De petits transferts de l’étranger, des banquiers cupides, le secteur minier peu transparent : essentiel de ce qui alimente le marché parallèle.
Selon la Banque centrale, les bureaux de change devraient s’occuper de la collecte des devises que des particuliers déversent sur le marché. Il s’agirait notamment des dollars des visiteurs étrangers. L’on saura que des Congolais de l’Est s’approvisionnent souvent à Bujumbura. Dans ce pays, les habitants utilisent le dollar en plus de la monnaie locale.
Selon la BRB, il s’agirait de faibles quantités. 20% des devises utilisées dans les importations. Toute saute d’humeur de ce marché ne devrait pas en principe déstabiliser outre mesure l’économie nationale.
Mais on remarque actuellement que la flambée du cours du dollar sur le marché noir a porté un coup nocif à la structure des prix sur le marché. D’aucuns se demanderaient donc si le marché noir n’est pas alimenté au-delà des estimations officielles. D’où les bureaux de change tirent-ils les devises ?
Bien des cambistes disent qu’ils achètent des devises venus du Congo ou du Rwanda. Ils affirment que certains Burundais de la diaspora et des étrangers qui expédiaient de l’argent par Western Union ou Money Gram ne le font plus via les banques du Burundi. Et pour cause : les banques donnent au destinataire l’équivalent en BIF des devises expédiées. Là où le bât blesse est que l’échange se fait suivant le taux officiel. Or, ce taux est de loin inférieur au taux sur le marché noir. La différence peut être de 350 voire plus. Aujourd’hui par exemple, cette différence caracole autour de 1000Fbu.
Les expéditeurs étrangers ouvrent donc des comptes sur lesquels ils feront transiter les devises dans les banques de ces pays voisins. Le destinataire fait le voyage pour récupérer ces devises. Une fois de retour au pays, il vend ses devises à un prix qu’il fixe, tenant compte des frais de transport et ceux du séjour dans ces pays. Bien plus, sachant que les devises sont rares pour une demande qui ne cesse de croître, le destinataire hausse le prix.
De leur côté, les maisons de change n’hésitent pas à acheter cher sachant eux aussi que les devises ne manqueront pas de preneurs.
Banquiers cupides
Les banquiers alimenteraient aussi le marché parallèle. Des cambistes et des commerçants qui ont accepté de s’exprimer affirment que des travailleurs de la Banque centrale et ceux des banques commerciales avides du gain rapide et sans risque déverseraient des devises au marché parallèle.
Les commerçants se lamentent que des banquiers préfèrent différer le paiement du crédit documentaire ou la dotation en devise à un importateur nanti d’une licence.
Signalons que selon la banque centrale, le secteur minier ne serait pas non plus l’un des plus transparents. Les devises issues de l’exportation de l’or et des autres minerais contribueraient à alimenter le marché noir.
Audace Niyonzima, cadre à la BRB affirme qu’un suivi rigoureux de l’exploitation et de la commercialisation de produits miniers procureraient des recettes substantielles à la Banque centrale.