont ambigus. En effet, certains disent qu’il faut mettre au monde autant d’enfants qu’on est capable d’éduquer.