« La montagne a accouché d’une souris. » Réponse d’un journaliste envoyé couvrir la réunion entre le chef de la diplomatie burundaise et les représentants des Etats de l’Union Européenne (UE) au Burundi, ce 2 février. L’issue de cette rencontre était tellement attendue que les médias voulaient en faire un « événement. »
Et, ils n’étaient pas les seuls. « La réunion prévue pour février sera l’occasion d’aborder la question de la levée des sanctions contre le Burundi », avait laissé entendre un haut responsable de la diplomatie burundaise. Une grande opinion s’attendait à une avancée concrète. Cependant, le communiqué de presse surprendra plus d’un. On lira que « les deux parties se sont félicitées de l’excellent climat constructif qui a présidé à leurs échanges et ont convenu de les poursuivre dans la perspective de déboucher dans les meilleurs délais sur des résultats concrets. » De la pure langue de bois.
Diplomatie quand tu nous tiens ! Dans son allocution d’ouverture, le ministre burundais des Affaires étrangères semblait donner un coup d’accélérateur à cette reprise de dialogue politique pour un résultat immédiat : « Nous n’avons pas le droit de traîner dans cet exercice de dialogue. Nous devons travailler d’arrache-pied afin de conclure ce dialogue dans les plus brefs délais. »
Mais de son côté, le Chef de la Délégation de l’Union Européenne souhaite une normalisation graduelle, progressive, des relations avec le Burundi, « l’essentiel est le cheminement. » Cela m’a fait penser à l’écrivain brésilien, Paulo Coelho, qui dit que la diplomatie c’est aussi « l’art de reporter les décisions jusqu’à ce que les problèmes se résolvent d’eux-mêmes. » Un diplomate européen m’a rappelé que l’Union Européenne maintient son soutien financier à la population et son aide humanitaire.
Il apparaît que dans l’immédiat, les deux parties semblent avoir une approche différente de « déboucher dans les meilleurs délais sur des résultats concrets. » Mais il faut aussi reconnaître cette volonté politique qu’a chacune d’elles qui a permis de relancer le dialogue politique après près de cinq ans de brouille diplomatique. Apparemment les lignes bougent, mais un peu. Restons positifs. L’essentiel pour les deux partenaires est de lever les malentendus dans le respect mutuel, de « se libérer du passé et tourner le regard vers l’avenir en reconstruisant leur relation ».