La ligue des jeunes du parti Cndd-Fdd a porté son choix sur Denis Karera pour diriger les Imbonerakure. Son cheval de bataille : renforcer et renouer les relations entre les jeunes du Cndd-Fdd, ceux des autres formations et des apolitiques.
Samedi, 21 avril 2012 à l’École Paramédicale de Gitega. Ezéchiel Nibigira, président sortant cède son fauteuil à Denis Karera qui va briguer le mandat de cinq ans. Entre autres réalisations, M. Nibigira a souligné la réunification des jeunes de la ligue alors divisés dans les années 2007 (suite à l’emprisonnement de l’ancien homme fort du Cndd-Fdd, Hussein Radjabu, ndlr). Selon lui, n’eût-été le comportement responsable des Imbonerakure, les élections de 2010 n’auraient pas été ce qu’elles ont été. Il a exhorté à son successeur de rester dans la droite ligne du respect des aînés et des statuts du parti au pouvoir. Bref, Ezéchiel Nibigira a exprimé sa joie pour avoir mené à bon port la ligue des jeunes du Cndd-Fdd. Et de déclarer qu’il ne va pas poser sa candidature.
Qui est le nouveau patron des Imbonerakure ?
Denis Karera est né le 11 décembre 1979 dans la commune Mutaho, province Gitega. Il est le deuxième enfant de David Matega et d’Hélène Bangirinama, tous cultivateurs. Il perd sa maman encore jeune, à l’âge de quatre ans. Son père se remarie. Denis Karera fait l’école primaire à Nyangungu (Mutaho), le secondaire au Lycée Gitega, ex ENG. Les études supérieures, il les fera concomitamment à l’université du Burundi dans la faculté de Biochimie et à l’université Lumière de Bujumbura, faculté de gestion et administration où il décroche son diplôme de licence. Il a dirigé le Conseil National de la Jeunesse (CNJ). Il est nommé à la tête de la ligue des jeunes alors qu’il était conseiller à l’Assemblée nationale. Il venait aussi d’être élu parmi les membres dans la structure nationale de coordination de la société civile. Interrogé si cette fonction et celle de président au CNJ ne sont pas incompatibles avec les nouvelles responsabilités, Denis Karera déclare qu’il va très vite démissionner. Sa seule occupation aujourd’hui, c’est la politique.
Le pari de Karera
Pendant le huis clos de Gitega d’il y a une semaine, Denis Karera est élu pour présider la ligue et Paul Ndimubandi pour assurer le secrétariat général. Rassurant, M. Karera promet d’exploiter les bonnes pratiques « qui ont toujours guidé le parti Cndd-Fdd » par le rapprochement des jeunes des partis politiques autres que le parti présidentiel : « La contribution de tout en chacun est la bienvenue.» Cependant, au moment où une opinion avance que des Imbonerakure sont caractérisés par la terreur et la violence, le nouveau patron de la ligue des jeunes nie ces accusations. Il indique que ce sont des gens mal intentionnés qui propagent ces rumeurs. Denis Karera avoue qu’il n’y a plus responsables que les jeunes du Cndd-Fdd au moment où certains les qualifient de milice du parti aux affaires. Néanmoins, M. Karera dit que toute personne qui tenterait de perturber la sécurité, sera poursuivi par la justice, peu importe son appartenance politique. « Avoir une jeunesse solidaire, unie et soucieux de l’avenir meilleur du pays. » Tel est le pari de Denis Karera pour les cinq ans à venir.
Du pain sur la planche
Denis Karera occupe ces nouvelles fonctions à un moment crucial de la vie du pays où on voit parfois des tensions entre des Imbonerakure et le reste de la jeunesse. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si M. Karera sera à la hauteur de nouvelles responsabilités. Qu’apporte-t-il de nouveau ? Sera-t-il capable de redresser certains Imbonerakure qui se seraient transformés, d’après une opinion, en milice du parti au pouvoir ? Certes, Denis Karera a les rennes du pouvoir compte tenu de son évolution politique. Soutenu par les grands ténors du pouvoir, originaires de sa province natale, il peut aller loin. Toutefois, cela ne suffit pas pour gérer des jeunes qui, la plupart ont été au maquis. De nature calme et posé, il lui faudra du temps pour les raisonner même s’il ne semble pas reconnaître qu’ils commettent des forfaits dans certains coins du pays. Le temps nous en dira plus…