Gasenyi I, mardi 11 avril, l’heure de l’ultime deadline pour dégager la dernière partie du périmètre où est érigé le Palais présidentiel, vient de sonner.
Le gouverneur de Bujumbura suivi de quelques administratifs à la base, d’une cinquantaine de policiers, de quelques agents du service de l’urbanisme convergent, tels des conquérants, vers une zone où se dressent quelques 23 maisons à démolir.
Dans leur sillage, un bulldozer avec sa pelle mécanique aux dents acérées avance tel un requin, la gueule béante, prête à tout happer.
Ces maisons condamnées ont été construites après 2009. Il n’y aura donc pas d’indemnisation. Avant que la pelleteuse mécanique n’entre en action, le gouverneur et sa suite expliquent qu’il faut respecter la loi et « déguerpir». Cela s’appelle «expropriation pour cause d’utilité publique».
«Qu’est-ce que je peux faire face à ce bulldozer, il ne me reste qu’à implorer ’’Sebarundi’’, le Père de la Nation pour qu’il ait pitié de nous», a supplié une dame après avoir assisté impuissante à la démolition de sa maison. Au milieu de son salon, le portrait de ’’Sebarundi’’ trônait.
Des larmes continuaient à couler de ses yeux rougis par les pleurs. Des sanglots ponctuaient chaque mot. Je m’imagine sa douleur quand elle voyait ce « bulldozer de malheur » s’avancer pour anéantir le « grand projet » de toute sa vie avec sa famille. Je m’imagine les sacrifices consentis, les privations endurées, les crédits contractés, des dettes non remboursées… Son rêve devient un cauchemar.
C’est dans un désespoir total que cette dame se demande où ses enfants vont passer la nuit. Pathétique. C’est sûr, elle entendra des années durant le ronronnement lugubre de cet engin envoyé pour anéantir non pas sa demeure mais toute sa fierté. Cette maison, ce toit, cette propriété, c’était son seul bien.
Mais est-ce que la loi a été respectée dans toute sa rigueur avant cette expropriation sans indemnités? Y’a-t-il eu une expertise minutieuse et un inventaire exhaustif de tous les biens avant la démolition ?
S’il est vrai que ces maisons ont été construites après des avertissements que cette zone était « réservée pour le Palais présidentiel », où étaient toutes ces autorités quand ces maisons poussaient au grand jour ?
Qui a fourni les autorisations de bâtir ? Où était cette administration qui supervise aujourd’hui, ces destructions ?
Autant de questions que se pose une assistance médusée, alors que les dents mécaniques du bulldozer broient des murs et que des rêves tombent en poussière…
Qui connait quelqu’un parmis les 23 menages qui serait en regle avec les documents (titre de propriete, permis de construire,…)?
On se souvient bien que les habitants premiers ont ete indemnises et ont eu des parcelles et des champs a Maramvya pour ceder la terre de Gasenyi.
D’ou sont venus les nouveaux occupants?
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Merci Roger Crettol pour tout ce que vous représenter pour nous,du reste on a les dirigeants qu’on mérite,nous avons toujours manifestés avec les mêmes autorités qui sont occupées à détruire nos maisons contre le Rwanda et la Belgique et voilà ils se retournent contre nous
Demain ils nous diront que c’est la faute au Rwanda
Voilà sans doute un drame des plus effrayants, des plus nauséabonds et des plus horribles qui soient. Il s’agit d’un gouvernement-cronos qui spolie dans une honteuse précipitation ses citoyens pour soit disant l’intérêt ‘public’ …
Le site n’est plus habitable car c’est un cimetière moral.
On ne peut qu’appeler les classiques à l’aide …
Le loup et l’agneau
La raison du plus fort est toujours la meilleure:
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
«Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?
Dit cet animal plein de rage:
Tu seras châtié de ta témérité.
La fable est connue – elle est de Jean de La Fontaine et n’a rien perdu de son actualité.
