Vendredi 20 décembre 2024

Société

Les latrines au centre-ville de Bujumbura, loin d’être des lieux d’aisance

Les latrines au centre-ville de Bujumbura, loin d’être des lieux d’aisance
Un lieu d’aisance payant en plein centre-ville

Le 19 novembre de chaque année est dédié à la journée mondiale des latrines. C’est au moment où dans la capitale économique de Bujumbura, ces lieux d’aisance sont insuffisants voire inexistant dans certains espaces publics.

« Faire prendre conscience de l’importance des toilettes et de la situation des personnes qui vivent sans accès à un assainissement géré en toute sécurité », est une des raisons d’être de cette journée.

Il est 15h à l’ancien marché central de Bujumbura. Un lieu de passage obligé pour les citadins venant de leurs quartiers ou qui rentrent après leur travail. C’est autour de ce périmètre que se trouvent les parkings des bus desservant toutes les zones de la capitale économique.

Sur les deux lieux d’aisances, l’un en face de la galerie Plaza, l’autre près des taxis desservant le nord de la ville, les gens viennent les uns après les autres, il n’est pas rare que les gens fassent la queue.

Une pancarte indiquant les frais à payer pour se soulager est accrochée au mur de l’entrée conduisant vers les toilettes : « Des toilettes par ici. Payez 500 FBu à la fenêtre », lit-on en langue nationale. Des gens arrivent  pressés, mais il faut respecter l’ordre d’arrivée.

Au centre-ville, dans ce carrefour ,  il n’y a que ces deux lieux d’aisance dans cet espace public.

Lorsque le besoin de se soulager appelle, les vendeurs aux alentours du centre-ville ou d’autres personnes faisant les courses, les difficultés commencent pour celui ou celle qui ne maîtrise pas l’emplacement des autres lieux d’aisance, souvent privés ou aux clients.Il faut toujours négocier pour avoir la clé de ces endroits.

Le prix d’accès aux toilettes des espaces publics qui était à 200 FBu, il y a quelques mois, a été revu à la hausse, il faut se munir de 500 FBu, se lamentent quelques usagers approchés.
« Le prix à 500FBu est inabordable. Je passe toute la journée ici. A chaque passage je dois payer 500 Fbu. Je peux y passer 3 fois par jour, donc 1500fbu. Imaginez 1500 FBu pour accéder aux toilettes. Avec cette flambée de prix de tous les produits de première nécessité, cela fait mal au panier de la ménagère », se plaint Adidja, vendeuse de légumes au centre-ville de Bujumbura.

Tout le monde ne parvient pas à avoir ces frais d’accès aux toilettes. Eric, un jeune homme qui tient une balance sur la rue pavée devant la galerie Plaza confie qu’il n’a pas toujours cet argent.

« Ce n’est pas tous les jours que j’arrive à avoir ces frais d’accès aux toilettes. Quand je n’arrive pas à trouver le montant exigé, je me soulage dans des toilettes des restaurants ou bars même si des fois, les agents de sécurité me refusent l’accès  », déplore-t-il, un brin déçu.

Le caissier chargé de la collecte des frais d’accès aux toilettes, rencontré, n’a pas voulu en dire plus. Il affirme ignorer les raisons de cette hausse des frais, une mesure prise par son patron.

La plupart des citadins qui se rendent en ville préfèrent se retenir et attendre le retour à leur domicile pour se soulager plutôt que de payer ces frais.

« Les 500 FBu, c’est presque un ticket de bus, c’est une dépense énorme, pour des gens qui y vont plusieurs fois », affirme un passant interrogé.

D’autres personnes approchées ont confié qu’ils n’ont d’autres choix que de payer la somme exigée : « C’est un besoin naturel et on ne peut pas se retenir tous les jours. Parmi nous, il y a des personnes vivant avec des maladies comme le diabète, ils doivent se soulager en cas de besoin ».

Les autres et ils sont nombreux, se soulagent au bord des rues pour le petit besoin ou quelquefois, c’est la « grande commission ». En dépit des sensibilisations faites, ces mauvaises habitudes persistent.

L’hygiène et l’assainissement dans ces lieux d’aisance laisse à désirer. Des eaux coulent sans arrêt, les fuites ne sont pas réparées.

Une jeune fille qui tient un stand dans la galerie Lilia évoque le problème d’eau. « En cas de coupure d’eau, les toilettes sont fermées. On risque d’avoir des complications à la longue, à force de nous retenir plus longtemps ».

Rappelons qu’en 2021, la mairie de Bujumbura avait annoncé le projet de construction des lieux d’aisance publics après la campagne de démolition des maisons ne remplissant pas les critères, se trouvant au bord des routes. Encore en 2022, la mairie avait promis la construction des latrines à la place de l’indépendance.

Nous avons essayé de contacter le maire de la ville pour avoir sa réaction sur l’état d’avancement de ces projets, mais en vain.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Jean-Claude NDORERE

    Je ne parviens pas à comprendre pourquoi on fait payer pour tel besoin. Pas seulement au Burundi, un gouvernement responsable doit rendre gratuit, ne fût-ce ce lieu d’aisance. Ce n’est pas trop demander pour le peuple qui paie les impôts. Toute agglomération de plus de 500personnes doit avoir un lieu d’aisance gratuit, partout dans le monde. Ça devrait être une exigence de l’ONU. C’est possible, ce n’est pas cher d’installer une latrine. Et ça contribue pleinement à l’amélioration de la santé en générale et de l’,hygiène en particulier. Si je suis élu maire, gouverneur, administrateur…c’est la première tâche à laquelle je serais exigent. Se soulager ne devrait pas une luxe. Ça c’est un droit fondemental que tout le monde devrait exiger. Sans exception aucune!

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