Beaucoup espèrent que les nouveaux magistrats vont redorer l’image de la justice burundaise, même si le scepticisme reste de mise chez certains. Mais qui sont ces magistrats ? Iwacu a essayé de retracer leurs profils.
<doc3198|right>- Me Jenje Emmanuel, président de la Cour Suprême : un homme d’expérience
Calme et réservé, Me Jenje Emmanuel est né en 1963 dans la commune et province de Gitega. En 1989, il décroche son diplôme de licence en droit à l’Université du Burundi. Ce père de quatre enfants a exercé son métier dans les régions de l’Imbo. Au début de sa carrière, il est nommé substitut du procureur de la République à Bubanza, de 1990 à 1991. De 1991 à 1992, il revient à Bujumbura comme substitut du procureur de la République en mairie avant de retourner une année plus tard à Bubanza comme procureur de la République. De 1993 à 1996, il devient procureur de la République à Cibitoke.
Ce n’est pas de l’expérience qui lui manque
1996, le nouveau président de la Cour suprême est nommé conseiller technique au Cabinet du ministre des réformes institutionnelles et des relations avec l’Assemblée nationale. Fonction qu’il occupera jusqu’en 1998. Il est chargé, entre autres, de donner des avis et considérations sur certains dossiers à analyser en conseil des ministres.
De 1998 à 2001, Me Emmanuel Jenje passe du conseiller technique au directeur des Réformes institutionnelles et des relations avec l’Assemblée nationale, puis une année après, on lui confie la même tâche avec toutes les deux chambres réunies, c’est-à-dire avec tout le parlement. De 2002 à 2005, il est appelé aussi à diriger tout ce qui est en rapport avec des réformes institutionnelles, des droits de l’homme et des relations avec le parlement. Il bascule de 2005 à juillet 2006 dans les droits de la personne humaine où il est nommé directeur général.
Vers la consultance
De juillet 2006 à février 2007, il a été successivement consultant indépendant à l’Unicef, à l’USAID, à l’ONG « Coalition pour mettre fin à l’utilisation des enfants soldats » et au PNUD. Il retourne dans le secteur judiciaire en février 2007 où il est nommé directeur des affaires juridiques et du contentieux et avocats conseils de l’Etat. De mars 2011 jusqu’à sa nomination, il était inspecteur de la justice.
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<doc3199|right>- Me Julie Ndayitwayeko, conseiller à la Cour suprême : « Rien que la loi »
Elle termine ses études supérieures dans la faculté de droit à l’Université du Burundi en 1997. Native de la colline Kigina, commune Mugamba de la province de Bururi en 1968, Me Julie Ndayitwayeko a été un peu partout dans le système judiciaire. Déjà à la fin de ses études, elle est recrutée au Tribunal de Grande Instance (TGI) en mairie de Bujumbura. En 1998, elle est désignée vice-président du tribunal de travail de Bujumbura où elle fera trois ans avant d’être le président du même tribunal. En 2006, elle est mutée à la Cour d’appel en tant que conseiller.
La même année, elle se dirige dans le secteur privée. A la Banque Burundaise pour le Commerce et l’Investissement (BBCI), elle travaille dans le service juridique, contentieux et recouvrement. Avec le privé, ça ne dure pas. En effet, en 2007, cette mère de cinq enfants réintègre le ministère public avec comme fonction conseiller au cabinet du ministre.
De janvier 2008 jusqu’au jour de sa nomination, elle était directrice de l’organisation judiciaire.
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<doc3200|left>Habonimana Josiane, président de la Cour administrative de Bujumbura : « La justice pour tous »
La lauréate de l’Université de Cocody (2000 à 2004) en Côte d’Ivoire, débute sa carrière professionnelle en mars 2006 au TGI de Bujumbura rural. De septembre 2008 à juillet 2010, elle travaille comme conseiller au secrétariat général de la Cour suprême. Elle est nommée présidente de la Cour administrative où elle était conseiller depuis août 2010. Cette maman de trois enfants est née le 14 mars 1976 à Rumonge, dans la province de Bururi.
