Les Batwa du quartier Mugaruro vivent grâce aux aides, à la mendicité, à la prostitution, à la fabrication des briques cuites, à la consommation des restes de nourriture qu’ils ramassent dans le plus grand dépotoir de Bujumbura qui se trouve tout près de chez eux.
Une fille, timidement le visage maquillé, sort du quartier. Elle avoue qu’elle sort pour {« kurondera ubuzima »} (chercher la vie). « Si je ne me déplace pas pour me trouver un homme, je ne pourrai pas me nourrir », explique-t-elle.
Il est encore onze heures. Le soleil est presque au zénith. au quartier Mugaruro. Les 4ha de son étendu couvrent trois cellules : Nyarumanga, Kinyankonge et Mugaruro. 334 ménages y vivent avec 5 à 6 enfants en moyenne par famille. 215 ont déjà acquis leurs propres maisons de 9 x 11m de superficie.
A l’entrée principale de ce « quartier », des personnes sont assises devant une petite boutique où on sert de la bière. Certains jouent aux cartes, d’autres échangent des blagues. Les maisons sont rangées et chacune porte un numéro. Elles ont été construites grâce aux bienfaiteurs de certaines églises, au Care Internationale et au Programme des Nations-Unies pour le Développement, (Pnud).
A l’intérieur de ce quartier, certaines femmes préparent le repas avec le peu de produits mendiés ou ramassés dans le dépotoir. Les petits enfants, nus pour la plupart, jouent dans les espaces qui séparent les maisons. Quant aux hommes, devant leurs maisons, ils entassent les briques les unes sur les autres pour les faire cuire et les vendre après.
De grands trous, dans lesquelles ils extraient de la boue, sont facilement remarquables juste devant leurs maisons. « Nous leur recommandons d’abandonner cette pratique, de peur que leurs maisons ne s’effondrent, mais sans succès », affirme Ernest Ngenzi, chef du quartier.
Les autres maisons sont fermées. Leurs propriétaires sont allés mendier ou chercher les restes de nourriture dans le dépotoir des déchets de la capitale Bujumbura. Des personnes âgées, des jeunes ou adultes actifs, des enfants, tout le monde est parti fouiner dans cette gigantesque décharge.
Côté santé, ces Batwa tombent régulièrement malades et souvent meurent, surtout les enfants. De plus, selon le chef du quartier, ces derniers ont beaucoup de difficultés à fréquenter l’école ou à réussir s’ils y vont. « Les Batwa de Buterere ne s’intéressent même pas au VIH/Sida. Ils croient, dur comme fer, qu’ils ne peuvent pas l’attraper. Même quand ils se font dépister, ils ne vont jamais récupérer les résultats », déplore Ernest Ngenzi.
Cette communauté des Batwa s’est installée à Buterere en 2000. Leurs familles se sont agrandies. Par conséquent, les parcelles sont devenues trop étroites. Depuis, ils n’ont jamais eu de parcelles pour cultiver, ni de l’eau potable. L’Etat, demande le chef de quartier au nom de toute la communauté, doit tout faire pour que notre communauté vive dans de bonnes conditions en respectant les droits de l’Homme. « Nous sommes, nous aussi, des enfants de ce pays », interpelle-t-il.