Ils sont plus de 250 ménages à loger à l’Ecofo Bumwe, suite aux pluies diluviennes de la nuit du 17 mars. Ils ont été sommés de vider les lieux.
Des femmes pour la plupart, les yeux hagards, sont vêtues d’habits en pièces. Le désespoir se lit sur leurs visages. Des enfants en très bas âge errent de part et d’autre dans la cour de l’Ecofo Bumwe, dans la zone Buterere. Ils trébuchent sur des casseroles éparpillés ici et là.
« Depuis le 18 mars dernier, les femmes et les enfants occupent les sept salles de classe de l’établissement et les hommes en occupent la huitième », fait savoir Adrien Nzohabonayo qui s’est porté volontaire comme responsable de ces ménages.
Il regrette que ces familles vivent dans des conditions déplorables : «Ils n’ont eu que 10kg de riz comme assistance. Cette dernière est déjà épuisée», dénonçant par la même occasion le manque de couvertures et d’habits.
«Ma maison et tout ce que j’avais ont été emportés», geint M.N., mère de trois enfants. Elle affirme ne plus avoir de quoi nourrir ses enfants. «De plus, les moustiques nous piquent toute la nuit.»
Alors qu’ils occupent les salles de classe de cette Ecofo, la cohabitation avec les écoliers est un autre casse-tête. La nuit, fait savoir M. Nzohabonayo, ces familles font sortir des classes les bancs des écoliers pour s’assoupir. « A 5h du matin, elles réaménagent les salles. »
« Ils doivent regagner leurs ménages »
Cette situation déplait aux autorités locales. Pour les contraindre à partir, Ernest Nduwimana, chef de zone de Buterere, et le directeur de l’école ont fermé l’eau du seul robinet de cette école. «Ce sont des gens mal intentionnés qui veulent profiter de la situation. Ceux qui ont vu leurs maisons détruites sont retournés chez eux dans des tentes construites par la Croix-Rouge.» Et de renchérir que l’eau ne peut pas être gratuite pour autant de personnes.
Ces ménages rétorquent que les tentes ont été attribuées aux propriétaires des parcelles et non aux locataires.
«Le Premier vice-président, quand il est venu leur apporter de l’assistance, a tenu le même discours. Il leur a dit de regagner leurs ménages», avance aussi le chef de zone.
Le ministère des Affaires sociales abonde dans le même sens : « Nous leur avons donné trois tonnes de riz, ils doivent retourner chez eux en attendant la reconstruction de leurs maisons » fait savoir Salvator Ntakiyiruta, directeur du département de l’action humanitaire. Et de faire remarquer que ces familles ne sont pas les seules à avoir besoin d’assistance : «Nous assistons déjà plusieurs communes victimes de disette.»