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<doc3201|left>Me Jean Marie Vianney Nshimirimana, Président de la Cour administrative de Gitega : « Ce n’est pas par militantisme que j’ai été promu »
Me Jean Marie Vianney Nshimirimana (34 ans) est né en commune Mugamba de la province. Il a fait deux ans de candidature à l’Université du Burundi dans la faculté de droit et deux autres de licence à l’Université du Lac. Il termine en 2006. Dans le cadre de l’Institut des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix, il suit une formation sur le droit international humanitaire. De 2008 à 2010, il est juge au TGI de Bujumbura. Depuis janvier 2010, il est conseiller à la Cour d’appel de Bujumbura jusqu’au jour de sa nomination. Me Nshimirimana est également professeur à l’Institut Supérieur de Développement.
Ce père d’un enfant se dit conscient des problèmes qui minent le secteur judiciaire. Il reconnaît le phénomène de corruption, la lenteur dans le traitement des dossiers. Il estime qu’à la lecture des textes, la magistrature burundaise est indépendante. Cependant, il invite les magistrats à se défendre pour sauvegarder leur indépendance. A l’exécutif, il rappelle que les tâches sont partagées.
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<doc3202|left>Claudette Mugirasoni : « Je serai caractérisée par l’honnêteté et la ponctualité »
La nouvelle présidente du Tribunal de Grande Instance de Bujumbura Mairie est née sur la colline Kinyami, commune et province Ngozi en 1974. Elle a fréquenté l’école primaire Ngozi 4, avant de poursuivre ses études secondaires respectivement aux lycées Kanyinya, Gisanze et Busiga. Cette mère de 3 enfants a étudié à l’Université du Burundi dans la faculté de droit. Elle a décroché son diplôme de licence en 2003. Après ses études universitaires, Claudette Mugirasoni a été juge au Tribunal de Grande Instance de Bujumbura rural pendant 2 ans et 9 mois. Elle a ensuite travaillé à l’ONG « Agir dufatanye » où elle était assistante judiciaire.
Depuis février 2006, Claudette Mugirasoni a travaillé au tribunal du commerce. En 2009, elle a été nommée conseillère à la Cour d’Appel. Elle a par après été présidente du Tribunal de Grande Instance de Bujumbura rural jusqu’en février 2001, date à laquelle elle a réintégré la Cour d’Appel comme conseillère jusqu’à cette nouvelle nomination. Claudette Mugirasoni précise qu’elle sera caractérisée par la ponctualité et l’honnêteté : « Je me présente souvent au bureau vers 7 heures 10minutes. » Elle promet de lutter contre la corruption dans son secteur.
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<doc3203|right>Nadine Nsabimana : « Un accueil chaleureux sera réservé aux justiciables »
Après avoir terminée ses études de droit à l’Université du Burundi en 2005, Nadine Nsabimana a travaillé au tribunal de Résidence de Musaga. La nouvelle présidente du Tribunal de Grande Instance de Muramvya est née en 1976 sur la colline Murunga en commune Mungo-Manga. Depuis mai 2007, elle a été substitut du procureur dans la même province. Cette mère de trois enfants prévoit un accueil chaleureux aux justiciables : « Pour atteindre mon objectif, je ferai un contrôle rigoureux des greffes. » En outre, précise-t-elle, la présidente du TGI Muramvya promet de suivre de près les jugements rendus pour se rassurer s’ils sont conformes à la loi. Nadine Nsabimana promet d’être à la hauteur de toutes les injonctions et de lutter contre la corruption.
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<img3204|left>Adolphe Havyarimana : « Les dossiers en délibérés seront accélérés »
Le nouveau président du Tribunal de Grande Instance de Bururi est né en 1978 sur la colline Ruzira, commune Matana, province Bururi. Il a fréquenté l’école primaire Butwe et Ruzira ainsi que les lycées Rutovu et Rutana. Fondateur du Carrefour des élites cosmopolites (CECO) à l’Université des Grands Lacs, ce père d’un enfant a terminé ses études de droit à la même université en 2006. De septembre 2007 à mars 2008, Adolphe Havyarimana a travaillé dans une pharmacie et centre de santé.
Il a été par après nommé juge au Tribunal de Grande Instance de Ruyigi. En juillet 2009, il a travaillé comme juge au Tribunal de Grande Instance de Bururi : « J’assurais également l’intérim du président durant son absence. » Pour résoudre différents problèmes dans sa province judiciaire qu’il estime vaste, Adolphe Havyarimana compte multiplier les audiences publiques et accélérer les dossiers en délibérés.
