Le conflit postélectoral en République démocratique du Congo(RDC) voisine et l’implication de l’Eglise catholique locale pour tenter de le résoudre était au menu de l’émission Club de la presse de la semaine dernière. L’appel à manifester contre les dysfonctionnements qui ont entouré les différents scrutins aux élections générales en RDC a été unanimement salué par les invités d’Alice Hakizimana et Emmanuel Nsabimana. Les autorités civiles et policières congolaises n’ont cependant pas autorisé la manifestation et quelques religieux ont été arrêtés dans la foulée. Pour Me Gérard Ntahe, « il faut qu’on fasse un petit rappel historique des relations entre l’Eglise et l’Etat en RDC. L’Eglise catholique a joué un rôle important à travers l’histoire. Dans les années 60, l’Evêque de Kinshasa s’est opposé à une certaine politique de l’ancien président, Mobutu Sese Seko. Plus récemment encore, un autre prélat a dirigé la Commission électorale nationale indépendante(CENI). L’autre prélat catholique, l’Evêque Laurent Mosengo a présidé la conférence nationale souveraine vers la fin du règne de Mobutu. Ce qui justifie ce comportement de l’Eglise catholique, c’est surtout son rôle social. L’Etat a abandonné des pans entiers de la vie nationale, comme la santé, l’éducation et c’est l’Eglise qui comble tant bien que mal le vise laissé par le pouvoir. Le comportement de l’Eglise catholique est donc à placer dans ce contexte historique et c’est le contraire qui m’aurait étonné. Par ailleurs, il n’y a pas qu’au Congo où l’Eglise constitue une force morale très importante et reconnue. Souvenez-vous de Staline qui posait la question de savoir combien de divisions militaires dont disposait le Pape à une certaine époque. C’était en réponse à une mise en garde d’un autre homme d’Etat qui lui disait que l’Eglise catholique est une puissance morale qui compte et qu’il fallait respecter». Le Directeur de Radio publique africaine(RPA), Eric Manirakiza, quant à lui, a salué le comportement de l’Eglise catholique en République démocratique du Congo. Elle n’a pas voulu cautionner des élections truquées. De son côté, le chef de l’Etat congolais, Laurent Désiré Kabila, « a ouvert un nouveau front qui peut s’avérer dangereux pour lui. C’est un piège que de se mettre à dos le Vatican et l’Eglise catholique, » a-t-il estimé. De l’avis d’Adolphe Manirakiza, vice-président du Conseil national de la communication(CNC), « si les gens interviennent en faveur du bien-être de la population, c’est plutôt un point positif. Ce qui est malheureux, ce sont les violences qui accompagnent généralement ce genre de manifestations postélectorales. Je reste néanmoins optimiste. Il y aura à la fin un terrain d’entente. »