Mardi 1er octobre, à l’occasion de la célébration de la journée dédiée aux personnes âgés, Iwacu s’est rendu dans un hospice. Rencontre. Elles demandent d’être davantage soutenues.
On dirait un village d’enfants. « J’ai dix ans. Je suis né il y a longtemps à l’arrivée des Belges au Burundi», confie un homme rencontré au quartier INSS, zone Rohero, commune Mukaza. Titubant sur sa béquille, vêtue d’un costume noir, il n’arrête pas de réciter son chapelet. Le tout entremêlé des refrains de ‘’Je vous salue Marie’’, il affirme qu’il ne se rappelle plus de son âge. Ce qui fait rire les autres vieux à ses côtés.
Il est 11h, nous sommes à Rohero, au quartier INSS, chez une famille d’accueil et de soutien aux personnages âgées et des orphelins(Faspao). Tenu par un certain Cyril-Fresh Sirabahenda, c’est un établissement ouvert en 2012 e entièrement dédié aux personnes âgées.
Une dizaine de personnes, dont un couple vivent là. Des sexagénaires, octogénaires, nonagénaires, mais aussi des centenaires. Hormis le critère d’âge, c’est leur vulnérabilité qui a guidé la sélection. Ce sont des sans-abris, et certains n’ont pas de familles ». L’assistance revêt plusieurs formes, elle est notamment matérielle, sanitaire et juridique.
Ces gens d’âge avancé sont calmes et semblent ouverts au monde extérieur.
Jacqueline s’occupe des « batamakazi » (vieilles femmes). Elle parle d’elles avec beaucoup de respect. Le vouvoiement est de rigueur envers la personne âgée. « Il ne faut pas sous-estimer la question de la prise en charge spécifique. Le travail de préparation et de formation des équipes est essentiel. Mais c’est formidable de vivre avec elles».
« Indispensable de garantir des soins pour nous »
Severino y est hébergé avec sa ‘’reine’’ depuis bientôt deux ans. Diabétique depuis des années, il demande la gratuité des soins.
Janette, octogénaire, vêtue de pagnes bleu-ciel, essaie d’arborer un sourire malgré son histoire douloureuse. « J’ai eu un seul enfant qui malheureusement m’a quitté, mais Dieu est puissant. Je suis dans la famille», raconte-t-elle, tête baissée. Tout n’est pas parfait. « Il est indispensable de garantir des soins pour nous ».
Victime d’un accident de roulage en 2014, M.P, 62 ans vit avec une prothèse à la hanche implantée depuis et qui n’a jamais été retirée. « Elle me fait souffrir depuis cinq ans. Je n’ai pas de moyen pour une opération chirurgicale ». Il fait appel aux âmes charitables.
Pour ceux qui ne sont pas pris en charge dans les centres spécialisés, c’est la catastrophe. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. « Nous sommes pauvres, nous avons besoin de quoi manger. Nous n’avons pas de quoi mettre sous la dent », déplore un nonagénaire rencontré au quartier Bwiza. Il raconte qu’il n’est pas en mesure de se payer les soins de santé et se nourrir est un casse-tête. « Lorsque je tombe malade, je reste enfermé chez moi. J’attends que la Providence me vienne en aide».
La gratuité des soins pour personnes âgées bientôt
Martin Nivyabandi, ministre en charge des Droits de la personne humaine, reconnaît qu’il y a encore des personnes âgées qui vivent encore dans des conditions très critiques. Il se veut rassurant: « Le Burundi s’engage à ne ménager aucun effort, dans la limite de ses moyens en vue de toujours leur prêter main-forte.».
Au sujet de la gratuité des soins, le ministre Nivyabandi explique que le processus est en cours. Il promet aussi de revoir le régime de pension à la retraite. « L’étude de faisabilité pour les soins de santé gratuits au profit de toutes les personnes âgées a été commanditée par le gouvernement. Ce dernier a déjà aussi recommandé aux institutions de sécurité sociale de voir dans quelle mesure améliorer la pension liée à la retraite».
Au Burundi, le thème retenu pour cette année est : « Unissons-nous pour une protection sociale de tous les âges ».