Les professionnels des médias burundais ne donnent pas cher la candidature de Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle sénégalaise.
Les élections présidentielles au Sénégal ont dominé le débat en actualité internationale " chaude " lors du club de la presse numéro 51. Le président sortant, Abdoulaye Wade, n’a finalement pas gagné le pari de se succéder à lui-même pour un troisième mandat dès le premier tour.
Un second tour s’est imposé à lui et face à son ancien premier ministre, Macky Sarre, qui n’a été distancé que de moins de 10 voix par son ex-mentor.
De l’avis de Aloys Batungwanayo, chargé des programmes à l’ONG la Benevolencia, " c’est une double gifle pour Wade qui espérait gagner dès le premier tour. Son ancien premier ministre l’a mis sérieusement en ballotage. Wade n’a plus la popularité des années précédentes ".
Pour Célestin Hicuburundi, chargé de la communication au forum pour le renforcement des capacités de la société civile (FORSC), " Wade est allé aux élections en bravant les protestations de la société civile et l’opposition. Il a, en plus, violé la Constitution avant d’obtenir, malgré tout, le score qu’on connaît aujourd’hui. Il y a deux considérations à faire pour la suite des évènements : les abstentionnistes des deux camps avaient peur des répressions, violences. Le peuple sénégalais n’aime pas la violence. Il y a d’autres gens qui étaient du coté de Wade. Ceux là se sont dit, même si je n’y vais pas, mon candidat va gagner. Il y a 8% d’inscrits qui ne sont pas allés retirer leurs cartes d’électeur. Parmi les opposants, nombreux ont été pour le premier ministre de Wade avant de lui tourner le dos. Tous ces aspects réunis peuvent faire en sorte que Macky Sarre gagne au second tour de la présidentielle sénégalaise. "
Simon Kururu, consultant en communication et enseignant en journalisme, quant à lui, s’est dit " déçu " par un homme de 85 ans " qui ne veut pas lâcher le pouvoir. Maintenant, il va se retrouver avec un jeune loup de 50 ans qui a été son ministre de l’intérieur et premier ministre. On n’est pas en face d’un apprenti ? Ce n’est pas en plan B dont s’est ménagé le président sortant. Wade a en face de lui un homme qui connaît ses faiblesses. Il était temps qu’il se repose. J’espère que le peuple sénégalais va donner une leçon de sagesse à Wade et aux autres présidents qui veulent mourir au pouvoir. J’ai de l’admiration pour l’ancien président béninois, Mathieu Kérékou. Il a été chassé par la conférence nationale. Il est revenu puis réélu une fois. Il est reparti sans être insulté par le peuple.
Il ne faut pas braver l’opinion, tordre le cou à la Constitution pour des intérêts personnels. Si Wade l’emporte, ce sera un malheur pour l’Afrique. Il ne faut pas que Wade continue à 85 ans. Il faut qu’il aille se reposer. Wade, avec son expérience et les années de galère dans l’opposition, il ne faut pas qu’il donne le mauvais exemple. "