Depuis 2010, l’Etat se rabat sur la population pour renflouer ses caisses, en haussant vertigineusement les prix de certains produits. Malgré la passivité de la population face à cette situation, certaine personnes malintentionnées peuvent pourtant la retourner.
Le gouvernement rencontre des difficultés au niveau du recouvrement des ressources financières pour résoudre les problèmes sociaux de la population, qui sont budgétivores.
Cela le pousse à prendre des mesures qui sont souvent impopulaires, mais cela ne risque-t-il pas de provoquer la dé-légitimité de son pouvoir ? Si on considère les réactions de la population dans les médias, à propos de la hausse des prix de la Regideso par exemple, on constate effectivement un processus de dé-légitimation du pouvoir.
En effet, ces décisions prises unilatéralement viennent renforcer le gouffre de pauvreté dans lequel se trouve la majorité des burundais. Ces fluctuations des prix peuvent donner une légitimation à un discours de contestation qui sera récupéré par des politiciens.
Ils accuseront ainsi l’Etat de s’occuper de lui-même, en oubliant la population. L’Etat devrait donc faire un équilibre entre ses recettes et les moyens de la population. Il doit ainsi chercher d’autres sources de financement, notamment par l’application rigoureuse d’une gouvernance politique et démocratique qui serait alors un tremplin vers le retour des aides bilatérales ou multilatérales. Le gouvernement doit donc essayer de convaincre ses bailleurs sur la gestion qu’il est en train de mener au niveau politique et économique.
Une population laissée à elle-même ?
La réaction face à cette situation dépend de la culture politique de chaque peuple. Au Burundi, nous avons une culture d’obéissance qui fait que toutes les décisions prises par le gouvernement passent facilement. La population doit pourtant prendre conscience qu’elle ne doit pas toujours obéir aveuglément, qu’elle a le droit de revendiquer ses préoccupations, mais de manière pacifique, pour que le pouvoir en tienne compte.
« C’est là, en réalité, la logique démocratique qui transforme le peuple en un citoyen capable de défendre ses intérêts, à travers des institutions socio-politiques », comme le souligne le politologue Jean Salathiel Muntunutwiwe.
Malheureusement, certaines de ces institutions, comme l’Assemblée Nationale, font souvent le jeu du pouvoir en oubliant les soucis du peuple, comme s’ils en étaient détachés. Est-ce la conséquence des listes bloquées présentées par les partis et élues par une population qui ne connaissait parfois pas ses représentants ? Toujours est-il que, constate le professeur Muntunutwiwe, on assiste à une inféodation du pouvoir législatif à l’exécutif.