Il y a presque quatre mois, les oignons ont disparu sur les étagères du marché de Gitega. Conséquences : certains plats ne sont plus servis dans les restaurants de la ville alors que les ménages, ce condiment a été remplacé par le piment.
Que ce soit au marché ou dans les boutiques, la hausse des prix était devenue habituelle mais les consommateurs n’avaient jamais manqué d’oignons pour la cuisine. A la différence des autres produits devenus chers mais vendus partout, les oignons deviennent de plus en plus inexistants sur le marché. Tous les soirs avant que les commerçants ne ferment leurs stands, des femmes envahissent la partie du marché où on vend des légumes pour enlever les saletés.
La partie réservée aux condiments n’aura jamais été aussi propre : les balayeuses du marché n’ont plus besoin de repasser sur ce lieu. Les commerçants du piment disent qu’ils travaillent à perte. Selon eux, non seulement les transporteurs leur demandent beaucoup d’argent mais aussi sur les postes de douane les taxes sont trop lourdes. Même les provinces du pays comme Kayanza, Cibitoke et Bujumbura rural où la production locale servait à compenser l’importation, plus une bulbe n’en sorte.
« Que le gouvernement exonère les produits de première nécessité »
En trois mois seulement, le kilo est passé de 700 Fbu à 3200 Fbu . Décembre 2011, un kilo d’oignon rouge venu de la Tanzanie était taxé à 50 Fbu le kilo. Ce qui a découragé énormément les importateurs et les prix se sont envolés. Les marchands accusent OBR (Office Burundais des Recettes) d’une forte taxation des produits alimentaires. Ils proposent que le gouvernement laisse les produits de première nécessité entrer au pays sans être frappés des taxes exorbitantes pour relancer les importations. « C’est la première fois que cette situation est observée. Je fais ce commerce d’oignon depuis quinze ans et je n’avais jamais manqué d’au moins cent kilos dans mon stock», souligne Vianney
Ndayikengurukiye. Dans ce marché de Gitega, les vendeurs qui se sont spécialisés dans la vente des oignons ne sachent pas de quoi faire. Les uns ont déjà fermé leurs stands. Venant Bigirimana croyait avoir anticipé la situation en allant directement chez les cultivateurs. Mais ces derniers donnent leurs récoltes aux Rwandais qui sont les plus offrants.
Une femme qui détient un restaurant au quartier Nyamugari assure qu’elle utilise rarement aujourd’hui les oignons dans la préparation des mets. « Sauf pour la viande où je dois obligatoirement les utiliser , j’ajoute dans l’huile bouillie du piment », déclare-t-elle.
Selon cette femme, certains plats qui nécessitent beaucoup d’oignons ne sont plus servis dans son restaurant. Dans les ménages, la situation est la même. Les cuisiniers sont les premiers à être réprimandés par leurs patronnes.