Depuis la dernière moitié du siècle précédent, les technologies de la communication ont envahi à grande vitesse le quotidien des simples citoyens au point d’en occuper une place irremplaçable et même stratégique.
A l’origine, les ordinateurs et les autres technologies de la communication étaient l’apanage de la recherche, de l’industrie militaire ou des services de renseignement. Aujourd’hui, surtout grâce à internet, les technologies se développent à une vitesse vertigineuse et elles sont écoulées sur le marché de la consommation tout aussi rapidement. Cette démocratisation du savoir et du savoir-faire induit immanquablement de nouveaux rapports entre les sphères du pouvoir qui dirigent et contrôlent d’une part, les populations qui d’habitude sont éduquées à obéir et même à servir les intérêts des premiers d’autre part.
Les premiers bouleversements ont été l’irruption de jeunes quadras à la tête de fortunes jamais amassées par un seul individu dans l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, ((Ces informations proviennent d’ici, visité le 3 juillet 2013)) le fondateur de Microsoft est de nouveau considéré comme la personne la plus fortunée du monde avec à peu près 70 milliards de dollars américains. Une vielle fortune comme celle de madame Liliane Bettencourt n’atteint même pas la moitié de ce nouveau patrimoine ((La fortune de Mme Liliane Bettencourt est estimée, aujourd’hui, à 33,3 milliards de dollars américains)) alors qu’elle est la plus importante de l’Hexagone.
Les autres perturbations de l’ordre mondial sont le fait de plus jeunes gens comme Julian Assange qui, constatant la terrible asymétrie d’information entre les pouvoirs publics et les citoyens, veut lutter pour renverser les rapports de force. Il s’agit maintenant de protéger les informations à caractère personnel des citoyens contre les intrusions des pouvoirs publics et ensuite divulguer systématiquement les connaissances dont disposent les pouvoirs publics. A leurs yeux, c’est le droit de tout un chacun d’accéder à la connaissance de l’information détenue secrètement ou tout au moins discrétionnairement par les pouvoirs publics.
Une guerre sournoise a été déclarée à ces jeunes qui remettent en question l’ordre mondial longtemps dominé par des pouvoirs publics qui manipulent, trichent, déforment ou cachent des informations aux simples citoyens pour mieux les contrôler et ainsi les dominer. Si les tracasseries dont a souffert Bill Gates n’ont pas encore réussi à l’ébranler, Julian Assange vit depuis Juin 2012 dans l’ambassade de la république de l’Equateur à Londres. L’informaticien de génie, l’Américain Edward J. Snowden vit retranché dans la zone de transit de l’aéroport de Moscou depuis le 23 juin 2013. Plus grave, l’avion du président de Bolivie, Evo Morales, a été détourné sur l’Autriche dans la nuit de ce mardi 2 au 3 juillet sous prétexte qu’on le soupçonnait de transporter le jeune Snowden qui a divulgué les actes d’espionnage de l’administration Obama dans le monde. Cette obligation d’atterrissage ressemblait à s’y méprendre à un véritable acte de piraterie aérienne.
Les nouvelles technologies de la communication offrent désormais aux citoyens du monde une force de revendication et une liberté d’information telles que les pouvoirs publics ont intérêt à revoir leur statut et même la conception du pouvoir. Hier les états contrôlaient et possédaient les grosses fortunes, aujourd’hui ce n’est plus cas. Hier, les états détenaient les informations et pouvaient en distiller la quantité et la nature qu’ils estimaient suffisante pour les populations. Aujourd’hui, les citoyens ont la capacité d’aller puiser l’information là où elle se trouve et la traiter aussi bien et aussi vite que les cellules de crise étatiques grâce à la cybernétique. Le pouvoir est de plus en plus éclaté, multipolaire.
Le leadership d’aujourd’hui et de demain est confronté aux technologies nouvelles qui révolutionneront l’organisation du monde de fond en comble. La robotique et la nanotechnologie feront que les guerres changeront de nature, la médecine se transformera, le droit privé et international seront repensés. Les dirigeants du monde gagneraient à s’y préparer … en toute humilité.