Cette tragédie de Gasenyi I rappelle le célèbre poème du Pasteur Allemand : Martin Niemöller que l’on peut appliquer sur la situation du Burundi.
Lorsqu’on a exterminé les militants FNL je n’ai rien fait, je n’étais pas un militant FNL,
Lorsqu’on a torturé Kadege et Déo Niyonzima, je n’ai rien fait je n’étais pas Kadege ni Niyonzima.
Lorsqu’on a supplicié Ernest Manirumva, je n’ai rien fait je n’étais pas militant de la bonne gouvernance.
Lorsqu’on a égorgé et jeté dans les latrines Léandre Bukuru je n’ai rien fait je n’étais pas militant du MSD
Lorsqu’on a jeté dans geôles nauséabondes des centaines de militants FNL et MSD, y compris des mamans, je n’ai rien fait , je ne suis pas activiste
Lorsqu’on a massacré, mutilé, estropié, paralysé, embastillé les jeunes qui exprimaient pacifiquement leur opinion, je n’ai rien fait je n’étais pas jeune.
Lorsqu’on a détruit les villas de Gasenyi I, je n’ai rien fait, je n’étais pas de Gasenyi I.
Lorsqu’ils sont venus m’arrêter, m’assassiner et détruire ma maison, il n’y avais plus personne pour protester.
@Jean Habonimana
Ça, ça ne veut rien dire d’autre qu’une propagande moralisatrice. Vous, nous, l’auteur, sommes déjà en train d’en parler.
@ Gacece
Qui vous dit que ces gens ont construit ces maisons sans autorisations , sans permis de batir , sans possession de parcelles ? ces gens n’ont tout de meme pas « subtilisé » les parcelles ? Si non ou était l’administration ? Allez construire sur la plage du lac tanganyika , vous ne ferez même pas un début de fondation. Le role de l’etat c’est de prévenir les problèmes et non pas seulement de les résoudre lorsqu’ils sont là. Et vous donc Gacece qui semble accepter l’idée qu’un simple burundais puisse perdre le travail de toute une vie , je vous laisse ce droit de hair jusqu’à ce point le genre humain dans son individualité. Mais je souhaiterais vous rappeler une chose , la force sans le droit est un crime et le droit sans la force est une illusion , mais le droit juste et équitable est la force d’un peuple et ses dirigeants . Je vous souhaite vivement vivre le régime de la force sans le droit. Moi j’ai fait mon expérience , elle n’est pas du tout agréable.
@Karanga
Si ces gens ont construit avec les autorisations requises en main, et si vous relisez bien mon commentaire, c’est que l’administratif (à la base ou au sommet) n’a pas respecté la loi et/ou a été corrompu. Dans les deux cas, les deux sont dans l’illégalité et pourraient être poursuivis par l’État. Mais rien n’empêche à celui qui a agi de bonne foi à fairevaoir ses droit en justice.
J’ai plutôt cette impression bizarre que j’ai appuiyé sur « là où ça fait le plus mal » : la vrai motivation de certains d’entre eux! Et je crois que c’est ce qui vous a piqué au vif.
D’accord! Mais, vous n’avez présenté qu’un seul côté de la médaille. Vous avez oublié de parler de l’autre côté : celui des opportunistes, pour ne pas dire des escroqs.
Parmi tout ce beau monde qui viennent de perdre leurs habitations, il y en a sûrement ceux qui croyaient avoir flairé la bonne affaire : l’indemnisation.
Nous avons souvent entendu des histoires de gens qui se permettent de cultiver des champs et terrains appartenant aux autres, quitte à recourir à la société civile pour les défendre. Et si par malheur le vrai propriétaire se pointe le bout du nez pour demander la restitution de sa propriété ou ose détruire les plantations, il se retrouver à les indemniser.
