La société Tanganyika Business Company a planté la canne à sucre dans la réserve naturelle de la Rukoko. Des faux palmiers ont été déterrés à cet effet. Les protecteurs de l’environnement montent au créneau.
<doc6532|right>La réserve naturelle de la Rukoko est menacée. Les plantations de canne à sucre de Tanganyika Business Company de Nahum Barankiriza occupent une bonne partie de la forêt. Cette société de production sucrière, import et export aurait dépassé les limites, d’après les experts en environnement. Des sillons ont été tracés dans la Rukoko. « Cela ne s’est pas fait sans empiéter sur la zone de protection intégrale », pense une quadragénaire, en train de chercher du bois de chauffage dans la Rukoko. De faux palmiers communément appelé « Urukoko » ont été déracinés par les machines de cette société. Leurs troncs sont par terre alors que leur feuillage procurait de l’ombre. Seules les plantations de la canne à sucre occupent la partie où ils ont été déterrés.
« C’est un crime contre la nature »
Albert Mbonerane, président de l’Action ceinture verte pour la protection de l’environnement (ACVE), parle d’un crime contre la nature. Le représentant légal de l’ACVE indique que cette réserve naturelle a été instituée en 1980 et qu’elle avait une superficie de dix mille hectares. En 2000, explique-t-il, elle a été réduite de moitié. Il signale que le 14 novembre 2011, le président de la République a signé un décret qui restaure l’ancienne superficie. Albert Mbonerane soulève alors une contradiction : « Pourquoi signer un décret qui protège une réserve et laisser en même temps les gens l’envahir ? » Pour lui, seul le chef de l’Etat peut arrêter cette déforestation.
« D’après les experts, cette espèce menacée se trouve seulement dans notre pays », souligne M.Mbonerane. Il rappelle que c’est une richesse que Dieu nous a donné : « Nous pouvons la vanter au niveau mondial. » Il demande à Nahum de mettre fin à cette culture dans ces espaces inaliénables : « Il faut un équilibre écologique et économique.» Pour lui, en cherchant un autre endroit approprié pour le sucre, on va préserver l’environnement et produire le sucre.
Nahum Barankiriza, représentant de Tanganyika Business Company, estime qu’il n’a pas dépassé les limites : « Nous avons exploité la partie que les autorités nous ont accordé. Nous avons les papiers.» Iwacu a contacté Jean Marie Nibirantije, ministre de l’Environnement. En vain.
D’après l’article 8 du décret N°100/007 du 25 janvier 2000 portant délimitation d’un parc national et de quatre réserves naturelles, la Réserve Naturelle de la Rusizi a une étendue de 5.932 hectares. Elle s’étend sur les provinces de Bujumbura et Bubanza, dans les communes Mutimbuzi et Gihanga. Elle comprend la zone intégrale du secteur palmeraie de Rukoko, le secteur Delta de la Rusizi, la réserve de Kimirabasore et le corridor de la Grande Rusizi.