Les partis politiques qui décrètent le huis clos sélectif pour certains journalistes lors de la tenue des congrès. Voilà le gros du menu lors du dernier débat du Club de la presse.
Pour Innocent Muhozi, Directeur général de Télé-Renaissance, le huis clos peut être légitime : « Si, néanmoins, on autorise certains journalistes à rester, il faut protester contre cette forme inadmissible de ségrégation. Certains ne réalisent pas à quelle époque on est aujourd’hui », explique-t-il : « La rétention de l’information est une obstruction à la liberté de la presse. C’est contraire à la constitution, aux lois du pays. »
Pour Athanase Karayenga, journaliste indépendant et consultant en communication, « toute organisation a le droit de décréter le huis clos.
Mais dans le cas des journalistes qui sont restés dans la salle lors du dernier congrès du parti présidentiel, je trouve cela choquant. » Car, continue-t-il, « ceux qui restent font un métier de propagande. C’est la naissance d’un métier nouveau, où il s’agit de faire de la communication et non du journalisme qui traite de l’information, des faits pour que le grand public se fasse sa propre opinion : « Faire de la communication, c’est, par contre, essayer de convaincre les gens à adhérer à vos convictions. On devient propagandiste. Certains médias, dans ces conditions, perdent la crédibilité », continue-t-il, avant de souligner « le plus inquiétant : voir des médias privés utiliser des moyens publics dans ce travail de communication. »
Philbert Musobozi, du Centre burundais de la liberté de la presse trouve par contre que le huis clos est « en quelque sorte, contraire au sacro-saint principe du droit du public à l’information. Au cas où il devient sélectif, les journalistes devraient être solidaires et sortir tous ensemble. » Ce journaliste à la RPA n’a pas manqué d’appeler « le Conseil national de la communication (CNC), qui ne devrait pas rester passif face aux atteintes à la liberté de la presse. »
Du côté des spécialistes du droit des médias, les nuances sont de taille en ce qui concerne la liberté de la presse qui n’est « jamais absolue » ( voir page 18-20 de l’études de Me Gérard Ntahe sur les « Textes juridiques et déontologiques régissant les médias au Burundi », Février 2009) : « La liberté de presse ou d’expression n’est donc ni absolue, ni illimitée et le journaliste ne peut pas tout dire ou tout montrer. La liberté de la presse ne doit pas non plus être considérée comme un privilège donné à quelques femmes et hommes d’écrire à leur gré en ayant l’assurance de ne pas être inquiétés », peut-on encore y lire dans l’étude.