Le club de la presse est encore revenu sur la récente condamnation du journaliste de Bonesha FM et correspondant local de la RFI, section swahili…
Plusieurs voix se sont également élevées et continuent à s’élever dans certains milieux politiques nationaux, ceux de la société civile et du côté des défenseurs de la liberté de la presse à l’étranger contre la sentence la plus élevée du moment dans la législation burundaise, depuis l’abolition de la peine capitale.
Pour Jérôme Niyonzima, le vice-président de l’Union burundaise des journalistes(UBJ), « la journée du 20 juin 2012 a été une journée de consternation pour les professionnels des médias, une journée noire. » La conséquence immédiate est que plusieurs yeux sont, aujourd’hui, encore braqués sur le Burundi qui vient de créer une actualité inédite. Le pays vient de passer à l’échelle le plus bas au niveau de la liberté de la presse. C’est une première au monde de condamner un journaliste dans l’exercice de son métier à la prison à vie.
Esdras Ndikumana, le correspondant de la radio France internationale(RFI, section française) et de l’agence France presse(AFP), a également ressenti un choc immense à l’annonce de la sentence. « On espérait, à un certain moment, que tout les autorités allaient se ressaisir. Au final, ce sont les faucons qui l’ont emporté », regrette-t-il. Il constate que la perpétuité pour un journaliste, c’est vraiment quelque chose qui dépasse l’entendement. « Surtout qu’on n’a jamais prouvé qu’il était fautif », s’indigne-t-il. A son sens, c’est important de faire appel. Et de maintenir les pressions sur les pouvoirs publics pour qu’il soit libéré.
Eric Manirakiza, le directeur de la Radio publique africaine(RPA), de son côté, n’a pas exclu des manipulations qui maintiennent en prison le confrère. « La manipulation peut se faire facilement et sous plusieurs formes. Le juge peut avoir peur et se dire, si je relâche Hassan, je vais en payer le prix. Il peut aussi recevoir des ordres de quelque part », indique-t-il. Et d’ajouter : « C’est choquant et c’est aussi un message qu’ils ont voulu envoyer à nous tous. Je voudrais aussi leur dire que ce message a été reçu, mais nous n’allons pas nous laisser faire. » Selon lui, c’est le moment de lutter pour le respect de la liberté de la presse, le respect des droits des gens.
Le journaliste indépendant et conseiller en médias et communication, Athnase Karayenga, quant à lui, est parti d’un témoignage pour demander la libération immédiate de Hassan Ruvakuki : « J’ai rencontré l’actuel président de la République, Pierre Nkurunziza, en 2004, à Kirundo, quand il était encore à l’époque ministre d’Etat. Il m’a accordé une interview. Je lui ai posé la question : « Souhaitez-vous vous porter candidat à la présidence de la république, alors que vous avez été condamné à mort ? »
Sa réponse : « Oui. C’est une condamnation politique. Dans les rébellions, c’est classique. » Cette histoire de Ruvakuki, raconte-t-il, m’a vraiment fait penser à cette déclaration de Pierre Nkurunziza en 2004. Par ailleurs, d’après lui, nous avons affaire également à une justice politique. « Le piège, pour nous, les journalistes, c’est que nous n’avons pas le droit de nous exprimer sur la chose jugée. On doit respecter le jugement. Mais quand la justice devient elle-même tellement biaisée, comment se sortir de ce piège ? », s’interroge-t-il. J’ai appris, poursuit-il, que le président de la République a fait appel de sa condamnation et que la justice lui a donné raison. « J’espère de tout cœur que lui qui sait ce qu’est être condamné à mort, exercera son droit de grâce », conclut-il.