Mardi 19 novembre 2024

Société

Les latrines au centre-ville de Bujumbura, loin d’être des lieux d’aisance

Les latrines au centre-ville de Bujumbura, loin d’être des lieux d’aisance
Un lieu d’aisance payant en plein centre-ville

Le 19 novembre de chaque année est dédié à la journée mondiale des latrines. C’est au moment où dans la capitale économique de Bujumbura, ces lieux d’aisance sont insuffisants voire inexistant dans certains espaces publics.

« Faire prendre conscience de l’importance des toilettes et de la situation des personnes qui vivent sans accès à un assainissement géré en toute sécurité », est une des raisons d’être de cette journée.

Il est 15h à l’ancien marché central de Bujumbura. Un lieu de passage obligé pour les citadins venant de leurs quartiers ou qui rentrent après leur boulot puisque c’est autour de ce périmètre que se trouvent les parkings des bus desservant toutes les zones de la capitale économique.

Sur les deux lieux d’aisances, l’un en face de la galerie Plaza, l’autre près des taxis desservant le nord de la ville, les gens viennent les uns après les autres, il n’est pas rare que les gens fassent la queue.

Une pancarte marquant les frais à payer pour se soulager est accrochée au mur de l’entrée conduisant vers les toilettes : « Des toilettes par ici. Payez 500 FBu à la fenêtre », lit-on en langue nationale. Il y a des gens qui viennent étant pressés, mais il faut respecter l’ordre d’arrivée.

C’est au centre-ville, un carrefour où se rencontrent plein de gens mais il n’y a que ces 2 lieux d’aisance dans cet espace public.

Lorsque le besoin de se soulager appelle, les vendeurs œuvrant aux alentours du centre-ville ou d’autres personnes faisant les courses, les difficultés commencent pour celui ou celle qui ne maîtrise pas l’emplacement des autres lieux d’aisance, souvent réservés aux privées et aux clients.IL faut toujours négocier pour avoir la clé de ces endroits.

Le prix d’accès aux toilettes des espaces publics qui était à 200 FBu, il y a quelques mois, a été revu à la hausse, il faut se munir de 500 FBu, se lamentent quelques usagers approchés.
« Le prix à 500FBu est inabordable. Je passe toute la journée ici. A chaque passage je dois payer 500f. Je peux y passer 3 fois par jour, donc 1500fbu. Imaginez 1500 FBu pour accéder aux toilettes seulement, avec cette flambée de prix de tous les produits de première nécessité, cela fait mal au panier de la ménagère », se plaint Adidja, vendeuse des légumes au centre-ville de Bujumbura.

Tout le monde ne parvient pas à avoir ces frais d’accès aux toilettes. Eric, un jeune homme qui tient une balance au pavé devant la galerie Plaza confie qu’il n’a toujours cet argent.

« Ce n’est pas tous les jours que j’arrive à avoir ces frais d’accès aux toilettes. Quand je n’arrive pas à trouver le montant exigé, je me soulage dans des toilettes des restaurants ou bars même si des fois, les agents de sécurité me refusent l’accès à ces lieux », déplore-t-il, un brin déçu.

Le caissier chargé de la collecte des frais d’accès aux toilettes, rencontré, n’a pas voulu en dire plus. Il affirme ignorer les raisons de cette hausse des frais, une mesure prise par son patron.

La plupart des citadins qui se rendent en ville préfèrent se retenir et attendre le retour à leur domicile pour se soulager plutôt que de payer ces frais.

« Les 500 FBu, c’est presque un ticket de bus, c’est une dépense énorme, pour des gens qui y vont plusieurs fois », affirme un passant interrogé.

D’autres personnes approchées ont confié qu’ils n’ont d’autres choix que de payer la somme exigée : « C’est un besoin naturel et on ne peut pas se retenir tous les jours. Parmi nous, il y a des personnes vivant avec des maladies comme le diabète, ils doivent se soulager en cas de besoin ».

Les autres et ils sont nombreux, se soulagent au bord des rues pour les petits besoins ou quelquefois, c’est la « grande commission ». En dépit des sensibilisations faites, ces mauvaises habitudes persistent.

L’hygiène et l’assainissement dans ces lieux d’aisance laisse à désirer. Des eaux coulent sans arrêt, les fuites ne sont pas réparées.

Une demoiselle qui tient un stand dans la galerie Lilia évoque le problème d’eau. « En cas de coupure d’eau, les toilettes sont fermées. On risque d’avoir des complications à la longue, à force de nous retenir plus longtemps ».

Rappelons qu’en 2021, la mairie de Bujumbura avait annoncé le projet de construction des lieux d’aisance publics après la campagne de démolition des maisons ne remplissant pas les critères, se trouvant au bord des routes. Encore en 2022, la mairie avait promis la construction des latrines à la place de l’indépendance.

Nous avons essayé de contacter le maire de la ville pour avoir sa réaction sur l’état d’avancement de ces projets, mais en vain.

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Refondation du Frodebu. Du pain sur la planche

« Dans le cadre de la réconciliation du Frodebu avec lui-même, les présidents des partis Sahwanya-Frodebu d’une part et, Sahwanya-Frodebu Nyakuri iragi rya Ndadaye d’autre part, se conviennent désormais sur un Frodebu uni. Les deux leaders se conviennent également pour (…)

Online Users

Total 1 954 users online