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<img3205|right>Alexis Kabura : « Je vais faire respecter la loi »
Né en 1977 sur la colline Musotera en commune Mpinga Kayove de la province Rutana, il a fait ses études primaires à Kayero. Alexis Kabura a étudié aux lycées Gitega, Rusengo et Nyabiharage. Ce nouveau président du Tribunal de Grande Instance de Rutana a fait ses études de droit à l’Université de Ngozi. Il a décroché son diplôme de licence en 2004 et a travaillé la même année au tribunal de résidence de Giheta. Depuis juillet 2005, ce père d’un enfant a été juge au Tribunal de Grande Instance de Bururi. Alexis Kabura promet aux justiciables de sa province judiciaire de se référer à la loi dans tous les jugements qui seront rendus.
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<img3206|left>Yvonne Uwimana : « Nous serons au service des justiciables »
Native de la commune Isare dans la province de Bujumbura en 1979, Yvonne Uwimana a fait l’école primaire de Rushubi. Elle a poursuivi ses études secondaires au lycée communal Rushubi et au lycée Nyakabiga. En 2006, cette demoiselle termine l’Université du Burundi dans la faculté de droit, avant de défendre son mémoire en 2008, sanctionné par une licence. Encore célibataire, Yvonne Uwimana vient d’être nommée présidente du Tribunal du Travail de Bujumbura.
Avant d’entrer en fonction, elle a exercé un stage de trois mois à l’APRODH et a également fait une enquête organisée par l’ONG R.C.N/Justice et démocratie. En mars 2009, Yvonne Uwimana a été nommée juge au tribunal du travail. Elle promet d’être proche des justiciables : « Nous allons essayer d’accélérer les procès car la plupart des justiciables viennent de l’intérieur du pays. »
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<doc3207|right>Arcade Nimubona : « Je suis partisan de l’instruction à charge et à décharge »
Le nouveau procureur de la République en Mairie de Bujumbura est né en 1979 sur la colline Kigufi en commune Gishubi. Arcade Nimubona a étudié aux écoles primaires Ntita, Mutanga sud et Gikungu. Il a fait ses études secondaires au petit séminaire de Kanyosha et au lycée du Saint-Esprit. Après avoir décroché son diplôme de licence dans la faculté de droit à l’Université du Lac Tanganyika en 2006, Arcade Nimubona a travaillé dans une entreprise High Tech comme conseiller juridique jusqu’en 2008. Ce père d’un enfant a par après été nommé substitut du procureur en Mairie de Bujumbura jusqu’en 2011. De cette année jusqu’à cette nouvelle nomination, il était procureur de la République dans la province de Bujumbura.
Arcade Nimubona a été membre de la commission chargée d’enquêter sur le massacre de Gatumba. Il a également fait partie d’une autre commission qui a enquêté sur les infractions commises pendant la période électorale. Le nouveau procureur de la République en Marie de Bujumbura se dit partisan de l’instruction à charge et à décharge. Il promet de mener minutieusement des enquêtes avant d’arrêter les suspects : « En tant qu’officier du ministère public, je serai satisfait si les jugements rendus sont conformes à la loi. » Pour lui, l’emprisonnement sera l’exception et la liberté sera la règle. Ce footballeur est un point focal chargé du sport et culture au sein du ministère de la Justice. Arcade Nimubona joue dans différentes équipes en l’occurrence Alléluia FC, Gigi Sport, Gym Cana et Atletico.
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<img3208|left>Guillaume Mucowintore : « Priorité aux dossiers des détenus prévenus »
Né en 1978 sur la colline Rushemeza en commune Bururi, le nouveau procureur de la République à Rutana a étudié à l’école primaire Buta. Il a fait ses études secondaires aux lycées Bururi, Rumonge et au petit séminaire de Buta. Après le service civique obligatoire en 2000, Guillaume Mucowintore a poursuivi ses études à l’Université des Grands-Lacs jusqu’en 2006.
Guillaume Mucowintore a été assistant à la même université jusqu’en 2007. De cette année à cette nouvelle nomination, il était substitut du procureur de la République à Bururi. Ce père de trois enfants promet de faire respecter les délais prévus par le code pénal pour les détenus : « Les dossiers des détenus seront prioritaires. » Pour lui, des dossiers pareils ne vont plus rester dans les cabinets des magistrats.
