D’aucuns s’interrogent sur ce que sont devenus les partis politiques après les élections. Continuent-ils à mobiliser leurs troupes ? Quels défis ? Quelles stratégies pour les prochaines élections. Rencontre avec certains leaders des partis politiques.
« Malgré que les résultats des urnes ont frappé et étonné plus d’un, le Cnl ne s’est pas découragé. Les activités du parti continuent », affirme Simon Bizimungu, secrétaire général du Conseil national pour la liberté (Cnl) et député élu dans la circonscription de Cibitoke. Les organes du parti sont à l’œuvre tant à la permanence nationale située dans la capitale économique qu’à l’intérieur du pays.
Selon lui, la fin des élections ne signifie pas l’arrêt des activités politiques. Et de préciser que les réunions statutaires sont tenues régulièrement : «Les comités, à tous les niveaux, se réunissent. Seulement, les activités qui mobilisent les masses sur le terrain sont en veilleuse. Elles seront reprises au moment opportun.»
Les militants sont sous le choc
Interrogé sur les permanences qui sont fermées, le député Bizimungu écarte le manque de trésorerie : «Loin s’en faut ! Ce n’est pas un problème de trésorerie. » Il explique que certains militants se sont découragés après les élections et ont travaillé au ralenti. Et d’informer : « Il y a un mois nous avons mobilisé nos militants pour que ces permanences soient rouvertes afin qu’ils continuent à y exercer les activités.»
A propos des permanences démolies, il se dit à la fois étonné, mais pas surpris par ce genre d’agissements. Pour lui, cela est inconcevable dans un pays qui reconnaît le pluralisme politique. «Cela dénote l’intolérance politique. Détruire une permanence ne signifie pas détruire l’idéologie du parti ».
Quant aux relations qui existent entre le Cnl et le parti au pouvoir après les élections, le député Bizimungu fait savoir qu’elles semblent évoluer en dents de scie : « Avant, il y avait une concertation sur tout ce qui se passait. Maintenant plus de dialogue.»
Le parti Cnl est en train d’adopter des stratégies pour les prochaines élections. Mais ce ténor du parti n’a pas voulu les dévoiler. «Nous sommes à l’œuvre pour mobiliser nos troupes. Le combat continue, malgré l’issue des urnes qui a découragé les militants ».
Il appelle les militants à rehausser le moral et à s’atteler aux activités du parti.
D’autres défis ne manquent pas
« Les activités politiques des partis de l’opposition sont au ralenti. Ces formations politiques travaillent dans un environnement malsain », s’indigne Phénias Nigaba, porte-parole du parti Sahwanya Frodebu. Selon lui, les partis politiques de l’opposition n’ont pas de liberté politique. L’espace politique est verrouillé. La situation est difficile à l’intérieur. Les militants à la base ont peur de s’exprimer. D’autres commencent à tempêter. « Nos militants sont intimidés. Le parti au pouvoir veut les enrôler par force », se lamente-t-il.
Toutefois, cet ancien député se veut rassurant : « Le Frodebu ne croise pas les bras. Nous essayons d’adopter des stratégies politiques pour galvaniser nos militants.»
Il recommande une bonne préparation des élections. Des élections dont l’issue ne décourage pas les compétiteurs.
Aloys Baricako, président du Rassemblement national pour le changement (Ranac), relève d’autres préoccupations : « Il est normal que les activités soient au ralenti pour un parti qui n’a pas gagné les élections.» Il évoque le manque de moyens : « Pour qu’un parti continue à fonctionner, il faut beaucoup de choses, notamment les moyens financiers.» Après les élections, précise-t-il, les cotisations viennent au compte-gouttes. « On dirait que les militants se sont découragés ».
M. Baricako se veut tout de même optimiste. Il indique que la permanence nationale reste ouverte : « Les réunions sont tenues régulièrement.» Du coup, il annonce une réunion à l’intention des présidents du parti dans les provinces au début de l’année prochaine.
L’heure est à l’évaluation
Du côté de l’Alliance pour la paix, la démocratie et la réconciliation (Apdr), l’heure est à l’évaluation et aux préparatifs pour les élections de 2025. Gabriel Banzawitonde, président de ce parti, fait savoir que le parti APDR se prépare en conséquence pour les élections de 2025 : « Quand les élections se terminent, d’autres commencent. C’est pourquoi nous tenons des réunions dans différentes provinces et communes pour redynamiser les organes du parti.» Et d’annoncer que le 6 décembre prochain, le parti va tenir son congrès ordinaire. Une occasion d’évaluer les activités du parti, tant au niveau des communes, des provinces qu’au niveau national.
M.Banzawitonde épingle quelques défis qui handicapent le bon déroulement des activités du parti : « D’un côté, quelques militants spéculateurs ont jeté l’éponge. De l’autre, les moyens financiers ne sont pas suffisants. » Et d’enchaîner : «Quand vous n’avez pas de membres au gouvernement ou d’autres cadres, il devient difficile de trouver un financement. Mais qu’à cela ne tienne, nous tenons le coup.»
Le président de l’Apdr informe que son parti va répondre à toutes les échéances électorales : « Notre objectif est de conquérir le pouvoir. Parmi nos stratégies figurent la redynamisation des organes du parti du sommet à la base, l’implantation des permanences, la révision et l’enrichissement de notre projet de société pour qu’il soit davantage vendable.»
Même situation du côté du parti Frodebu Nyakuri. Kefa Nibizi, son président, indique que son parti procède à l’évaluation de la période post-électorale : « Nous évaluons les forces et les faiblesses que nous avons enregistrées. Nous identifions les défis qui ont fait que nous n’avons pas gagné les élections, et adoptons des stratégies qui nous permettront de gagner les élections de 2025.»
Il fait savoir que son parti est en train d’organiser des réunions à l’intention des comités pour se préparer aux élections de 2025. Et d’ajouter que son parti suit de près les activités du gouvernement pour apporter sa pierre à l’édifice.