Depuis peu, certains hôpitaux privés de Bujumbura sont la destination privilégiée des voisins congolais. Une aubaine pour ces structures sanitaires et les hôtels des environs qui les hébergent.
D’Uvira en passant par Bukavu à Goma, ils sont des centaines par semaine à affluer sur le sol burundais. Eux, ce sont les Congolais à la quête de soins médicaux. Souffrant la plupart des fois de pathologies dont le traitement nécessite des examens médicaux approfondis, faute de médecins spécialistes, de laboratoires adaptés chez eux, ils préfèrent toquer à la porte d’à côté.
D’après M.B, une personne travaillant au poste-frontière de Gatumba, une destination qui tend à devenir la piste privilégiée des patients congolais. « Il suffit de voir le motif de leur voyage. La plupart évoquent des raisons médicales ».Suite à leur nombre qui va croissant, confie-t-il, des personnes tierces organisent leur voyage vers Bujumbura.
Et pour ceux qui ont déjà fait le voyage, peu le regrettent. « Une vraie fontaine de jouvence ».
A raison d’une cinquantaine par jour, selon un médecin de l’hôpital Kira, beaucoup viennent pour l’imagerie médicale (scanner), les services de la cardiologie, celle de néphrologie, chirurgie, etc.
Originaire de Goma, « mama Françoise », la soixantaine, est une de ceux-là. Souffrante du nerf sciatique, grâce au scanner, le neurologue a pu déceler son mal. Peu à peu, fait-elle savoir, je retrouve la sensibilité au niveau des membres supérieurs et je peux me lever toute seule. Une « possibilité », qu’elle était loin d’imaginer, il y a un mois. Elle raconte avoir fait le tour des hôpitaux de Goma. « Faute de scanner, les médecins ont refusé de me prescrire des médicaments ».
Au regard des tarifs pour la consultation en RDC, nuance-t-elle, les prix sont quelque peu abordables à Bujumbura. « Avec 50 dollars américains, on m’a fait un scanner de la tête au cou. Chez moi, cet examen m’aurait coûté 200 voire 250 dollars américains ». Un avis partagé par Gad Mupendwa, organisateur de ces voyages. Il parle de « plus- value ». « Hormis l’hospitalisation, les soins ambulatoires sont abordables ». Allusion faite aux 12.000 BIF d’honoraires pour la consultation.
Des facilités tous azimuts
M. Mupendwa, explique que le manque de médecins spécialistes, un suivi médical quelque peu laxiste, absence de spécialités (cas de médicaments), manque de laboratoires, etc, sont entre autres les raisons à l’origine de leur afflux en grand nombre.
Une « manne », à l’instar de l’hôpital Kira dont savent profiter à bon escient certains hôpitaux privés de Bujumbura. « Certes, je ne dirais pas qu’ils sont les plus favorisés, mais suite à la longueur de leur trajet, ils sont privilégiés quand vient le moment de prendre rendez-vous », indique un infirmier.
Pour faciliter davantage leur séjour à l’hôpital, depuis 2017, certains hôpitaux leur permettent d’utiliser les devises. Et comme parfois certains viennent pour une batterie d’examens, ils sont obligés d’attendre. Un stand-by profitable aux hôtels des environs. De Remhotel en passant Kira Résidence Hotel à Royal Palace Hotel, tous rivalisent dans l’art de casser les prix. « Dorénavant, une chambre de 70 dollars américains peut se louer entre 25000 -20000BIF avec une ribambelle de faveurs », révèle un patron d’un hôtel.
Entre autres avantages, il cite les petits déjeuners inclus dans les frais de séjour, des menus spéciaux avec comme spécialité des nourritures aux origines congolaises (ugali, sombe, tilapia, etc.). « En tout cas, nous faisons tout pour rendre agréable leur séjour ». Après tout, poursuit-il, c’est leur hospitalisation qui continue (rires). Depuis le début de cet afflux de patients congolais les caisses ne sont plus dans le rouge. « C’est une aubaine, car, sur une semaine, vous trouvez presque toutes les chambres déjà réservées ».
Mieux, pour se faire un peu d’argent une source confie qu’il y a des ménages dans les environs des hôpitaux qui louent leurs maisons à ces « hôtes » de passage. «Un avantage incommensurable », explique Mupendwa. Hébergés près de l’hôpital, cela réduit les coûts des transports et le quartier est sûr.
Cependant, il fait savoir que depuis la mise en oeuvre de cette mesure de fermer les bureaux de changes, l’affluence n’est plus la même. « Peu de Congolais veulent changer leurs devises au taux officiel des banques ».