<doc516|right>L’incendie du marché central de Bujumbura est une réédition de plusieurs autres sinistres qui ont frappé les marchés à travers le pays. La liste donne le tournis : en septembre 2001, le marché de Gitega brûle, celui de Mutaho, en décembre 2010. En 2011, les marchés de Kayogoro, de Bururi et de Nyanza-Lac partent en fumée. Dans la nuit du 1er au 2 janvier 2012, le marché de Kamenge brûlait, alors que celui de Ngozi sera en feu par quatre fois. La liste n’est pas exhaustive.
Lors de tous ces incendies, le manque de moyens logistiques et d’intervention avait déjà été souligné.
Ainsi, dans une édition de janvier 2012, après l’incendie du marché de Kamenge, le journal Iwacu avait montré [comment l’encombrement des voies de secours->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1733] n’avait pas permis aux pompiers de sauver le marché.
L’incendie du marché central de Bujumbura est une catastrophe nationale. Véritable poumon économique, le marché faisait vivre des dizaines de milliers de personnes et permettait à la capitale de s’approvisionner en vivres et en biens. Sa destruction est une tragédie et ses conséquences seront profondes, durables. C’est un coup dur pour une économie déjà moribonde.
Les conséquences humaines directes sont terribles : des milliers de commerçants ont tout perdu, les petits vendeurs de sachets d’emballage, les porteurs de marchandises dans le marché, bref, toutes ces personnes qui vivaient d’une myriade de petits boulots, informels, qui se retrouvent du jour au lendemain au chômage.
Ce sont certainement de dizaines de milliers de personnes qui, de près ou de loin, survivaient grâce au marché et se retrouvent maintenant sans revenu.
Il faudra s’attendre dans les prochains jours à l’explosion de la mendicité et de la petite délinquance, voire de la violence. Et ce pour plusieurs années (le temps de reconstruire un nouveau marché …)
Mais il n’ y a aucune fatalité dans cette tragédie. Ayons le courage de dénoncer l’incurie de certaines autorités qui n’ont tiré aucune leçon du passé.
Maintenant, il s’agit de gérer la catastrophe. Nous allons encore promener la sébile pour faire face à la situation. Et nous espérons que les amis du Burundi seront de nouveau sensibles.
Mais ce qui nous manque le plus ce sont des hommes qui savent tirer des leçons du passé. Prévoir, anticiper, des vertus essentielles pour diriger.