L’Association des Malades du Cancer au Burundi reprochent aux médecins de ne pas annoncer leurs soupçons aux patients. Elle estime qu’en sachant qu’il souffrirait d’un cancer, le patient pourrait adopter des comportements adaptés à cette maladie.
Selon Agrippine Nyandwi, malade du cancer et représentante de l’Association des malades du cancer au Burundi, quand les médecins burundais soupçonnent un cancer, ils ne le disent pas au patient. «Il lui dit d’aller se faire soigner, s’il en a les moyens, à l’étranger, parce qu’ils n’ont rien trouvé. Si tu n’en as pas, ton cas n’est pas traitable au Burundi. » Et de s’interroger : « Les médecins ont-ils peur du cancer alors que l’on sait que pendant leur formation, ils apprennent comment annoncer une maladie grave ? »
Cette représentante des malades ne comprend pas pourquoi les médecins disent qu’ils n’ont rien diagnostiqué alors qu’ils ont soupçonné le cancer. Et de leur demander avec insistance : « Dites ce que vous suspectez pour que le malade puisse voir comment se tirer de sa situation. »
« On ne peut pas donner une information tant que l’on n’est pas précis »
Selon Dr Gabriel Nahayo, spécialiste des maladies chroniques, le cancer est méconnu au Burundi et le pays n’a pas de personnel qualifié. « Les traitements sont tardifs d’où une mortalité élevé. » Il évoque aussi un problème lié aux médecins spécialistes qui ne reconnaissent pas qu’il y a d’autres qui soignent plus qu’eux et qui mettent dès lors en avant des intérêts. Mais le docteur Nahayo invoque tout de même les règles du métier : « On ne peut pas donner une information tant que l’on n’est pas précis. »
Les médecins citent notamment le manque de financement dans le traitement des cancers au Burundi parmi les handicaps majeurs. C’est au moment où le diagnostic à l’étranger peut coûter jusqu’à 125 mille dollars américains.