A l’approche des dates sombres de l’histoire, certains individus rivalisent pour rappeler les atrocités subies. Ils s’accusent mutuellement sur des mémoires parallèles. Evariste Ngayimpenda, historien et professeur d’université, alerte sur le danger que représente cette situation.
Que comprendre par mémoires parallèles dans un contexte post-conflit ?
L’on parle de deux mémoires parallèles lorsqu’il s’agit d’un même pays, une même nation. Elles sont plus ou moins conflictuelles. Chaque groupe entretient la mémoire de ce qu’elle a vécu, de ce qu’elle a enduré du fait de l’autre groupe. Cela est en lien avec la prolifération des messages de haine. Vous ne pouvez pas entretenir des mémoires antagonistes sans vous livrer à une campagne de stigmatisation, de diabolisation, de haine contre l’autre groupe considéré comme source de vos malheurs. C’est un mauvais souvenir que vous avez en termes de perte des vôtres, pertes matérielles et pertes d’opportunités. Sans oublier la marginalisation et la stigmatisation sociale.
Quel danger peut survenir en cas de perpétuation de la mémoire parallèle ?
Quand vous entretenez des mémoires parallèles, vous éloignez des opportunités de convergence de mémoires. Ainsi, vous perpétuez les divisions et les conflits. Vous hypothéquez toutes les chances de développement d’une nation. En amont, vous sacrifiez les générations futures. C’est ce que le politologue Jacques Semelin appelle le ‘’NOUS’’ et ‘’EUX’’. Vous vous définissez comme s’il n’y avait pas de convergence possible. Vous vous définissez par rapport à l’inimitié, à la haine que l’un entretient envers l’autre. C’est l’impossibilité d’un destin commun. Vous ne pouvez plus vous mettre en tête que vous pouvez regarder un destin commun. On entretient des mémoires de haine car c’est la seule façon d’empêcher que les deux mémoires convergent un jour.
Quelle gestion adéquate pour limiter la prolifération des messages haineux ?
Il faut chercher la gestion adéquate du côté des institutions. Je vois trois types d’institutions. La première institution responsable du destin de la communauté dont elle a la charge est l’institution étatique avec ses structures et démembrements. Il lui appartient de contribuer à bâtir une nation, à cimenter l’esprit et le destin communs. Il y a l’institution scolaire qui sert de creuset et de vecteur de l’intégration à la nation. Le concept d’éducation nationale signifie que les générations passent à travers le même moule en termes de valeurs partagées, universelles qui sont enseignées partout.
Des enfants apprennent à se comporter par rapport à leurs identités sectaires, qu’elle soit religieuse, ethnique ou régionale. Mais ces dernières doivent se reconnaître dans une identité clé et fondamentale, une appartenance à une communauté nationale.
Ensuite, les confessions religieuses, les creusets d’apprentissage moral, des valeurs aussi universelles. C’est à l’église qu’on enseigne le pardon, l’amour du prochain et beaucoup d’autres valeurs positives. Mais pour les transmettre, il faut les incarner. Certains responsables nous offrent malheureusement des spectacles assez désolants en termes d’inspiration de valeurs.
Enfin, les médias doivent développer des lignes éditoriales qui aident à dépasser ces mémoires parallèles pour contribuer à rapprocher les communautés. La population doit dépasser son histoire, mais pas l’oublier. Ce n’est pas bon d’oublier son histoire, il faut l’assumer. Il faut essayer de la restituer, même si rigoureusement parlant, la restitution du passé est impossible.
Propos recueillis par Jérémie Misago
« Vous ne pouvez pas entretenir des mémoires antagonistes sans vous livrer à une campagne de stigmatisation, de diabolisation, de haine contre l’autre groupe considéré comme source de vos malheurs. » écrit le professeur E. Ngayimpenda.
Appliquée aux politiques de la Dynastie des Bahima à l’endroit des Burundais issus de clans de Bahutu, c’est exactement ce genre d’attitude qui constitue la meilleure preuve historique de l’aspect unique du plan de génocide de la dynastie des Bahima qui ont gouverné le Burundi de 1965 à 2005. Un plan de génocide rarement observé ailleurs dans le monde. Un style holocauste des Juifs; Doublé du style du système d’apartheid de l’Afrique du Sud’; Triplé de l’aliénation culturelle coloniale des Aborigènes du Canada par les Européens blancs avec son caractère de destruction d’identités.
« Vous ne pouvez pas entretenir des mémoires antagonistes sans vous livrer à une campagne de haine contre l’autre groupe », Ecrit Ngayimpenda.
