Dimanche 24 novembre 2024

Sécurité

Les longues nuits des rondes

La nuit, par tour de garde, les habitants des quartiers dits contestataires ne dorment que d’un œil. À travers les rondes, ils veillent à leur sécurité.

Nyakabiga, des jeunes en faction à un coin de rue
Nyakabiga, des jeunes en faction à un coin de rue

Il est 20h30 à Nyakabiga. L’avenue de la République, d’habitude bruyante à cette heure, ne compte que quelques passants furtifs, visiblement pressés de rentrer chez eux. Au bord de l’avenue, des hommes assis sur des caisses de bière discutent devant un petit bistrot mal éclairé. Ils scrutent attentivement les visages de chaque passant. « On ne sait jamais, il peut y avoir des infiltrés», explique un jeune homme tout en sirotant une bière.

À partir de ce moment, ils commencent à s’activer. Des cordons sont tendus en travers des avenues, de grosses pierres roulées au milieu de la chaussée, les boutiques, une à une, commencent à descendre les rideaux. Au loin, des crépitements de fusils, qui font accélérer le mouvement. En moins de temps qu’il ne faut pour le décrire, le quartier revêt l’apparence d’un camp fortifié. La garde vient de commencer.

Les rondes, un système d’alerte

23h. Le quartier Nyakabiga semble enveloppé dans une chape de plomb. Les hommes ont laissé la place aux chats, qui gambadent sans souci au milieu des avenues, dans un silence spectral. Il faut être attentif pour remarquer les individus calés dans les encoignures des murs, se fondant à la nuit noire. Armés de gourdins, de machettes et de leur supra arme, le sifflet, ils se parlent entre eux dans des chuchotements inaudibles.

À propos de leurs moyens de défense, ils restent dubitatifs : « On ne peut pas dire qu’on est armé. Contre des armes à feu, on ne fait pas le poids. » A y regarder de près, les rondes restent en grande partie dissuasives, ces gardiens improvisés ne pouvant pas tenir tête à une intrusion d’hommes bien armés, scénario auquel ils sont souvent confrontés. Samedi 30 mai, 2h du matin : quatre hommes armés dans une voiture de marque TI pénètrent dans le quartier 7 de Ngagara en passant par Kamenge. Contre leur feu nourri, répond des coups de sifflets, qui se propagent de quartier en quartier. Le raffut finit par ameuter des militaires, qui interviennent pour arrêter la voiture et ses occupants.

« On nous a retiré les militaires qui nous protégeaient, maintenant, nos rondes ne servent qu’à alerter les gens et à les inciter à gagner des cachettes sûres », déplore un habitant de Nyakabiga.

« Une peur fondée »

La grande raison qui pousse les gens à troquer la chaleur des lits douillets au froid transperçant des rondes est la peur d’être arrêtés un à un dans la nuit, ou tout simplement d’être exécutés sommairement pendant la nuit. Anaclet est professeur dans un collège de Nyakabiga. On le rencontre à la 13ème avenue Nyakabiga faisant son quart, qui va de minuit à 2 heures du matin. « Depuis la mort de Zedi Feruzi, j’ai compris que personne n’est en sécurité. Les arrestations nocturnes, passons, mais des assassinats, on ne peut pas se laisser faire», fulmine-t-il.

Même si en général la plupart des nuits passent sans incidents majeurs, parfois, il en est autrement. À Cibitoke, on a déjà repoussé à deux fois des assauts nocturnes d’individus catalogués comme Imbonerakure. La nuit du 31 mai a aussi vu l’arrestation de trois jeunes du quartier 3 de Ngagara qui faisaient la ronde à proximité du Boulevard Mgr Buconyori.

6 heures à Nyakabiga. Le soleil commence à poindre au dessus des montagnes. Les habitants débarrassent les rues de leurs barricades, tandis qu’une cinquantaine de policiers viennent prendre position à chaque carrefour sur l’avenue de la République. C’est reparti pour une autre journée de « manifestions-répressions », et une nuit où tout le monde ne dormira que d’un œil.

