Le gouvernement du Burundi est en négociation avec l’UE pour la normalisation des relations. Une quarantaine de députés européens ont sorti une lettre où ils semblent réticents par rapport à la levée des sanctions prises en 2016.
Cette sortie des parlementaires européens peut-elle influencer le dialogue entre Gitega et Bruxelles ? « Peut-être », analyse Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Pour ces 43 députés européens, les sanctions prises par l’UE seront levées dès que les raisons qui ont les ont motivées disparaissent.
« Cependant, ces raisons sont loin de disparaître. La reprise du dialogue et de la coopération entre l’UE et le Burundi est essentiel mais ne peut être envisagé sans preuve que le gouvernement souhaite améliorer la situation des droits de l’Homme dans le pays », ont indiqué les 43 parlementaires européens. Ils appellent le gouvernement burundais à lever les mandats d’arrêt imposés aux journalistes et défenseurs des droits de l’homme.
« La lettre est importante et peut être influente car cela montre que ce ne sont pas seulement les organisations des droits de l’Homme qui sont préoccupées mais également des députés des différents pays qui continuent de suivre la situation. C’est un rappel qui vient au moment opportun après la reprise du dialogue entre l’UE et le Burundi », indique Carina Tertsakian de l’Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB).
Elle espère que ce rappel pourra contribuer à ce processus. « Je rappelle qu’au Burundi, il y a toujours de restrictions de la liberté d’expression et la répression politique continue malgré le discours du président qui affirme tous les jours son attachement aux valeurs démocratiques. Des actions superficielles et ponctuelles ne suffisent pas. Le Burundi a besoin des réformes durables pas simplement théoriques. Nous espérons que l’Union européenne va insister sur cela».
Un autre défenseur des droits humain estime qu’il serait étonnant que les sanctions soient levées sans qu’il y ait des avancées significatives. « L’évaluation se fait en principe selon des critères objectifs. Le Burundi semble vouloir une chose et son contraire. Chercher des appuis sans arrêter la répression ? La ruse a ses limites ».
Interrogée, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Inès Sonia Niyubahwe, n’a pas voulu faire de commentaires.