Les missionnaires d’Afrique, plus connus sous le nom de « Pères Blancs », ont célébré leur 150ème anniversaire ce samedi dans la paroisse Mbogora (province Mwaro). Une occasion de revenir sur le rôle joué par cette congrégation au Burundi.
Le terrain de football de la paroisse était noir de monde et, malgré une pluie battante, la foule était là, stoïque. Pour ne rien rater des cérémonies, des jeunes enfants étaient montés sur de grands eucalyptus qui bordent le terrain.
Mgr Joachim Ntahondereye, président de la conférence épiscopale du Burundi a rappelé que les missionnaires d’Afrique sont à l’origine de l’Église catholique au Burundi. Une occasion de souligner aussi le rôle important joué par cette congrégation dans le développement du pays.
« Ils nous ont appris à lire et écrire. Ils ont même contribué au développement de notre langue maternelle –kirundi ». Des écoles, des séminaires, des hôpitaux, etc., ont été construits. « Ils ont à leur actif un bilan très positif.»
Sous la houlette du cardinal Lavigerie, ces missionnaires ont en effet évangélisé une grande partie de l’Afrique, un continent cher à ce prélat français dont le portrait trônait à l’autel, à côté de celui des Pères Charles Deckers, Père Jean Chevillard, Père Alain Dieulangard, et Père Christian Chessel, ces Pères Blancs tués en Algérie en 1994 béatifiés le même jour par le pape François.
Les Pères Blancs n’ont pas toujours bonne presse, certains accusent les missionnaires d’avoir souvent évolué dans le sillage du colonisateur.
Dans son message, le Père Jean-Bosco Ntihebuwayo, à la tête des missionnaires d’Afrique, va nuancer cette image. Il a rappelé qu’avant 1868, certains considéraient l’Afrique comme une terre des ‘’petits hommes sauvages’’, sans intelligence, sans civilisation. « Certains de ses enfants étaient transformés en produits commercialisables. Des esclaves.»
On pouvait également lire une phrase attribuée au cardinal Lavigerie pour souligner son amour de l’Afrique. « Avec le Christ, toujours fidèles à l’Afrique » ; « Regardons le passé avec gratitude. Vivons le présent avec passion. Envisageons l’avenir avec confiance ».
Pour le Père Jean-Bosco Ntihebuwayo, ce jubilé devait être également une occasion pour une introspection. Il a regretté que malgré l’effectif impressionnant des chrétiens et des missionnaires, le chemin vers un monde meilleur, respectueux de la valeur humaine reste long. « Ne soyons pas des chrétiens lors des fêtes seulement ou brandissant seulement des cartes de baptêmes. »
Au Père Silas Nsabimana, nouvellement ordonné et futur missionnaire en Ethiopie, un message clair a été donné : « Que le changement de lieu d’apostolat ne soit pas seulement un départ géographique, mais qu’il aille de pair avec la conversion du cœur à l’Evangile que nous portons et qui doit nous porter.»
L’Amour d’autrui
Dans son homélie, Mgr Ntamwana, l’archevêque de Gitega, va appeler le clergé en général d’être des serviteurs de Dieu. « Vous êtes le pont qui lie les hommes à Dieu. Un temple de Dieu, malgré la faiblesse humaine ».
Autre intervention remarquée, celle d’Agathon Rwasa, 1er vice-président de l’Assemblée nationale. Il a demandé à l’Église catholique de continuer à soutenir le gouvernement dans ses actions de développer social du pays. A l’assemblée présente, il a rappelé l’amour d’autrui, la bonne cohabitation et la tolérance.
La messe a été animée par Mgr Simon Ntamwana, l’archevêque de Gitega, entouré par quatre autres évêques : celui de Rutana, de Bujumbura, de Ruyigi et de Muyinga. Une soixantaine de prêtres et de sœurs aussi participaient à l’eucharistie. Des délégations de la RDC, du Kenya, Nigeria, Ethiopie, Liban, Espagne, etc., étaient là.
Parmi les officiels, Agathon Rwasa, 1er vice-président de l’Assemblée nationale et Jean-Marie Nyakarerwa, le gouverneur de la province Mwaro.
Mgr Ntahondereye va subtilement glisser un message politique pour réhabiliter encore l’image des missionnaires en rappelant qu’ils ont appris aux Africains qu’ils sont « créés à l’image de Dieu. Ce qui a même motivé plus tard certains Africains à lutter pour l’indépendance de leur pays. »
Néanmoins, l’Afrique reste misérable, maltraitée. Selon Mgr Ntahondereye, l’amour de l’Afrique était la devise du Cardinal Lavigerie. « Vous êtes alors appelés à trouver des voies et moyens pour sauver ce continent tant cher au fondateur des Missionnaires d’Afrique. »