Forum des lecteurs d'Iwacu

14 réactions
  1. MINANI

    Ni basabe Imana gusa bihere kuko chances yabo ni uko ari muci. Imvura niyatangura kugwa bikiri uko, muzoba mumbwira ingene bizogenda. Amarondo twese twarayaraye imyaka n’imyaka, turazi aho ubushobozi bwayo bugarukira iyo ubutegetsi buhari butabishigikiye!!!!

  2. mutama

    @ lololo&mk82

    Faut pas m’en vouloir. Vos jeunes sont drogues, ni moins ni plus. Ne dites comme si vous ne savez pas qu’ils pillent des passants, que nous leurs donnons 5, 10 mille pour sortir de nos residences.
    2. Ils sont la version 2015 de sans echecs parcequ’ils tuent des personnes avec la meme cruaute que celle de la version ancienne de sans echecs. Pneus, barricades,calcination de vehicules, maisons, etables, etc. Je vous place devant des faits, des crimes ventes sur les ecrans des plus grandes radio, tv-mercenaires de l’occident. Pas donc question d’animosite contre qui que ce soit, j’ai plutot beaucoup de pitie pour nos adolescents pris en otages par de vieux sans echecs convertis gratuitement en defenseurs de droits humains, meme si on le voit, ils virent tres rapidement vers de veritables chef de guerre.

    Quant aux imbonerakure que vous persecutez, et bien, ce sont eux qui hebergent les mamans, les tantes et freres des insurges a kamenge, kinama, gitega, ngozi, etc. Mwihangane rero akariho karavugwa. Turabakunda, on souhaite que vous voir revenir a la raison, nous avons tres bien appris a vivre avec des indomptables.

    • Menard

      Qu’ils sw laissent massacre! Quel cynisme!

  3. ntsimbiyabandi

    « La nuit, par tour de garde, les habitants des quartiers dits contestataires ne dorment que d’un œil. À travers les rondes, ils veillent à leur sécurité ». Revenez à vos reportages d’il y a quelques années où vous vous acharniez sur les populations qui faisaient la ronde. Vous les qualifiiez d’imbonerakure, de génocidaires. Comment alors qualifiez-vous aujourd’hui ces jeunes de vos quartiers? Laissez-les se reposer, laissez-les allez à l’école, laissez-les construire leur avenir. Il vous sera difficile de les faire revenir à la raison à moins que vous les prépariez à entrer dans la guerre, même-là leur désarmement vous coûtera très cher à la fin de la guerre.

    • Inyankamugayo

      Nukuri utwibukije ukuri. Bavuga ngo imbonerakure zirara zirakizura! None ivyo urwo rwaruka rukora uno musi ni ibiki. Imana ihora ihoze. Muca muvuga ngo ‘une peur fondée’. Umengo abandi nta burenganzira bafise bwo kugira ubwoba.
      Ahandi ngo imbonerakure zitoza amahera ku nguvu, urazi ayo tumaze imisi dutanga?

      Numvise baririmba ngo ambara ikirato gikomeye duhonyore inkona kw’izosi. Ivyo bivuga iki. Bitandukaniye he na ndakumesa. Urwo rwaruka ku musi wa coup d’Etat bavuze bati inkona turayimeshe.

      Ntakizokiza Abarundi atari urukundo. Kandi bamwe n’abandi bomenya ko ataco tuzoshikako Imana itagiye imbere, maze tukava mu vyaha: Ubwicanyi, ubusambanyi, ubusuma, amacakubiri,….

  4. Et pendant ce temps, le patron du Burundi et son conseiller principal chargé de tout ainsi que le reste de la clique dorment tranquillement car dans « 99,99% du pays, tout va bien » et ils ne comprennent pas pourquoi les gens manifestent « seulement dans ces 4 quartiers ».
    Je me demande à quand le retour à la normale!!! Dieu où es-tu pour dire à notre président qu´il suffit d´un petit geste et tout redevient comme avant ou mieux: renoncer au 3ème mandat?!!!!

