Les organisations féminines des provinces Cibitoke, Gitega, Muyinga et Rutana sont déterminées à s’impliquer dans la mise en place de la CVR et du Tribunal Spécial pour le Burundi. C’est ce qu’elles ont déclaré, ce 28 février, à la fin d’une rencontre qui a duré deux jours. <doc3158|left>Dahlia Muzirazuba est la preuve que les femmes ont été aussi victimes des différents conflits qu’à connu le Burundi. En 1972, elle a perdu son mari et ses deux enfants, assassinés sauvagement. Mon mari était commissaire d’arrondissement dans la commune Kabezi dans Bujumbura rural, raconte-t-elle. « Il a été tué en chemin, de retour de son travail. » Elle affirme que ce sont les mêmes assassins qui se sont dirigés vers son domicile pour achever toute la famille. Ils ont brisé les vitres des fenêtres pour rentrer à l’intérieur de la maison, se souvient-elle. « Ils ont transpercé un de mes enfants à l’aide d’une lance, il y avait un autre, celui-là, le pauvre, ils lui ont coupé les deux bras devant mes yeux. » Après avoir blessé très grièvement à la jambe et coupé un doigt à Mme Dahlia Muzirazuba, les assassins la croyaient morte. Sa maison et toutes ses terres lui ont été spoliées. Aujourd’hui, à 70 ans et handicapée, elle veut témoigner pour que les coupables soient punis et que la réparation soit faite. Les participants s’engagent à mobiliser toutes les communautés, surtout la femme pour aller témoigner sans peur ; à sensibiliser toutes les victimes des différents conflits d’agir en synergie pour que le processus des mécanismes de la Justice transitionnelle soit accéléré ; à faire un plaidoyer pour qu’une stratégie efficace de réparation soit élaborée en tenant compte des spécificités du conflit burundais. Les participants demandent aux responsables du Réseau Femme et Paix de créer un fond de réhabilitation et de cohésion pour les victimes et de renforcer, au plus vite, les capacités des organisations communautaires pour mieux s’impliquer dans la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation et du Tribunal Spécial pour le Burundi. Quant au gouvernement, ces organisations lui demandent de mettre en place, dans les délais, cette CVR et ce TSB; d’assurer la protection des victimes, des témoins et des présumés auteurs des crimes ; de donner réparation aux victimes en tenant compte de leurs préoccupations. Il est demandé aux partenaires techniques et financiers, de continuer à soutenir les actions de la CVR et du TSB. La session a été organisée dans le cadre du projet ‘’Pour une voix forte de la femme dans la consolidation de la paix et la réconciliation au Burundi’’, financé par le gouvernement norvégien.