<doc516|right>Sur ce qu’il convient d’appeler, désormais, l’affaire Rukara, en l’absence d’un élément nouveau, Iwacu a décidé d’attendre l’évolution de ce dossier.
Nous respectons la présomption d’innocence mais, comme de nombreux citoyens, nous restons convaincus que l’ombudsman n’a pas le droit de se taire. Les faits sont suffisamment graves et sa crédibilité est en jeu.
Cette semaine, nous avons été choqués par l’éditorial au vitriol de radio Rema FM, livrant à la vindicte populaire, trois militants des Droits de l’Homme dont Pacifique Nininahazwe et Pierre Claver Mbonimpa. Bien entendu, à la lecture de ces quelques lignes, je sais que certains évoqueront l’éternelle «collusion» entre les médias et la société civile.
Mais en tant que responsable d’un organe de presse, je ne peux pas rester indifférent à cette charge violente des confrères. Même si, au passage, je sais que je m’attirerai quelques foudres. J’assume, donc, et le jour où Iwacu dériverait de la
sorte, j’espère que j’aurai droit à un rappel à l’ordre de la part de mes amis des médias.
Que Rema FM soit proche du parti au pouvoir n’est pas à vrai dire un problème. Dans les pays démocratiques, des médias peuvent choisir de s’aligner sur une idéologie. C’est courant, notamment aux USA. Tout le monde connaît le positionnement idéologique de Fox News.
Mais que la radio s’applique à présenter M. Nininahazwe et Mbonimpa comme des personnalités uniquement guidées par « l’appât du gain», des "mendiants qui passent leur temps en avion, à quémander l’argent des Bazungu en vendant
des cadavres de leurs concitoyens», là, je crois que nous ne sommes plus dans l’information.
Que les associations vilipendées par Rema FM demandent des soutiens pour faire fonctionner leurs associations, ce qui apparemment irrite la radio, quoi de plus normal! Dans le contexte actuel, les organisations de la société civile, les médias, et
même le gouvernement, survivent grâce aux soutiens de donateurs étrangers. On peut aimer ou ne pas aimer cela, mais c’est ainsi. Il faut plutôt espérer qu’un jour nous gagnions tous en autonomie. Et ma consœur et amie, Nancy Ninette Mutoni, la directrice de la radio, sait bien que Rema FM reçoit chaque mois des subventions de quelque part… Mais ce n’est pas incompatible pour faire un bon travail.
Chère Ninette Mutoni, si nous les journalistes, malgré tout, nous ne faisions que notre métier : informer. C’est facile et difficile en même temps… Peut-être que les militants de la société civile sont des "mendiants". Des mendiants des Droits de l’Homme.