Malgré [l’interdiction formelle de l’administration locale, sous ordre de la plus haute instance en matière de sécurité nationale->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article5109], près de 200 adeptes d’Eusébie sont retournés à Businde pour prier ce dimanche 31 mars. La police les a arrêtés, sans effusion de sang cette fois-ci. Alors que la majorité d’eux a été relâchée, 32 ont été directement traduits devant justice.
<doc7590|right>Les sanctions sont tombées tard dans la soirée: trois ans de prison et une amende de 3.000 Fbu pour 30 des 32 fidèles de Zebiya arrêtés à Businde. Les deux autres, des mineurs d’âge, vont passer 6 mois derrière les barreaux après avoir payé une amende de 10.000 Fbu.
Un peu plus tôt dans la journée, 214 fidèles de Zebiya au total d’étaient présentés à Businde; 135 étaient arrivés de Ngozi, le reste de Bujumbura, Gitega, Kirundo, Muyinga, … Ils étaient venus, en catimini, à leur sanctuaire, alertant cependant la police très tôt le matin avec des chants religieux : "Nul ne peut désormais décrire leur itinéraire pour arriver sur cette colline" s’étonne-t-on désormais aux alentours de Businde.
Calmement, les policiers ont procédé à plusieurs arrestations, sans violence ni résistance de la part des fidèles. Ceux-ci ont ensuite été conduits au centre Kigarama où avait eu lieu [la dernière scène d’affrontement entre les deux parties->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article5061]. Après interrogatoire individuel, confient d’autres sources, 32 personnes ont été arrêtées pour récidive alors que le reste des fidèles pouvait s’en aller.
Un procès « express »
Immédiatement, les présumés coupables ont été acheminés au chef lieu de la province Kayanza. A 18h20, le procès débutait en présence de toutes les parties. Devant les habitants de Kayanza, venus en masse par curiosité, la défense, représentée par Me Nyanzira, a tout fait pour prouver l’innocence des Zebiya : "C’est l’épiscopat qui a béni la croix de Businde, en signe de reconnaissance, qui devrait plutôt comparaitre pour répondre de ces actes", a-t-il avancé. Selon lui, si les fidèles de Zebiya vont à Businde, c’est parce que l’Eglise catholique a d’abord reconnu ce lieu.
Réponse des juges avec cette question qui gène : "N’étiez-vous pas au courant de la décision interdisant tout rassemblement à Businde pour y faire des prières émanant du même épiscopat ?"
Interpelés, les adeptes de Zebiya aux arrêts, en grande partie des fonctionnaires et des étudiants, ont toutefois éludé la question : "Nous obéissons à Dieu plutôt qu’aux hommes", ont-ils expliqué avec énergie pour justifier la légitimité de leur action. Après quelques heures de véritable bataille juridique, l’affaire a été mise en délibérée.
Vers 22h, le verdict est tombé avec 30 condamnations. La cour n’hésite pas de frapper fort : un signal pour les autres ouailles de Zebiya qui envisagent la récidive sur le sort qui leur est réservé.