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<img3209|left>Augustin Sinzoyibagira : « Strict respect des délais de procédure et de la loi »
Le nouveau procureur de la République dans la province de Bujumbura est né en 1979 sur la colline Mutambara en commune Rumonge. Après ses études primaires à Mutambara, Augustin Sinzoyibagira a fait les humanités générales au lycée de Rumonge. Il a ensuite fréquenté l’Université de Ngozi où il a obtenu son diplôme de licence en droit en 2004. De 2005 à 2011, il a travaillé comme juge, respectivement au tribunal de résidence de Rumonge, au Tribunal de Grande Instance de Bururi, au TGI Mairie et à la Cour d’Appel de Bujumbura.
Spécialisé dans le droit économique, option droits des entreprises, Augustin Sinzoyibagira a aussi obtenu au Japon le certificat d’expert en construction de paix. Ce professeur de droit des sociétés et de droit fiscal dans différentes universités privées promet de continuer à tenir des réunions avec les Officiers de la Police Judiciaire (OPJ) pour qu’ils respectent les délais de procédure en matière pénale. Ailleurs comme surtout au Japon, constate ce père de trois enfants, la forme est respectée car il ne faut pas que l’emprisonnement soit une règle.
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<img3210|right>Aloys Bamporubusa : « Qu’il n’y ait plus d’injustice ! »
Le nouveau président de la Cour d’Appel de Bujumbura est né en 1972 sur la colline Burima, commune Mutambu dans la province de Bujumbura. Ce fils ainé dans une famille de six enfants a étudié à l’école primaire de Karinzi. Après avoir réussi au concours national en 1988, il a été orienté au collège de Gisenyi où il a fait seulement la septième année jusqu’en 1989. Il a poursuivi ses études aux lycées de Muramvya et Rumonge. Depuis octobre 1996 jusqu’à en 1998, il était enseignant au collège communal de Mutambu.
En 1998, il a poursuivi ses études à l’Université du Burundi dans la faculté de droit. Il a obtenu son diplôme de licence en 2005. Il a été juge au tribunal de résidence de Muhuta en même temps professeur vacataire à l’école technique de gestion de Mutumba(ETG) où il dispensait les cours de droit de travail, de la personne et de la famille. Depuis juin 2006, il était substitut du procureur dans la province de Kirundo. En mai 2008, il a été nommé juge à la Cour d’Appel de Bujumbura. Depuis Mars 2011 jusqu’à cette nouvelle nomination, il était président de la Cour d’Appel de Ngozi. Ce père de 2 enfants promet de traiter les justiciables au même pied d’égalité.
Iwacu n’a pas pu rencontrer d’autres juges nommés. Il s’agit de :
– Fabrice Bayagwize, président de la Cour d’Appel de Ngozi
– Marie Goretti Nitunga, président du Tribunal de Grande Instance de Bujumbura
– Canésius Ndihokubwayo, président du Tribunal de Grande Instance de Gitega
– Prime Mbarubukeye, président du Tribunal de Grande Instance de Kayanza
– Thomas Ntimpirangeza, président de Tribunal de Grande Instance de Ruyigi
– Séraphine Irambona, procureur de la République à Gitega
– Ernest Nduwimana, procureur de la République à Muyinga
Des magistrats jeunes
En général, ces magistrats récemment nommés aux hautes fonctions judiciaires sont relativement jeunes. La plupart ont une trentaine d’années. D’aucuns estiment que l’espoir est permis avec ce nouveau sang dans la magistrature. La majorité de ces magistrats ne se sont pas « fourrés » dans des sales histoires et leurs promesses inspirent confiance. Pourtant, d’autres sont sceptiques. D’après eux, ils avaient une lueur d’espoir lors de précédentes nominations et pourtant, rien n’a changé. Certaines personnes ont toujours été emprisonnées et libérées sans que l’infraction retenue contre elles ne leur soit signifiée. Ernest Manirumva, ancien vice-président de l’Olucome ainsi que d’autres citoyens ont été assassinés.
Les enquêtes n’aboutissent pas. Certaines pistes n’ont pas été explorées. On espère que ces nouveaux cadres de la magistrature auront le courage de convoquer et interroger les hauts cadres de la police. Ces nominations sont intervenues après la déclaration de l’Union Européenne. La libération de Prime Nyamoya, Faustin Ndikumana et Jean Baptiste Manwangari ainsi que la récente réunion du conseil supérieur de la magistrature présidée par Pierre Nkurunziza auraient été le résultat de cette prise de position de l’U.E. Si ces nominations s’inscrivent dans le même cadre, ces magistrats doivent agir conséquemment dans l’exercice de leur fonction.