Le dernier numéro de club de la presse a mis en exergue la faible couverture de l’actualité internationale dans les médias burundais. La grande question est celle de savoir si c’est un choix éditorial délibéré des différents médias locaux. Du côté de l’opinion des auditeurs et téléspectateurs, un micro baladeur de club de la presse a montré plutôt qu’il s’agissait plutôt d’une lacune à corriger pour permettre au public d’avoir un large choix et une ouverture sur le monde. L’enclavement géographique entraîne l’enclavement mental, ont trouvé encore à redire les personnes interrogées. Du côté des invités, Simon Nkururu, journaliste indépendant et consultant en communication a rappelé qu’il fût longtemps directeur général de la radio nationale du Burundi et connait ce genre de problèmes : « Nous avons des médias qui ne s’adaptent pas aux réalités du moment. On se contente des journaux d’information le matin, à la mi-journée et le soir. Là aussi, les journaux n’excèdent pas 15 minutes. Comment alors pouvoir tout dire en un laps de temps aussi court ? Si on ne réforme pas les programmes, on aura du mal à satisfaire à l’information du public. Même l’actualité nationale n’est pas couverte de manière exhaustive faute de temps suffisant. Vous pouvez des fois tomber sur un journal consacré entièrement à des faits divers. Il y a eu des études sur la question de la place de l’actualité internationale dans les médias burundais. Elles ont montré que la radio nationale est la préférée des auditeurs. Quand on passe sous silence une information importante, on est contre l’information du public ». De l’avis de Athanase Karayenga, journaliste indépendant et consultant en communication, « 15 minutes, c’est peu mais il y a encore plus grave que cela. La formation des journalistes est extrêmement lapidaire. La lacune vient donc de très loin. Dans le temps, on avait comme sources d’informations gratuites et continues les agences de presse internationales comme l’agence France presse, Reuters, etc. Aujourd’hui, aucun médium ne peut avoir un fil continu de grandes agences internationales de presse du fait du coût élevé que cela implique. Il y a quand même l’internet, mais là aussi, c’est le serpent qui se mord la queue étant entendu qu’il faut savoir recourir et exploiter judicieusement ce nouvel outil de communication. D’un autre côté, les journalistes indépendants ne sortent que rarement du pays et devraient être associés aux voyages officiels des hautes personnalités du pays pour acquérir de l’expérience. Le mieux est de former les journalistes et de créer des desks spécialisés en différents thèmes ». Du point de vue de Jean Berchmans Bizindavyi, journaliste à la radio nationale du Burundi, « les auditeurs ont droit à une information diversifiée. Ils ont encore le droit de connaître ce qui se passe en dehors du Burundi. A un certain moment, je pense encore qu’au-delà des problèmes de formation et de manque de temps, il y a aussi la question du choix éditorial. Quand un drame se produit à l’extérieur du pays, il faut pouvoir en parler dans les médias locaux, mondialisation oblige ! Il faut en somme s’ouvrir aux autres. »