Et voici ce que Le professeur Ngayimpenda appelle un discours de haine. Pour lui, il n’est pas permis à un Hutu qui a été victicme de la barbarie de la Dynastie des Bahima qui s’est installée au Burundi depuis le 28 novembre 1966, de dire quoi que ce soit sur ses errances. Dans la tête du professeur Ngayimpenda, il est impossible que le Gouvernement de Micombero ait commis un quelcoque crime qui mériterait une page dans ses résultats de recherches historiques qu’il mène depuis 27 ans. Oser dire que des Bahutu ont et tués par des Bahima. Ou bien un orphelin qui crie pour se faire entendre que son père a été tue innocent en 1972. Ce qui veut dire oser dire la vérité. Rien que la vérité. Gardée sous silence pendant près de 50 ans. C’est cette VERITE que le professeur Ngayimpenda n’aime pas. Et qu’il appelle message de haine. Quelque chose le derange. Quelle autre mémoire peut avoir un orphelin qui a perdu son père en 1972 et grandi orphelin depuis tout ce temps?
Appui a la candidature du professeur Ngayimpenda a la CVR Burundi
Un appel d’offre de l’Assemblée nationale vient de sortir et demande deux candidatures supplémentaires pour renforcer l’équipe de la CVR à établir les responsabilités individuelles et celles des institutions étatiques, et déterminer la nature des violations et les motifs qui ont conduit à ces violations. Nous appuirons les candidatures des professeurs Ngayimpenda et Émile Mworoha. Pour qu’ils aient enfin la chance d’aider leur pays à avoir une mémoire commune basée sur la vérité de ce qui s’est réellement passé sans faux fuyant. A moins qu’ils ne se reprochent de quelque chose.
Quelles sont ces mémoires parallèles au Burundi dont parle Pr.Ngayimpenda? Oui. C’est difficile d' »enseigner les valeurs que vous n’incarnez pas » et c’est cela justement le problème avec Ngayimpenda
Revisitez ses écrits sur l’histoire du Burundi et vous comprendrez quel personne il est et quelle est sa contribution à la fracture sociale burundaise.
Je pense que ce monsieur, Ngayimpenda devrait se taire tout simplement car, il est parmi les personnes qui ont faussé notre histoire. Combien d’années qu’il a enseigné les faussetés alors, qu’il connaissait bien le vrai du faut? Pourquoi il continue d’intoxiquer le public de ces mensonges? Est ce que nous pouvons dire qu’il est négationniste car aujourd’hui les ossements, les écrits de planification sont là, et ils parlent plus que dénigrer? Honte à tous ces historiens(Mworoha, Ngayimpenda et consorts) Burundais d’avoir enseignés à nos universitaires les mensonges, d’où leurs diplômes vont plus de papiers blancs que la connaissances acquises.
Abo bantu nka ba Mwroroha na Ngayimpenda « Ndabahenda » nibo « baroze » abana b’igihugu mukubigisha ibinyoma. Iyo baza kuba bigishe ukuri-vrai histoire, bari kuba bafashije abarundi kugira reconciliation.
Non, cher professeur! Les mémoires parallèles ou tout simplement conflit/guerre de mémoire ne sont pas des obstacles au destin commun. Loin de là. Rappelons d’abord que l’histoire est un enjeu majeur, un espace de luttes, de reconnaissance et de combats qui s’expriment à travers de divers supports. Les mutations dans ces supports modifient également en profondeur les enjeux de mémoire. Les mémoires se mettent en marche et elles obligent l’État , les institutions, les intellectuels à rompre les longs silences et les oublis volontaires. A coup sur, l’on est obligé de passer de ce temps des silences à autres chose: la reconnaissance de certains faits et parfois le processus du pardon ou des pardons…De là, on entre dans un processus de mémoire collective.
La de prolifération des messages haineux n’est que réducteur des enjeux en place. Ce que vous appelez message haineux peut simplement être une expression de la souffrance et sa propre mémoire. Comme visiblement il s’agit du Burundi dont on fait référence dans cet interview mais sans le nommer, rappelons simplement que nous sommes au début d’un processus: la fin du déni d’une histoire et des mensonges. Jusqu’à un passé récent, les fosses communes étaient un tabou au Burundi….
Oui les discours sont toujours excellents !
Mais « Certains responsables nous offrent malheureusement des spectacles assez désolants en termes d’inspiration de valeurs » aho niho hari ingorane ! Que la tête se comporte bien et tous les membres du corps suivront.