Les habitants de Kiliba-Ondes et les agriculteurs de la Rukoko affirment que des combats ont opposé les FARDC et FDN aux éléments des FNL la semaine dernière. Le chargé des opérations au Sud et au Nord Kivu confirme ces propos. Néanmoins, le porte-parole de l’armée nie la présence des troupes burundaises au Congo.
<doc3685|right>Localité de Kiliba au groupement dit ‘Ondes’, à 17 kilomètres de Bujumbura mairie. La peur se lit sur des visages. A cet endroit, on ne parle que des combats qui ont opposé l’armée congolaise aidée par l’armée burundaise aux combattants FNL. P.K., rencontré sur les lieux raconte : « Nous avons entendu beaucoup de tirs mais nous ne savions pas de quoi il s’agissait. Tout le monde a fui. » Après trois heures de temps, poursuit-il, les tirs se sont arrêtés.
Selon ce père de trois enfants, les combats étaient concentrés à Narunanga, un marais situé près de la réserve naturelle de la Rukoko à la rivière de la Rusizi. D’après un autre habitant de Kiliba, des militaires burundais sont entrés en RDC une journée avant l’opération, informant les militaires congolais qu’ils ont retrouvé un cadavre dans la Rusizi. Les habitants de Kiliba affirment que la personne tuée habitait vers la route macadamisée qui mène à Kamanyola (RDC) et qu’elle vendait du poisson frais à Gatumba.
La goutte qui fait déborder le vase
La traque des FNL aurait commencé dès la découverte de ce cadavre. Les habitants de Ondes ignorent le bilan réel de ces combats mais affirment que sur le lieu des affrontements, il y avait un étang de sang. Signe qu’il y a eu des pertes en vies humaines ou des blessés. Interrogé, un officier congolais confirme, sous anonymat, ces combats. D’après lui, il s’agissait d’une opération conjointe entre l’armée congolaise et burundaise pour traquer les FNL : « Un dissident avait informé le commandement militaire des mouvements de ce groupe dans les marais de Narunanga près de la Rusizi. »
Cet officier indique que selon ce dissident, ces FNL collaborent avec des FDLR qui vivent sur les hauts plateaux où ils ont leur base. « Nous avons appris qu’ils collaborent aussi avec des maï-maï dirigés par un certain Nyerere, déserteur de la police congolaise qui a rejoint ce groupe et qui serait très populaire auprès de la population du Sud- Kivu », révèle cet officier.
Colonel Sylvain Ekenge, chargé des opérations au Sud et au Nord- Kivu, confirme aussi ces propos. Selon lui, cette opération était nécessaire et s’inscrit dans la protection du bon voisinage entre le Burundi et la RDC : « Nous ne pouvons pas tolérer que des gens perturbent la sécurité d’un pays voisin. »Il soutient que lors de ces combats, quatre membres des FNL ont été appréhendés et six fusils récupérés. Il ajoute que ces quatre combattants seront bientôt extradés au Burundi.
La Rukoko n’est pas à l’abri
Malgré les coups de feu entendus dans la réserve naturelle de la Rukoko depuis mardi 10 avril de cette année, la population vaque à ses activités. Pourtant, elle vit la peur dans le ventre. Une femme rencontrée près de la Rusizi, en train de cultiver, affirme que des bombes ont détonné vers 5 heures du matin : «C’était dans les localités de Nyakamanga et sur la grande montagne de Camate vers Kajembo à Kiliba. »
Cette quinquagénaire précise que les réfugiés burundais habitaient cette partie pendant la crise de 1993. K.E, un homme qui gardait les vaches ce mardi 17 avril à la Rukoko affirme que les militaires burundais ont franchi la frontière burundo-congolaise après avoir perdu deux de leurs éléments : « Ils sont passés par la 7ème et la 8ème avenues, ont continué dans une petite île appelée Kameme qui se trouve dans la rivière Rusizi pour entrer au Congo. » Un habitant de Cabiza, un village aménagé dans la Rukoko explique que les militaires basés dans cette localité n’étaient pas informés de cette attaque : « La plupart d’entre eux nous demandaient si nous étions au courant de la provenance des tirs. » Notre source révèle que ces militaires burundais, tous qui rentraient de la Somalie, ont passé deux jours sur le sol congolais à la traque des FNL : « Certains portaient des tenues imperméables ressemblant à celles du Congo. »
Des informations fiables indiquent que l’opération a été menée par les militaires du camp Muha venus de la Somalie : « Un autre bataillon de 140 militaires se trouvaient à la SRDI à Gihanga (province Bubanza). » La même source ajoute que ces militaires ont remplacé toutes les positions qui se trouvaient dans la Rukoko ce lundi 16 avril 2012 vers 18 heures.
« Aucun militaire burundais au Congo »
Le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de la force de défense nationale nie catégoriquement la présence de cette dernière en RDC: « Cette mesure doit être approuvée par le parlement. » Or, précise-t-il, cette question n’a jamais été évoquée. Gaspard Baratuza ne précise pas l’identité de ces hommes armés : « On ne saurait pas les qualifier parce qu’ils sont sur le sol congolais. » Quant aux mutations des militaires à Rukoko, le porte-parole de la FDN parle d’une manœuvre militaire : « Nous pouvons les retirer, augmenter ou diminuer les effectifs parce que nous nous organisons comme nous voulons. »