    • kira

      uwubuzi: Tu es vraiment loin de la vérité toi qui pense (à l heure qu il est)que le vrai problème EST « LE 3ieme MANDAT »!!! Wait & see!! tu seras désullusioner!!

  5. Mutama

    « on a déjà repoussé à deux fois des assauts nocturnes d’individus catalogués comme Imbonerakure ».

    Cher reporter « Armel Uwikunze »,

    Je trouve plutot que vous continuer a faire partie du probleme au lieu de chercher a eclairer l’opinion. Quand vous parlez d’attaques de pesonnnes catalogues comme des Imbonerakure, quelle information voulez vous passer au public. Combien de fois des gens ont ete catalogues comme des Imbonerakure? Combien de fois ces gens etaient-ils des Imbonerakure? Pourquoi tenter de nous faire avaler des hypotheses absurdes comme ca? J’ai besoin de savoir si tu as eu le courage de demander a tes informateurs comment ils ont conclu que certaines attaques sont menes par des Imbonerakure. Encore des attaques nocturnes. Ce n’est pas parce que des jeunes nourris de drogue affirment gratuitement qu’ils ont vu des Imbonerakure que cela est vrai. Tes informateurs ont torture un congolais, un franco-burundais, un ougandais; ils ont tue plusieurs autres citoyens innocents passes pour des Imbonerakure ou des FDLR. Combien de fois des forces de l’ordre ont ete appeles des Imbonerakure? Je crois que vous etes en train de jouer avec le feu, celui de diviser les Burundais.

    « …provenant de Kamenge… » Ici aussi, ton reportage cache une intention de nuire. Retenez tous simplement que Kamenge est devenu un refuge pour nombreuses familles de Ngagara et d’autres quartiers sous insurrection. Et les gens de Ngagara, y compris nos amis SANS-ECHEC modernes sont vus du matin au soir gambader dans les rues de Kamenge, et personne n’y est inquiete, contrairement a l’autre cote. Il faut donc mettre au clair ton intention. Sinon, je crois que vous devez savoir qu’il n’est pas acceptable que de petits insurges drogues soient permis d’empecher la circulation, aussi bien diurne que nocturne.

    • Key

      Très bien dit, Mutama.

    • Que me journaliste se retienne. Les questions de cette personne dénommée « Mutama » ne méritent pas de réponses. Ce ne sont que des menase contre les journalistes indépendants et nous en sommes déjà habitués. La Maison de la Presse étant déjà cédée à Rema FM, il reste à céder les équipements et autres matériels d’IWACU au journal INTUMWA. Et tous les moyens sont bons. Ce pays!

      Ndi LOLOLO, Umugumyabanga atari umugumyabondo.

    • Mk82

      Mbega Mutana aho ntiwokwiyishura ww nyene ngo des jeunes drogués, tu peux affirmer ça. Hama abo ba sand echecs uvuga bari mukamengeni race none ww wabineny gute. Ba mureka kuba mwinyegeza ukuri ahubwo gerageza muhanure abo ba jeunes [imbonerakure, drogués , sans echecs] bave inyuma yabababesha

    • Jambo

      @Mutama
      Calmes toi, tes écrits reflètent une animosité qui t’animent et que tu déverses gratuitement sur l’auteur de l’article qui ne fait que rapporter les faits et non des rumeurs.C’est un professionnel.
      Comme tu recherches la vérité,fais tes propres enquêtes pour démentir l’information sur le site sans pour autant verser dans les préjugés.

  6. kindros

    numva bitoroshe, none iyo zuguruzuguru izohera ryari mwabantu mwe, uwuramvye a
    zobona vyinshi mu Burundi

    • mutima

      cela se terminera quand les paresseux se resoudront d,abandonner le desordre et re prendre le travail. Apparemment ils se plaisent a ne pas dormir car a ce que je sache, il n ya pas de guerre au Bdi. On peut penser qu,ils savent ce qu,ils sont en train de preparer mais la guerre n,est jamais et jamais bonne. pensez-y.

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