Cette histoire de Gasenyi ne me semble pas différente des autres. Il y’en a peut-être parmi eux ceux qui ont ignoré les avertissements parce qu’ils croyaient que le projet de la Présidence ne se concrétiserait jamais et d’autres qui ont fait exprès de construire, croyant qu’ils allaient récolter des magots en indemnisation d’expropriation.
Toutes ces personnes ont pris des risques qui sont en train de se retourner contre eux. À eux de l’assumer.
Les époques et les moeurs sont souvent appelés à changer. Et la responsabilité première de l’État n’est pas celui d’empêcher à quelqu’un d’ignorer la loi, mais de sévir en cas de violation de celle-ci.
Mais s’il y a des autorités à la base ou au sommet qui ont illégalement octroyé des permis de construire dans ces endroits, ces personnes ont le droit de poursuivre l’État.
Sinon, nous savons tous que ce n’est pas tous qui s’assurent d’avoir leurs papiers légaux avant de construire. On parle du Burundi, et non de l’Occident.
« On parle du Burundi, et non de l’Occident » :
Cher GACECE, est-ce que naître au Burundi veut dire , être condamné à l’esclavage? est-ce que naitre au Burundi veut dire que nous n’avons aucun droit? Est-ce que naître au Burundi, veut dire que toutes les mauvaises actions du Gouvernement doivent être supportées quelque qu’en soit le prix?
Mon cher GACECE, dire des âneries pareilles dans ton commentaire me laisse la nausée. Comme tu as bien choisi ton nom, tu devrais plutôt guceceka, que dire n’importe quoi.
Hasta la victoria Siempre.
@Siempre Haguruka
Monsieur Gacece a dit la vérité rien que la vérité, il faut que les gens apprennent que la loi doit être appliqué s’ils ont construits leurs maisons en sachant que cette espace était interdit à qui la faute?
Construire une maison n’est pas quelque chose à prendre à la légère, c’est un sacrifice de toute une vie alors on doit prendre toutes ses précautions avant de faire cet investissement.
@SIEMPRE HAGURUKA
NE ME FAITES PAS DIRE DES « ÂNERIES » QUE JE N’AI JAMAIS DITES! »
Si vous n’avez pas compris ce que j’ai voulu dire par la petite phrase que vous avez citée, vous auriez pu me le demander. Mais je vais préciser pour vous.
J’ai voulu dire que « au Burundi il y a des gens qui décident de construire sans avoir demandé aux préalable les autorisations requises. » C’est ce qu’on appelle les « constuctions anarchiques ».
C’est aussi simple!
En occident, cela n’arriverait jamais. Capisce?
@Gacece
« En occident, cela n’arriverait jamais. Capisce? »
Ce n’est pas si sûr! Consulter l’histoire récente de la Corse par exemple.
Jamais n’est pas occidental (je rigole)!
@Bakari
J’ai fait mon petit devoir de recherche pour me renseigner sur la crise foncière en Corse. Il s’avère que le problème se trouve généralement dans dans la façon et les méthodes de gestion des propriétés terriennes. C’est-à-dire que les gens qui veulent s’acheter de propriétés ne le peuvent parce que ceux qui les possèdent (les agriculteurs) ne veulent pas s’en départir, même quand ils en ont en excès (inexploités sur une longue période). Il y a aussi des terrains demeurés sans héritiers après le décès de leurs propriétaires.
Le problème en Corse n’est pas le même qu’au Burundi : un problème d’accès à la propriété n’est pas le même que celui du respect de la loi.
Mais je continue de croire qu’il y a toujours moyen de mieux faire, en respectant les lois et les droits de tout le monde.
@Gacece
« Mais je continue de croire qu’il y a toujours moyen de mieux faire, en respectant les lois et les droits de tout le monde. »
Dommage que cela reste un voeux pieux dans beaucoup de pays, particulièrement dans la région des Grands-Lacs!
Concernant la Corse, je faisais allusion à « l’affaire des paillotes », dans le domaine des constructions anarchiques.