Depuis quelques mois, les enfants en situation de rue sont malmenés et victimes de rafles policières. Les défenseurs des droits des enfants protestent et parlent de violation de leurs droits.
37 enfants de la rue ont été arrêtés, ce mercredi 14 décembre, au centre ville de Bujumbura. Cette sorte de chasse aux « petits mendiants malicieux et effrontés » s’étend même à l’intérieur du pays. « Il y a environ deux mois, une soixantaine d’enfants avaient été appréhendés au chef lieu de la province Ngozi, puis emprisonnés », s’indignent des défenseurs des droits de l’Homme interrogés qui suivent de près ce dossier.
Ces rafles sont la suite d’une mesure du président de la République, prise au mois de septembre, qui donne aux différents administratifs un délai de six mois pour bannir la mendicité dans tout le pays. Selon le maire de la ville de Bujumbura, Freddy Mbonimpa, il faut à tout prix « rendre la ville propre et saine. »
« Oui au bannissement de la mendicité, mais non à la procédure utilisée », protestent plusieurs associations de défense des droits de l’Enfant. Elles déplorent une chasse à ces gamins ne respectant pas les droits de l’Enfant.
Selon Jacques Nshimirimana, président de la Fenadeb (Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfant au Burundi), il est inacceptable que ces enfants soient conduits dans des cachots après leur arrestation. « Emprisonner un enfant qui n’a commis aucun délit est une violation de ses droits.» Pour lui, le tort devrait plutôt être jeté aux membres de sa famille.
Six mois ? « Mission impossible ! »
Le président de la Fenadeb estime que le délai donné par le gouvernement pour éradiquer le phénomène de mendicité est beaucoup trop court pour une telle tâche.
D’après lui, la réinsertion des enfants dans leurs familles est tout un processus. Des séances de réunification communautaire et familiale sont indispensables avant toute démarche. « L’on ne réinsère pas un enfant dans deux jours au risque de le voir retourner dans la rue le lendemain. » Pour M. Nshimirimana, ces rafles sont donc une peine perdue.
Ce défenseur des enfants propose plutôt que tous les acteurs publics et privés (gouvernement et associations de défense des droits des enfants) se mettent ensemble pour réfléchir sur les stratégies possibles afin d’éradiquer le phénomène des enfants de la rue.
Même son de cloche du côté de « Giriyuja », une association qui intervient dans la lutte contre le phénomène des enfants en situation de rue. « Une réinsertion forcée d’un enfant de la rue est toujours vouée à l’échec. Preuve : ils y retournent le lendemain», indique le directeur technique de Giriyuja, Wenceslas Nyabenda.
Ce dernier affirme que les rafles en soi ne sont pas mauvaises. Selon lui, le problème est qu’il n’y a pas de mesures accompagnatrices. Si rafles il doit y avoir, estime-t-il, le gouvernement doit alors mettre en place un centre de transit pour l’accueil de ces enfants. « Pas la prison ! »
Le maire de la ville affirme que la détention des enfants arrêtés n’est pas un emprisonnement comme tel. « C’est à défaut d’un endroit où les mettre avant de les réinsérer. »
Il reconnait cependant que l’éradication de la mendicité est une question difficile à résoudre. « Mais nous ne pouvons pas fermer les yeux et croiser les bras. Les rafles vont continuer aussi longtemps que ce phénomène s’observera », conclut Freddy Mbonimpa.
Une réunion entre le maire de la ville et ces associations a eu lieu ce mercredi 14 décembre. Elle visait la préparation d’un atelier d’échanges sur la question, d’après le maire.
Ce maire de la ville de Bujumbura finira par la case prison, il le sait.
Quant à chasser les mendiants de la ville, il faudra commencer par restituer les biens publics spoliés par la bande aux affaires et comme cela les associations auront des fonds pour encadrer ces malchanceux.
Le reste n’est que discours. Ces enfants se retrouvent dans la rue par la malchance. Tout comme le pays a eu sa part en tombant dans les griffes très acérées qu’il a tout le mal à s’y soustraire aujourd’hui !!!!
Bon Dimanche
KIbwa
La prison est, selon le maire de la ville, un lieu d’hébergement par défaut. A méditer.
@Jereve
» La prison est, selon le maire de la ville, un lieu d’hébergement par défaut ». Et si on le coffrait pendant au moins une année! le stage serait-il concluant?