Le fonds de promotion des médias a fait l’objet d’un débat animé lors de l’émission hebdomadaire « Club de la presse », qui donne la parole aux journalistes pour décortiquer l’actualité nationale et internationale de la semaine. Le débat a fait resurgir des impatiences et des désillusions chez les professionnels des médias qui ont pris part à l’émission.
Le regret de Jérôme Niyonzima, un journaliste à la radio indépendante Isanganiro est qu’aujourd’hui encore le fonds n’est pas là, alors qu’il se fait attendre depuis des années. Aussi, faut-il une concertation entre le conseil national de la communication (CNC), la Maison de la presse du Burundi et le ministère de la communication pour accélérer la mise en place effective du fonds. Et puis, c’est aussi important de rappeler que le fonds a été l’une des grandes recommandations des Etats généraux de la presse à Gitega. L’impression que nous avons est que finalement les recommandations n’ont pas été prises en considération. La seule note d’espoir est que le fonds fait partie de la loi budgétaire 2012.
Pour Eric Manirakiza, directeur de la radio publique africaine (RPA), " les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Il faut plutôt poser la question de la volonté politique d’aider les médias indépendants. On disait, hier, que le fonds s’élevait à 100 millions de francs burundais, puis quelques mois après, on révise le montant de moitié. Cette somme est dérisoire, car la RPA, par exemple, dépense plus de 40 millions de Fbu par mois. "
Daniel Ndikumana, journaliste à l’agence burundaise de presse(ABP), a rappelé que dans la loi sur la presse en vigueur, on parle d’un fonds de promotion des organes de presse. Mais depuis 2003, on n’a pas encore mis en place ce fonds. Il y a donc lieu de douter de la volonté politique de mettre en place ce fonds. Or, il faut considérer les changements technologiques pour promouvoir réellement les médias qui ont un rôle social important à jouer. Les journalistes peuvent se considérer comme des représentants de la population, des gardiens de l’intérêt public. Nous devons militer pour que des libertés plus grandes et des moyens conséquents soient accordés aux médias. Le fonds est nécessaire parce que nous faisons un travail d’intérêt public ».
Jean Claude Kavumbagu, directeur de l’agence de presse en ligne, Net press, ne croit pas non plus à la mise en place de ce fonds, qui a été évoqué pour la première fois en 1992. « Vingt ans plus tard, on a toujours rien. Non seulement le fonds se fait attendre depuis tout ce temps, mais pis encore, il risque de ne pas exister. On tend vers son annulation à l’allure où vont les choses », soutient-il. Son autre appréhension est que cela risque de créer encore une fois une mauvaise cohabitation entre le pouvoir et les journalistes du fait des promesses qu’on n’arrive pas à honorer ».